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Comment, après des mois de silence, Jonathann Daval a fini par livrer des aveux complets sur le meurtre de sa femme?

Jonathann Daval a livré lundi des aveux complets lors d'une reconstitution judiciaire de sept heures sous tension en Haute-Saône, reconnaissant avoir procédé lui-même "à la crémation partielle du corps" de sa femme Alexia et lui avoir porté des coups mortels d'une extrême violence.

En larmes au lendemain de la "disparition" de sa femme, Jonathann Daval avait ému la France entière. Le 28 octobre 2017, il signale aux gendarmes que sa femme Alexia n’est pas rentrée de son jogging. Des battues sont rapidement organisées, Jonathann clame sa douleur. 

Deux jours plus tard, le corps d’Alexia est découvert dans un bois, non loin de son domicile. Le corps est partiellement calciné. L’autopsie révèle que la jeune femme a été victime de violences, de coups et avait été étranglée. Pendant 3 mois, Jonathann s’affiche aux côtés de ses beaux-parents. En larmes, il apparaît comme le veuf abattu. 

Pendant ce temps, l’enquête suit son cours. Les gendarmes réunissent progressivement des "éléments accablants" à l’encontre de Jonathann. Le mari éploré devient alors le principal suspect. Fin janvier 2018, il est interpellé.


La reconstitution du meurtre, une étape cruciale

À l'issue de sa garde à vue, il avoue avoir étranglé sa femme au cours d'une dispute à leur domicile au retour d'un dîner chez ses beaux-parents, parlant d'un "accident". L’informaticien change à plusieurs reprises de versions. Il parle d'abord d'un accident puis évoque un pacte familial. Mais à chaque fois, il se rétracte. De multiples zones d’ombres persistent. 

La reconstitution du meurtre était donc une étape cruciale. Le but: lever les ultimes zones d’ombres du dossier. Comment s’est déroulé le meurtre? Quel est le motif ? Quels coups ont été portés à la jeune femme? Comment le corps d’Alexia a-t-il pu se retrouver calciné puisque Jonathann nie toute participation à la crémation? Y-a-t-il des complices?

La reconstitution a débuté ce lundi 17 juin, au petit matin dans l’ancien pavillon du couple situé à Gray-la-Ville, en Haute-Saône. Un horaire matinal destiné à reproduire les circonstances du meurtre, commis de nuit dans la maison.




Comment s'est déroulée la reconstitution?

Sur place, une armada d’enquêteurs mais aussi les parties civiles, fait exceptionnel. Les parents d’Alexia, sa sœur et son beau-frère étaient là. Face à la famille de sa femme, Jonathann craque. Il reconnaît dans un premier temps avoir "frappé le visage de sa femme contre un mur en béton" et lui avoir porté "entre 5 et 10 coups de poings au niveau du visage".

Ses dires corroborent avec les lésions constatées par les médecins légistes. A l'origine du conflit ce soir-là, "un rapport sexuel" réclamé par Alexia, qui "prenait à cette époque un traitement de stimulation de la fertilité", mais refusé par son mari.

Face à la violence des coups, Alexia chute dans les escaliers. "Il va ensuite traîner son corps dans les marches, le garage, et le charger dans le coffre de son utilitaire", décrit le Parisien.

Mais au bois d'Esmoulins, où le corps d'Alexia avait été découvert, partiellement brûlé, Jonathann nie d’abord la crémation. "Je ne peux pas, c’est pas moi", répète-t-il selon des informations communiquées par Le Parisien.



"Nous voulions la vérité, nous l'avons eue"

Isabelle Fouillot, la mère de la jeune femme, intervient alors. "Si tu ne dis rien, nous penserons que quelqu’un de ta famille t’a aidé", lui lance-t-elle. Après un bref entretien avec ses avocats, l’informaticien finit par avouer. Le meurtre, la crémation: il est coupable de tout. 

"Nous voulions la vérité, nous l'avons eue", a réagi, émue mais digne, Isabelle Fouillot. La mère d'Alexia avait déjà arraché à Jonathann, dont elle était très proche, ses seconds aveux en décembre. "Alexia va peut-être pouvoir reposer en paix maintenant", a-t-elle ajouté. Comme on lui demandait si elle était prête à pardonner, elle a enchaîné: "C'est tellement dur pour l'instant, on l'aimait. Le pardon, ça viendra un peu plus tard. Chaque chose en son temps..."

"Il a fallu le savoir-faire d'Isabelle (Fouillot), accompagné par le savoir-faire de la juge, pour que la situation se débloque. La justice, quelquefois, c'est de la psychologie", a résumé Me Gilles-Jean Portejoie, l'un des avocats des parties civiles. Au cours de la reconstitution, Jonathann Daval "a demandé pardon tout en disant qu'il était impardonnable".

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