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Catherine Deneuve ne se voit pas comme une "icône du cinéma" et défend Polanski

Elle ne se voit "pas vraiment" comme une icône du cinéma. A l'affiche mercredi de "Fête de famille", Catherine Deneuve dit "aimer surprendre", loin de l'image "sophistiquée" qu'elle peut donner, et n'hésite pas à prendre des positions controversées, notamment pour défendre Roman Polanski.

"Icône du cinéma? Je ne suis pas vraiment ça, je trouve, franchement. On me le dit souvent, c'est beaucoup à travers les couvertures de presse, les journaux, les photos, c'est plutôt ça", a déclaré l'actrice, couronnée par deux César, dans un entretien accordé à l'AFP en début de semaine à Paris.

"C'est aussi le fait qu'on m'ait beaucoup liée à Saint Laurent, donc ça m'a donné une image plus sophistiquée. Mais franchement non, en tant qu'actrice, je ne suis pas comme ça. C'est une image", ajoute-t-elle.

Elle dit aussi aimer surprendre "dans des rôles un peu inattendus", et que "tout ne soit pas écrit d'avance".

"J'ai envie de choses que je n'ai pas l'impression d'avoir déjà faites", explique la star du cinéma français, dont la carrière a débuté il y a plus de 60 ans, et qui s'apprête à tourner en octobre dans le prochain film d'Emmanuelle Bercot "De son vivant", avec Benoît Magimel.

Dans "Fête de famille" de Cédric Kahn, drame familial mêlé de comédie en salles mercredi, elle incarne Andréa, une mère qui reçoit ses trois enfants pour son anniversaire dans la maison familiale: sa fille aînée instable et imprévisible Claire (Emmanuelle Bercot), et ses fils Vincent (Cédric Kahn), à la vie rangée, et Romain (Vincent Macaigne), aux projets chaotiques.

L'arrivée de Claire, qu'elle n'a pas vue depuis trois ans, va bouleverser cette réunion de famille, entraînant tempêtes et règlements de compte.

"Ce qui m'a plu, c'est le scénario, que j'ai trouvé extraordinaire, avec des personnages qui existaient vraiment", s'enthousiasme l'actrice de 75 ans, qui dit "aimer beaucoup tourner avec des auteurs évidemment, avec des cinéastes qui écrivent leurs scénarios".

A l'affiche déjà cette année de "L'Adieu à la nuit" d'André Téchiné et de "La Dernière folie de Claire Darling" de Julie Bertucelli, Catherine Deneuve a aussi ouvert mercredi la Mostra de Venise dans le rôle d'une actrice "très excessive" dans "La Vérité" du Japonais Hirokazu Kore-Eda.

Une Mostra secouée cette année par une polémique sur la présence en compétition du dernier film de Roman Polanski, "J'Accuse", sur l'Affaire Dreyfus, dont la projection officielle aura lieu vendredi soir.

- "Violence inouïe" -

Comme elle l'a déjà fait par le passé, la star n'hésite pas à s'indigner des critiques des féministes à l'encontre de la présence en sélection du cinéaste franco-polonais, accusé du viol en 1977 d'une adolescente de 13 ans.

"Je trouve ça d'une violence inouïe, et je trouve ça totalement excessif", réagit-elle.

"Le temps a passé", plaide-t-elle encore au sujet du réalisateur de 86 ans, avec qui elle avait tourné en 1965 dans "Répulsion", estimant également que "la plupart des gens ne connaissent pas la réalité de la façon dont les choses se sont passées".

Alors qu'elle s'apprête à présider dans une semaine le Festival du film américain de Deauville, Catherine Deneuve prend aussi la défense de Woody Allen, dont le dernier film, "Un jour de pluie à New York", jamais sorti en salles en raison d'anciennes accusations d'agressions sexuelles, fera l'ouverture de la manifestation normande, suscitant là aussi des critiques de féministes.

"C'est pareil, c'est incroyable", estime l'actrice, qui affirme qu'elle accepterait "bien sûr" de tourner avec le cinéaste s'il avait un projet qui lui convienne.

Aux Etats-Unis, "ils ont vite fait de dire +fini, banni+, il faut quitter le pays, il faut quitter la ville, il faut quitter le cinéma", regrette l'actrice, qui avait pris aussi position à contre-courant sur le mouvement #Metoo début 2018, en signant avec une centaine de femmes une tribune défendant "une liberté d'importuner". Elle s'était ensuite excusée auprès des "victimes d'actes odieux".

Pour elle, "il faut faire la différence entre le cinéaste et la personne". "Les féministes ont quand même des œillères", estime-t-elle.

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