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Trump et Macron: francs désaccords entre alliés

La poignée de main jeudi entre Emmanuel Macron et Donald Trump sera scrutée avec attention. Car, loin de la complicité qu'ils affichaient au début, les deux dirigeants s'opposent désormais sur de nombreux sujets, du climat à l'Iran en passant par les tensions commerciales.

Il y a un peu plus d'un an, les présidents américain et français multipliaient gestes amicaux voire affectueux lors d'une visite d'Etat fastueuse d'Emmanuel Macron à Washington. Donald Trump avait alors encensé son hôte: "ce sera un grand président pour la France...".

Depuis, les relations semblent s'être rafraîchies, même si l'Elysée affirme que le niveau de "confiance" est "au plus haut niveau" avec Washington. Les désaccords sont nombreux, sur fond de remise en cause profonde par Donald Trump du multilatéralisme dont Emmanuel Macron se pose en héraut.

L'an dernier, ce dernier avait expliqué qu'il continuait à rechercher avec Donald Trump "la relation la plus chaleureuse possible", tout en mettant désormais davantage en avant l'amitié historique franco-américaine que ses rapports personnels avec son imprévisible homologue.

Jeudi, leurs retrouvailles seront courtes puisque Donald Trump ne s'arrêtera que quelques heures en France, entre une visite d'Etat de trois jours au Royaume-Uni et une escapade sur l'un de ses terrains de golf en Irlande. Et la Maison Blanche insiste avant tout sur l'importance historique de la commémoration du 75e anniversaire du D-Day, plus que sur le tête-à-tête qui suivra à Caen.

- "Antithèse" de Trump -

Les sujets de discussion ne manquent pas entre les deux hommes (qui se retrouveront au Japon dans trois semaines pour le sommet du G20 puis à celui du G7 à Biarritz en août). Ils aborderont au cours de leur entretien suivi d'un déjeuner "les questions de sécurité, du terrorisme, de la crise au Moyen-Orient, de l'Iran et de la politique commerciale", selon l'Elysée.

Sur la plupart de ces sujets, "Emmanuel Macron se présente comme l'antithèse de Donald Trump", souligne Heather Conley, du Center for Strategic and International Studies.

En évoquant les sorties répétées - et appuyées - du président français en faveur du multilatéralisme, de la lutte contre le changement climatique ou encore de la "renaissance de l'Europe", notamment par l'Europe de la défense, que Donald Trump ne souhaite pas voir émerger souhaitant que la protection du vieux continent passe par plus de contribution financière à l'Otan.

Le dernier exemple remonte à lundi lorsqu'Emmanuel Macron a vertement critiqué la guerre commerciale actuellement menée par Donald Trump, notamment contre la Chine. Non seulement elle "tue la sidérurgie européenne", mais elle profite aux populistes soutenus par "son très bon ami, M. Steve Bannon", a-t-il dénoncé.

Il a aussi assumé son opposition à l'ouverture de négociations commerciales entre l'Union européenne et les Etats-Unis car ces derniers sont sortis de l'Accord de Paris sur le climat.

Concernant l'Iran, la France souhaite que les Etats-Unis "ne s'enferment pas dans une logique confrontationnelle qui pourrait déboucher sur une guerre", selon l'Elysée, alors que Donald Trump, aiguillonné par son conseiller faucon John Bolton, a dénoncé l'accord sur le nucléaire de 2015 et accentue depuis régulièrement la pression sur Téhéran.

- Toujours des désaccords -

De son côté, Donald Trump, chantre de l'"America First", a pris totalement fait et cause à Londres pour un Brexit sans accord avec l'UE, le scénario que cherchent à tout prix à éviter Emmanuel Macron et ses homologues des 27.

Pour l'Elysée, il y a toujours eu des "points de désaccord" avec "toutes les administrations américaines". "C'est normal (...) mais on s'exprime de manière très franche et directe avec cette administration qu'on respecte en tant que telle et qu'on respecte encore plus comme allié".

La dernière visite en France du président américain, à l'occasion du centenaire de l'armistice de 1918 en novembre, s'était soldée par une salve de tweets rageurs à l'encontre de son "ami" Emmanuel Macron.

Piqué au vif par le discours du Français qui avait dénoncé les dangers du "nationalisme", il avait moqué "la très faible cote de popularité" d'Emmanuel Macron. "MAKE FRANCE GREAT AGAIN", avait-il ajouté, en reprenant son propre slogan, "Rendre à l'Amérique sa grandeur".

Une façon de rendre la monnaie de sa pièce à un président français qui avait osé lancer "Make our planet great again" pour dénoncer la décision de Donald Trump de se retirer de l'Accord de Paris.

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