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Elections en Flandre: la N-VA reste dominante mais perd gros... au profit du Vlaams Belang

L'extrême-droite est la grande gagnante du scrutin en Flandre selon les résultats à un tiers du dépouillement. Le Vlaams Belang a connu une progression spectaculaire après sa débâcle de 2014 et a recueilli près de 18% des suffrages. Triomphante il y a 5 ans, la N-VA perd environ 6% des voix, passe en dessous des 30% mais demeure largement dominante, avoisinant les 27%.

A deux, les formations de droite et d'extrême-droite nationalistes recueillent 45% des voix. Les trois partis traditionnels -le CD&V, l'Open Vld et le sp.a- reculent, parfois sensiblement. La vague verte ne s'est pas produite même si Groen progresse. Le PTB-PvdA pourrait quant à lui gagner ses premiers sièges au nord du pays.


Quelle sera l'attitude du parti de Bart De Wever ?

Maintiendra-t-il le cordon sanitaire à l'égard du Vlaams Belang ? Ou va-t-il le rompre comme l'extrême-droite le réclame depuis longtemps? Pour le moment, la réserve est de mise.

Candidat indépendant sur la liste N-VA en Flandre occidentale, Jean-Marie Dedecker a appelé à la rupture de cette politique qui exclut le Vlaams Belang de toute participation à une majorité. A l'Open Vld, le député sortant Luk Van Biesen a remis en cause ce principe, estimant qu'il ne serait pas "mauvais" de parler avec le parti d'extrême-droite.


Les partis wallons se rejettent la faute

Du côté francophone, personne n'entend en revanche mettre en cause le cordon sanitaire. L'opposition à la suédoise au fédéral voit dans le résultat du Vlaams Belang le résultat du gouvernement Michel où la N-VA, et particulièrement le secrétaire d'Etat Theo Francken, ont eu les coudées trop franches et ont pu répandre un discours s'apparentant, selon elle, à celui de l'extrême-droite. Le MR réfute ces accusations, et pointe à son tour l'attitude des partis d'opposition pendant 5 ans. Il rappelle aussi que l'extrême-droite progresse dans une grande partie de l'Europe.

Le score cumulé de la droite et de l'extrême-droite nationalistes en Flandre risque de rendre très compliquée la formation d'un gouvernement fédéral. Le président du cdH, Maxime Prévot, a averti ses collègues des difficultés qui se présentaient. "Il faudra se montrer lucide sur les gouvernements que l'on pourra former à la lumière des votes qui se sont exprimés en Flandre", a-t-il dit.

La coalition au Parlement flamand difficile à reconduire

La poursuite de la coalition actuellement au pouvoir en Flandre, avec la N-VA, le CD&V et l'Open Vld, ne semble pas évidente, au vu des premiers résultats de l'élection du Parlement flamand. Chaque parti membre de la majorité a en effet perdu des voix et des pourcentages.

Parmi les trois partis précités, la N-VA est la plus grande perdante, avec une baisse entre 8 et 10 points de pourcentage. Dans certains résultats partiels, la perte est encore plus élevée, avec par exemple jusqu'à -11,8% à Ostende. La N-VA avoisinerait les 26% pour l'élection régionale au nord du pays. Le président des nationalistes flamands Bart De Wever avait souligné ces dernières semaines que la barre était, à ses yeux, fixée à 30%. Si la N-VA passe en-dessous de ce seuil, le risque est grand, d'après lui, que les autres partis forment une coalition flamande contre la N-VA et entament aussi des négociations au niveau fédéral.

La perte est conséquente aussi pour le CD&V. Le parti reculerait de 4 points de pourcentage, pour s'établir autour des 17%. Pour son partenaire de coalition Open Vld, le recul est relativement parlant le plus limité. La formation libérale disposerait encore de 10% des voix.

Les bénéfices vont presque entièrement au Vlaams Belang. Le parti d'extrême-droite et la N-VA n'ayant pas de majorité pour le moment, le risque est toutefois assez faible que le cordon sanitaire soit rompu.

"La N-VA leur a déplié le tapis rouge"

"La N-VA a déroulé le tapis rouge pour le Vlaams Belang, en poursuivant pendant des années une politique qui exigeait beaucoup d'efforts et de charges de la part de la population, sans rien mettre en place de positif, à l'exception du message que la migration en est la cause", a réagi Bruno Tobback (sp.a), sur la chaîne locale ROBtv, à la forte hausse que semble avoir engrangé le Vlaams Belang à l'issue des scrutins fédéral et régional.

"Si vous mettez en œuvre une politique de cette manière, vous jouez le jeu de votre adversaire, qui est le Vlaams Belang pour la N-VA car les deux partis sont, à mes yeux, des vases communicants. Les autres partis de la majorité semblent également s'être tirés une balle dans le pied", a estimé Bruno Tobback. Le socialiste flamand espère que la gauche dans sa globalité - en ce compris Groen - progressera lors de ces élections.


"Les gens préfèrent l'original à la copie"

La présidente de la fédération bruxelloise du PS, Laurette Onkelinx, n'est pas étonnée par la remontée du Vlaams Belang en Flandre que montrent les premiers résultats en Flandre. Elle en impute la responsabilité à la N-VA dont le discours, pendant 5 ans, s'est à ses yeux trop rapproché de l'extrême-droite. "C'est terriblement inquiétant mais ça ne m'étonne pas. Les gens préfèrent l'original à la copie. Quand la N-VA, quand certains membres de la N-VA comme Theo Francken tiennent des propos d'extrême-droite, l'électeur se tourne vers l'original", a-t-elle déclaré au micro RTL INFO de Dominique Demoulin.

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