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Macron et Trump unis pour le D-Day et la liberté en Normandie

La France et les Etats-Unis ont célébré jeudi à l'unisson et dans l'émotion le 75e anniversaire du Débarquement allié sur les plages de Normandie, s'efforçant de mettre en sourdine leurs divergences diplomatiques, de l'Iran au climat.

"Vétérans, nous savons ce que nous vous devons: la liberté", a lancé, en anglais, le président français Emmanuel Macron depuis le grand cimetière américain de Colleville-sur-Mer (nord-ouest de la France). Il a ensuite décoré des anciens combattants de la Légion d'Honneur française, sous les applaudissements nourris des intéressés.

"Au nom de mon pays, je veux simplement vous dire merci", a-t-il ajouté, sous un grand ciel bleu dans ce site majestueux surplombant Omaha Beach qui compte 9.387 croix ou étoiles de David blanches parfaitement alignées.

- "Fierté de notre nation" -

"Vous êtes la fierté de notre nation", leur a lancé à son tour le président américain Donald Trump qui, citant les noms des héros du 6 juin 1944, a provoqué les larmes des survivants rassemblés à la tribune officielle.

Parmi eux, Jack Ewald, 94 ans, qui a débarqué à Omaha Beach, n'aurait manqué ces cérémonies "pour rien au monde". Mais il ne se voit pas en héros: "Nous n'avons rien fait de spécial. Nous nous sommes protégés les uns les autres", a-t-il assuré à l'AFP.

Étape-clé de la libération de l'Europe, ce débarquement est le plus important de l'histoire par le nombre de navires engagés: 6.939 bateaux ont débarqué 132.700 hommes sur les plages de Normandie.

Temps fort des commémorations entamées mercredi en France et au Royaume-Uni, Donald et Melania Trump ont accueilli au cimetière de Colleville - territoire américain en France - le couple Macron pour une cérémonie marquée par l'émotion et la chaleur des échanges entre les chefs d'Etat.

Devant des milliers de personnes recueillies, les vétérans américains, assis aux premiers rangs de la tribune officielle avec leurs décorations et des casquettes "World War II Veteran", ont été longuement salués par les deux chefs d'Etat et ovationnés par la foule debout.

"Il y a 75 ans jour pour jour, sur ces côtes, sur ces falaises, 10.000 hommes ont versé leur sang et des milliers ont sacrifié leur vie pour leurs frères, leur pays, et pour la survie de la liberté", a déclaré le chef de la Maison Blanche.

Cette journée de souvenir et d'hommage au sacrifice des milliers de jeunes gens qui débarquèrent sous la mitraille des nazis et dans la tempête a, provisoirement au moins, masqué les profondes divergences politiques entre les Etats-Unis et leurs alliés.

Au nom de la "promesse de Normandie", "nous ne devons jamais cesser de faire vivre l'alliance des peuples libres", a lancé M. Macron, citant en exemple les Nations unies, l'Otan et l'Union européenne, autant d'institutions que Donald Trump critique régulièrement.

Les liens franco-américains sont "indestructibles", a assuré en retour Donald Trump, s'abstenant à cette occasion de ses tweets intempestifs.

- "Relations exceptionnelles" -

MM. Macron et Trump ont, lors d'un tête-à-tête plus tard à Caen, insisté sur leur bonne entente, s'efforçant de minimiser leurs désaccords, pourtant marqués sur le dossier iranien par exemple.

"Les présidents se sont vus très longuement, l'atmosphère était bonne", a affirmé une source de la présidence française après la rencontre, expliquant que les deux hommes ont passé en revue différents dossiers.

"C'était un entretien positif, constructif, qui nous a permis de vérifier que nous pouvions travailler ensemble, qu'il y avait des marges de manoeuvres", a ajouté cette source, particulièrement "dans cette période de très grandes tensions internationales".

"Les relations entre vous et moi, et celles entre la France et les Etats-Unis, sont exceptionnelles", a lancé M. Trump à M. Macron lors de cette rencontre, au terme de laquelle il s'est envolé pour l'Irlande.

Jeudi matin, M. Macron avait rencontré deux vieux soldats dont Léon Gautier, âgé de 21 ans lors du Débarquement et l'un des trois survivants du commando Kieffer, un groupe de volontaires français entraîné en Ecosse.

Auparavant, le président français et la Première ministre britannique Theresa May avaient lancé la journée en posant la première pierre d'un monument dédié au souvenir des militaires britanniques du Jour J.

S'exprimant brièvement en anglais, M. Macron avait réaffirmé la solidité "des liens singuliers" entre la France et le Royaume-Uni malgré la perspective du Brexit: "Quoiqu'il arrive, nous serons toujours côte à côte parce que c'est notre destin commun", a-t-il promis.

Mme May n'a fait de son côté aucune allusion à sa démission prochaine, saluant dans son discours le "courage" et le "dévouement" des 156.000 hommes, dont 83.000 du Royaume-Uni et du Commonwealth, ayant débarqué en Normandie le "D-Day" ("Jour J").

De leur côté, le Premier ministre français Edouard Philippe et son homologue canadien Justin Trudeau ont célébré les 14.000 Canadiens débarqués le 6 juin.

Pour Alphonse Vautour, 100 ans en octobre, "les vieux soldats, ça meurt pas". Pour la première fois de retour à Juno Beach, cet ancien soldat était heureux de voir "de vieux camarades".

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