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"Quand le pays est dans la tourmente, c'est très vite Bruxelles qui est exposée", prévient Olivier Maingain

Défi garde ses deux élus au fédéral mais il perd des sièges au parlement bruxellois et ne récolte pas d'élu en Wallonie. Le président de Défi, Olivier Maigain, était invité ce lundi dans la matinale Bel RTL. Il a répondu aux questions de Fabrice Grosfilley.

Est-ce que le passage de génération est réussi pour Défi ? On savait que vous, vous ne vous présentiez pas, et Didier Gosuin ne se présentait pas.

"Oui, je crois pouvoir dire, d'ailleurs avoir les scores en termes de voix de préférence, de François de Smet à la Chambre, pour une première, 10.000 voix de présence, Sofie Rohonyi, 6000. A la région, quand je vois les scores, Bernard Clerfayt, lui évidemment, c'était déjà quelqu'un de confirmé, mais derrière, que ce soit Joëlle Maison, ou Cécile Jodoigne, ou d'autres, oui, le passage de témoin se fait. Maintenant, soyons honnêtes, j'aurais préféré évidemment que nous ayons une progression plus franche".

Vous gardez 10 sièges ou parlement régional bruxellois, c'est le même score qu'avant…

"C'est deux sièges de moins, soyons honnêtes. Bon, ça se joue à très peu de choses, parce qu'à la région bruxelloise, il suffit qu'on perde un pourcent, un pourcent et demi pour qu'on perde des sièges, mais le passage de témoins se fait dans de bonnes conditions avec une génération prometteuse. Je suis satisfait. En Wallonie, on progresse en voix, mais ça ne nous permet pas de décrocher des sièges, donc il y a encore du travail, mais on s'ancre en Wallonie, il y a quand même un des endroits où on est au-delà des 5%, le fameux seuil…" 

L'un des objectifs que vous vous étiez assigné, c'était de décrocher au moins un siège en Wallonie, ça, c'est raté.

"C'est un échec, il faut avoir l'honnêteté de le dire, il y a encore du travail".

A l'Europe, c'est un échec ?

"En Europe, on savait très bien que nos chances étaient faibles, ce n'était pas là qu'on misait le plus".

Et dans la périphérie bruxelloise, dans le Brabant flamand, l'Union des francophones, qui n'est pas que Défi, mais où Défi pèse un certain poids, vous perdez le siège que les francophones avaient au parlement flamand...

"C'était le MR qui avait cette fois-ci la tête de liste, ça n'a pas permis visiblement, alors que le MR prétendait qu'il était très fort en périphérie, de confirmer ce pronostic".

L'information de la soirée, c'est quand même la percée du Vlaams Belang, le recul relatif de la N-VA. Est-ce que vous diriez qu'aujourd'hui, la Belgique est devenue ingouvernable ?

"Je n'irais pas jusque-là. Je dirais tout simplement que cette évolution va laisser des traces et des risques pour l'avenir. Jusqu'où la N-VA, qui je crois va certainement utiliser le Belang à un moment donné comme force de pression sur les autres partis flamands, va pouvoir supporter des majorités fédérales où il n'y aurait pas des engagements institutionnels et où éventuellement elle ne serait pas partie prenante ? Ça c'est un grand point d'interrogation, mais ça dépend des partis autres flamands, ça ne dépend pas, il faut bien le dire, des francophones. Mais si les autres partis flamands, pour des raisons multiples, notamment parce que la majorité au gouvernement flamand ne se dégage pas rapidement et ainsi de suite, faisait certains choix au fédéral, alors peut-être que ça cabrerait la N-VA qui, meurtrie par ces résultats, cherchera certainement à faire de la surenchère institutionnelle".

On va rester sur le fédéral et le poids des néerlandophones. Bart De Wever, hier soir, a entrouvert la porte à une rupture du cordon sanitaire. Qu'est-ce que vous dites aux partis flamands et éventuellement aux partis francophones, qui pourraient monter demain dans un gouvernement fédéral avec la N-VA. C'est possible ? C'est souhaitable pour contrer le Vlaams Belang ? Ou c'est à décommander ?

"Je crois que fondamentalement, si vous mettez la N-VA en vitrine, si je puis dire, au gouvernement fédéral, vous savez ce que ça signifie sur un certain nombre de thématiques, et notamment des thématiques où la N-VA flirte avec l'extrême droite. On l'a vu au cours de la législature passée, et on peut dire que tout ça est le gâchis d'une coalition qui était totalement déséquilibrée, où la N-VA avait les mains libres, et a joué la surenchère sur les thématiques de la migration, de l'identité, de la sécurité, avec des résultats qui n'étaient pas ceux qu'elle annonçait, mais peu importe, elle a misé sur ces thématiques là et comme toujours, ce sont ces thématiques sur lesquelles l'extrême droite étant la plus forte, elle gagne".

Il y a quand même une distinction, ou en tout cas un écart, pour ne pas dire un fossé entre l'opinion publique francophone et l'opinion publique néerlandophone sur ces questions-là, ce n'est pas que la N-VA, tous les partis flamands sont globalement plus à droite. Est-ce un pays encore gouvernable, avec cette différence-là ?

"Il y a des majorités possibles, sans même la N-VA au fédéral".

Ça semble compliqué à mettre en place…

"Elles sont très larges, en tout cas, c'est évident, on citera peut-être l'alliance de trois voire quatre familles politiques, mais fondamentalement, on sait que ce sera avec sans doute un gouvernement flamand dirigé par la N-VA qui va jouer continuellement en embuscade par rapport au fédéral. Il faut en être bien conscient, il y aura une surenchère institutionnelle de la N-VA, ça me paraît évident".

Au nom du maintien de ce pays, on peut dire à des partis francophones, demain, oui, il vaut mieux aller avec la N-VA et de laisser tomber vos exclusives, plutôt que de rester dans un pays bloqué pendant 500, 600, 700 jours…

"Je rappelle que la N-VA a fait tomber un gouvernement dans ce pays. Donc la N-VA a une autre logique que la stabilité des institutions. Il ne faut pas se le cacher. Tous les francophones qui croient que la N-VA est un parti qui vise la stabilité du pays se trompent lourdement, et c'est sans doute cette erreur-là que paye aujourd'hui lourdement le MR".

Si le pays est bloqué pendant plus de 500 jours, est-ce qu'il faudra aller revoter, ou si on va revoter, ça va être pire ?

"Je crois qu'il n'y aura pas de risque d'élection anticipée, en tout cas pas dans l'immédiat, mais on verra ce qui peut se passer sur le temps de la législature. On a eu une N-VA qui en fin de parcours a pris la responsabilité de faire tomber un gouvernement, il faut bien le dire, contre toute attente".

On va quitter le niveau fédéral, j'aimerais qu'on parle de Bruxelles. Vous êtes la quatrième force politique à Bruxelles, on a entendu Laurette Onkelinx tout à l'heure dire très clairement qu'elle allait appeler Ecolo autour de la table. Elle ne s'est pas prononcée, réellement, sur un troisième partenaire. Vous êtes candidat ou pas ?

"Nous sommes à l'écoute bien entendu. Nous avons fait un travail au sein du gouvernement régional sortant, et je dois dire qu'on se comporte quand même bien à Bruxelles, parce que le travail a été mené avec efficacité par Didier Gosuin et Cécile Jodoigne, et je crois que ça a pesé dans le choix des électeurs à Bruxelles. Nous sommes bien entendu disponibles. Nous avons compris les signaux, on sait bien ce qu'il en est de la montée d'Ecolo. Je crois que les gens auront intérêt de veiller à la stabilité des institutions bruxelloises. Car quand le pays est dans la tourmente, on sait que c'est très vite Bruxelles qui est exposée, c'est ce que nous avons préservé tout au long de la législature écoulée, je suis prêt à refaire le travail de stabilité des institutions bruxelloises, finalement dans l'intérêt supérieur du pays".

Vous n'avez pas reçu de coup de fil de Laurette Onkelinx pour l'instant ?

"Non".

La stabilité de la région bruxelloise, c'est que la N-VA n'est pas en tête, c'est Groen qui est en tête, et il n'y a pas de minorité de blocage du côté des séparatistes flamands, ça c'est la bonne nouvelle de la soirée ?

"Je m'en réjouis incontestablement, l'électorat néerlandophone de Bruxelles, peut-être renforcé par quelques voix francophones, a fait le choix de la crédibilité de la région bruxelloise, au détriment du nationalisme flamand, comme quoi, notre région est mature, majeure, et est en mesure de se faire respecter".

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