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Eloy, un Liégeois horrifié d'avoir vu TOUS les sacs et cartons mis dans le même camion-poubelle: la Ville explique

À Liège, trois raisons peuvent justifier que des papiers/cartons, sacs bleus PMC ou sacs organiques soient jetés dans le même camion que les déchets divers et finissent dès lors à l'incinérateur sans être recyclés.

C'est un Liégeois en colère qui nous a récemment décrit une scène qui l'a horrifié via le bouton orange Alertez-nous. Eloy, un habitant du quartier Sainte-Marguerite marchait le mardi 13 août au soir dans sa rue Saint-Séverin. Devant lui, le camion poubelle effectuait sa collecte. "Et là, horreur! Malheur! TOUS les sacs et cartons - je dis bien TOUS - sont balancés dans le camion", s'étrangle Eloy qui justement "essaie depuis quelques temps d'adopter des comportements plus respectueux de l'environnement". Il détaille: "Récemment, j'ai commencé à utiliser les sacs pour déchets organiques par exemple. Je trie aussi soigneusement les PMC ainsi que les cartons. Certains diront que c'est le minimum minimorum, mais je fais de mon mieux et je compte bien progresser", écrit-il. Dès lors, Eloy s'emporte: "Je trouve proprement HONTEUX (excusez le jeu de mots) de ne pas respecter les efforts consentis par les citoyens."


Deux passages à quelques heures d'intervalles

À Liège, et contrairement à de nombreuses autres communes, tous les déchets sont prélevés un seul et même jour mais à des heures différentes selon leur type. "La Ville impose deux passages aux collecteurs : le premier pour la collecte des PMC (sacs bleus) et PC (papiers-cartons), le second pour la collecte des OMB (sacs jaunes) et organiques (sacs verts)", rappelle Arnaud Lombardo, le chef de cabinet de l'échevin de la Propreté. À Liège, le collecteur n'est pas la Ville mais bien une entreprise privée avec laquelle elle est sous contrat. Ce collecteur transporte les déchets récoltés chez Intradel, une intercommunale qui va les traiter.


Le collecteur assure avoir respecté les règles ce soir-là

Interpellée par Eloy, l'administration liégeoise a demandé des explications au collecteur comme elle déclare le faire systématiquement lorsqu'elle reçoit une plainte de ce genre (et elles sont fréquentes, nous dit-on). Le collecteur a indiqué qu'un premier camion avait collecté les papiers et cartons à 20h15, qu'un second avait pris les sacs bleus PMC à 21h45 et qu'enfin le dernier camion, en duo-bennes (c'est-à-dire qu'il y a deux compartiments dans le camion lui permettant d'emmener deux types de sacs sans les mélanger) est passé à 22h20 pour les sacs jaunes (déchets divers) et les sacs verts (déchets organiques comme les restes de repas, fruits pourris, etc.). Ces heures de passage réelles sont connues avec précision car "les véhicules de collecte sont tous équipés de balise GPS, permettant de suivre leurs parcours et de vérifier leurs ordres de passage", précise l'administration liégeoise.

C'est un choix politique qui est assumé par la Ville

Tout prendre au 2e passage pour des raisons de salubrité publique

Obligation très importante dans l'histoire qui nous concerne, le dernier camion emporte aussi tous les sacs ou papiers/cartons qui auraient dû être pris par les deux premiers camions mais ne l'ont pas été car soit les habitants ont déposé leurs sacs trop tard soit leurs sacs contenaient des déchets inappropriés. Par exemple, dans la rue d'Eloy, si un habitant distrait a déposé ses cartons à 21h, donc après le passage du camion papiers/cartons, le dernier camion les prendra. C'est une obligation du collecteur voulue par la Ville pour une question de salubrité publique et d'hygiène nous explique Arnaud Lombardo. Le but est de ne pas laisser traîner des déchets dans la rue. "C'est un choix politique qui est assumé par la Ville", ponctue-t-il. Des déchets recyclables qui auraient pu être triés et valorisés sont donc brûlés à l'incinérateur avec le reste.


Mettre le bon déchet dans le bon type de sac

Par ailleurs si un habitant a déposé son sac à temps mais que celui-ci contient trop d'éléments qu'il ne devrait pas contenir, le collecteur, s'il le voit, peut décider de ne pas l'embarquer. Il mettra un autocollant ("une main rouge") sur le sac pour signaler à son propriétaire qu'il a mis des déchets non-conformes dedans. Arnaud Lombardo cite un exemple: le carton de pizza. Celui-ci ne doit ni se mettre avec les papiers/cartons ni dans un sac bleu. Les boîtes de pizzas usagées sont grasses et souillées, ce qui les rend impropres au recyclage. Mieux vaut donc les jeter avec les déchets résiduels. Là encore, des déchets recyclables ne seront pas exploités et finiront à l'incinérateur.


Plusieurs contrôles

Nous venons donc d'énumérer les trois raisons qui peuvent expliquer que des éboueurs jettent et donc mélangent dans le dernier camion tous les types de sacs (camion double bennes, sacs en retard, sacs au contenu non-conforme). La Ville, qui déclare recevoir régulièrement des témoignages indignés comme celui d'Eloy, rappelle systématiquement ces trois raisons. Dans le même temps, elle assure effectuer une enquête auprès du collecteur pour savoir si toutes les règles ont bien été respectées lorsqu'il y a plainte d'un habitant. Des "brigadiers" accomplissent aussi régulièrement des contrôles du travail des collecteurs (en suivant un camion poubelle par exemple). Enfin, le contenu des camions est aussi contrôlé à leur arrivée chez Intradel, exposent le chef du cabinet de l'échevin de la Propreté.

Soit tous les habitants ont sorti leur poubelles en retard, soit le collecteur ment. Et je sais que nous ne mentons pas

Pour l'alerteur, le collecteur ment

Eloy réfute les informations qui ont été livrées par le collecteur à la Ville de Liège. "Je vous assure que tous les sacs et cartons étaient encore dans la rue, ce qui signifie que la collecte (NDLR: les deux premières collectes à 20h15 et 21h45) n'a pas eu lieu comme vous le dites. Soit tous les habitants ont sorti leur poubelles en retard, soit le collecteur ment. Et je sais que nous ne mentons pas", a-t-il renvoyé à la Ville de Liège. Si des contrôles de la Ville montrent qu'un collecteur n'a pas respecté les règles, elle peut lui infliger une amende. Mais dans ce cas-ci, il ne semble guère y avoir de preuves et c'est la parole de l'un contre celle de l'autre.


Aucun intérêt de la Ville à tout balancer dans le même camion, au contraire

La Ville n'a aucun intérêt à mélanger tous les sacs et à tout envoyer à l'incinérateur, insiste le chef de cabinet. Car, outre l'aspect écologique, les déchets triés rapportent aux Finances de la Ville. Les cartons/papiers sont vendus. Quant au reste, "le coût de traitement des déchets organiques et des déchets PMC est bien moindre que celui des OMG (ordures ménagères résiduelles - sacs jaunes)", nous apprend le chef de cabinet. Pour éviter le gâchis, la meilleure solution semble être que chaque citoyen fasse preuve de responsabilité et respecte les horaires de dépôt des sacs et s'informent convenablement sur les déchets qu'on peut ou ne peut pas mettre dans un sac spécifique.

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