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Réchauffement climatique: finis le blé, le pain et les pâtes?

Le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) a publié début août un rapport. Il identifie les pistes de consommation et de production alimentaires à privilégier pour lutter contre le réchauffement climatique. Il a pointé du doigt la consommation de viande, mais aussi celle de céréales comme le blé. Le secteur agricole en a marre d’être pointé du doigt.

Consommer de la viande a un impact écologique, cela ne fait plus de doute. Mais le rapport du GIEC conseille aussi de privilégier des régimes équilibrés basés sur les céréales secondaires comme l'avoine, l'épeautre et le seigle. Il recommande de manger moins de céréales dites "principales", à savoir le blé (pains, pâtes,...), le maïs et le riz. Elles font pourtant partie de l’alimentation quotidienne de nombreux Belges.


Le blé est la céréale la plus produite en Belgique

En 2014, le pain, les céréales et les pâtes arrivaient en deuxième position dans le classement des dépenses ds Belges en produits alimentaires et boissons non-alcoolisées. Ils se plaçaient juste derrière les viandes et charcuteries. Le froment, appelé aussi blé tendre, est la céréale la plus produite chez nous, même si sa quantité a tendance à baisser (1.566.570 tonnes en 2018, contre 1.814.628 tonnes en 2014, selon Statbel). Juste derrière, on retrouve le maïs et l’orge.

Le secteur agricole en a ras-le-bol des attaques contre l'agriculture. La Fédération Wallonne de l’Agriculture (FWA) regrette que le rapport du GIEC ne soit pas nuancé. "Des rapports comme celui du GIEC sont des éléments qui doivent régulièrement tirer la sonnette d’alarme au niveau mondial", accorde Alain Masure, le directeur opérationnel de la FWA. Mais pour lui, une situation n’est pas une autre. La culture de blé dans certaines régions du monde demande beaucoup d’irrigation. "Il y a des besoins en eau extrêmement plus importants, ce qui n’est pas le cas chez nous."


"La production de blé ne nécessite pas d’irrigation"

Chez nous, les terres ne sont jamais irriguées. L’eau de pluie sur les champs est suffisante. C’est ce que confirme Etienne Ernoux, producteur de céréales à Ciney. "La production de blé ne nécessite pas d’irrigation. C’est une plante qui consomme du carbone pour se développer." Il tient d’ailleurs à comparer sa production à celle des légumes. "On nous encourage à en manger. Force est de constater que la production importante de légumes au nord de la Meuse est irriguée."

C’est vraiment un circuit écologique de bonne agriculture

La production de blé a, selon lui, bien d’autres avantages. "Ça consomme du CO2, ça apporte de l’humus via les pailles que nous récoltons, qu’on transforme en litière et puis qui reviennent au sol", explique le producteur. "C’est vraiment un circuit écologique de bonne agriculture que nous faisons."

Tout le blé produit ne sert pas à notre alimentation. Selon la FWA, le blé est même surtout utilisé pour nourrir le bétail (80% de la production). Le reste sert à produire du pain et d’autres biens de consommation.


"On évite d'importer des aliments"

Nourrir son bétail avec du blé permet de rester dans des circuits courts. "Les éleveurs utilisent des produits locaux pour nourrir leur bétail", fait remarquer Alain Masure, de la FWA. "On évite d’importer des aliments pour le bétail qui viendraient de l’extérieur de l’Union européenne."

Si la consommation de blé tend de plus en plus à la baisse, comme le préconise le rapport du GIEC, Etienne Ernoux est assez pessimiste pour l’avenir de son exploitation. "Je n’ai pas beaucoup d’espoir de pérenniser l’activité de ma ferme si la production des céréales se trouvait dans une situation désastreuse."

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