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Pénurie d'ambulances agréées dans le Borinage: Marie-Jeanne reçoit une facture de 1700€ "impossibles à payer"

Une habitante de Colfontaine, dans le Hainaut, doit près de 1700€ à une société d'assurance qui lui a fait parcourir la courte distance entre un hôpital de Hornu et un autre à Mons. La raison? L'ambulance venait de Bruxelles car il y a une pénurie dans la région du Borinage.

Les faits datent de fin avril. Marie-Jeanne Dehon, une habitante de Colfontaine de 74 ans, est hospitalisée à l’hôpital Epicura de Hornu pour des maux de ventre qui se sont avérés être une perforation de l’estomac, nous apprend La Province ce matin. Elle a été opérée par deux fois à Hornu mais face à une hémorragie incontrôlable avec les moyens à disposition de l’hôpital, il a fallu la transférer en ambulance à le CHU Ambroise Paré de Mons, mieux équipé, et distant de 14 kilomètres seulement.

"Comment va-t-elle faire avec 1200€ de pension ?"

Elle y est opérée avec succès, même si une nouvelle opération pourrait bientôt avoir encore lieu. Aujourd’hui de retour chez elle, Marie-Jeanne vient de recevoir la facture de la société d’ambulance : 1694,47€ !

"Ça a été la douche froide", explique sa fille, Béatrice Cuvelier, au micro de Céline Praile et Samuel Lerate. "Je me demande comment elle va faire avec sa petite pension. C’est impossible à payer", estime-t-elle. En effet, Marie-Jeanne ne touche que 1200€ de pension alors qu'il faut ajouter aux 1700€ les frais d’hôpitaux, le 112 appelé pour se rendre à l’hôpital de Hornu et les médicaments.


"Les tarifs habituellement pratiqués"

Pourtant, cette somme n’est pas surévaluée, explique l’asbl Belgian Rescue Solutions, dont la société d’ambulance privée qui a pris Marie-Jeanne en charge fait partie. "Ce prix correspond aux tarifs habituellement pratiqués, par ailleurs bien connus et d’ailleurs acceptés voire agréés par les intervenants en soins de santé, mutuelles et assureurs, de même que les autorités publiques compétentes."


Un véhicule spécialement équipé...

Si la facture est si élevée, c’est parce que "la demande intervient un dimanche. Ce transport nécessite un véhicule spécialement équipé pour patients en état critique nécessitant à son bord un chauffeur, un ambulancier breveté, mais également un médecin et un infirmer". Elle précise que le montant de 1694,47€ doit couvrir "l’utilisation d’un véhicule spécifiquement et lourdement équipé, les 3 heures de prestations de 3 personnes professionnellement qualifiées, outre les différents frais de consommation oxygène, alèzes, etc." sans oublier "la charge des 187 kilomètres parcourus".


... qui a du venir de Bruxelles

Car ce qui fait exploser cette facture, c’est que l’ambulance a dû venir de Bruxelles ! "Je dois payer les kilomètres de Bruxelles à Hornu, Hornu à Mons et Mons à Bruxelles. On nous l'a dit mais on n'a pas eu le choix", explique Béatrice. C’est sa sœur qui a signé pour sa maman ce soir-là vu son état critique, alors qu’elle ne sait pas lire. Mais à sa place, vu l’urgence et l’état de Marie-Jeanne, Béatrice aurait de toute façon signé.

Une seule ambulance de garde dans la région

La vraie question qui se pose, c’est pourquoi l’hôpital Epicura de Hornu a fait appel à une ambulance venant d’aussi loin ? "L’hôpital n’a trouvé aucun autre service ayant une ambulance de réanimation avec équipe médicale disponible sur place", explique Belgian Rescue Solutions. Ce que confirme et déplore l’hôpital Epucura, via son directeur logistique, Christophe Fontaine : "C'est un problème structurel. Dans la région, il y a une pénurie au niveau des sociétés d’ambulance agréées par l’AViQ, donc des sociétés privées. Par exemple, au niveau de la région du Borinage, il n’y a qu’une seule société qui est agréé au niveau de l’AViQ et qui garantit une garde 24h/24. Donc une fois que l’ambulance de garde est occupée pour un autre transfert, nous sommes obligés de faire appel à une autre société, agréée également, mais qui n’est pas dans la région."


Pourquoi ce n'est pas à l'hôpital à payer la facture

Voilà comment des personnes aux revenus faibles se retrouvent enfoncés financièrement. "Maintenant, c’est se soigner ou mourir", résume Béatrice. Elle rejette aussi la faute sur l’hôpital de Hornu car selon elle, c’est leur manque d’équipements qui a engendré ce transfert. "Moi je dis : quand c'est eux qui n'ont pas les machines, c'est à eux à prendre en charge le coût de l'ambulance. Ou alors on n'ouvre pas un hôpital s'ils n'ont pas tout ce qu'il faut pour la soigner !"

Sauf que légalement, c’est au patient ou à son assurance hospitalisation à prendre ça en charge. Marie-Jeanne est donc bien victime du manque d’ambulances dans sa région.

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