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Mickaël inquiet pour la ligne 42: "On ne peut pas supprimer cette ligne ferroviaire cruciale en Wallonie"

Des lignes ferroviaires vont-elles disparaître en Wallonie ? Ce scénario inquiète visiblement pas mal de navetteurs, notamment en province de Luxembourg. C'est ce que révèle Michaël, un voyageur régulier qui se bat pour le maintien de la ligne 42 vers Gouvy.

"Que veut-on, plus de voitures sur les routes ? Bien sûr que NON", lance Michaël Jacquemin via notre bouton orange Alertez-nous. Le porte-parole de l'association les Amis du Rail Luxembourg nous a contactés pour relayer les craintes de nombreux voyageurs "suite aux insinuations de fermeture de la ligne ferroviaire 42 Rivage-Gouvy".

Il y a quelques semaines, les journaux l'Echo et De Tijd évoquaient une note interne d'Infrabel, le gestionnaire de l'infrastructure ferroviaire. L'entreprise affirmait que de petites lignes ferroviaires wallonnes devront fermer et les investissements dans le port d'Anvers seront mis en péril si Infrabel ne reçoit pas de toute urgence une dotation supplémentaire.

Le gestionnaire du réseau reçoit actuellement près de 1 milliard d'euros par an. Mais selon un récent audit, Infrabel aura besoin chaque année, au cours des 12 ans à venir, de 82 millions d'euros supplémentaires pour maintenir le réseau en bon état.

Pas moins de 13 lignes de trafic pourraient être fermées ou ramenées à une seule voie. Ce qui concerne 684 trains de voyageurs et 103 trains de marchandises. La ligne 42 vers Gouvy, qui permet de relier la région liégeoise au Grand-Duché de Luxembourg, est ainsi ciblée. Tout comme les lignes vers Marloie, Couvin, Erquelinnes ou encore Spa.


"On a l'impression de régresser"

"Si ce scénario se concrétise, l'impact sera important pour les voyageurs qui n'auront plus d'alternative. Ils devront reprendre leur voiture pour se déplacer", souligne avec regret Michaël Jacquemin. "On prône la mobilité durable, l'utilisation des transports en commun pour réduire notre empreinte écologique et ici on a l'impression de régresser. Faute de moyens, la SNCB va dans le sens contraire", déplore ce navetteur régulier. 

L'asbl a donc interpellé plusieurs acteurs clé dans ce dossier pour leur demander des explications et leur faire part du mécontentement des voyageurs concernés. "Nous sommes pour la préservation de la ligne 42 qui est cruciale pour les navetteurs se rendant à Liège, Bruxelles ou Luxembourg", souligne-t-il, en précisant que l'axe Gouvy-Luxembourg a connu une progression en termes de voyageurs pour dépasser les 5 millions en 2017. "Ce qui n'est pas rien", estime Michaël.

Une fermeture de lignes n’est légalement pas possible, et ce au moins jusqu’en 2031

"Des rumeurs": la réponse du ministre de la Mobilité

Le ministre fédéral de la Mobilité a notamment répondu par courriel à Michaël. François Bellot parle de "rumeurs" et souhaite apporter quelques rectifications par rapport aux parutions dans les médias.

Le ministre assure avoir veillé au maintien de "l'intégrité" du réseau ferroviaire. "La SNCB et Infrabel ont reçu ces 5 dernières années 13,7 milliards de dotation publique. En 2017, j’ai proposé au gouvernement fédéral d’ajouter encore un milliard visant à la réalisation de projets stratégiques partout dans le pays", souligne François Bellot.

Le ministre fait ensuite référence à la loi votée à l'unanimité par le parlement pour pérenniser le financement de ce milliard et veiller à maintenir le réseau exploitable et en l'état jusqu'en 2031. "J’ai donc souhaité être clair sur ce point: une fermeture de lignes n’est légalement pas possible, et ce au moins jusqu’en 2031", affirme le ministre qui évoque ensuite son incapacité actuelle à prendre une quelconque décision budgétaire puisque le gouvernement fédéral est en affaires courantes.

"Il serait donc imprudent de s’exprimer pour la période après 2031. Cependant, j’ai déjà personnellement invité à plusieurs reprises le prochain gouvernement à débloquer un nouveau milliard pour veiller à la pérennisation et à l’extension du réseau ferroviaire sur le plus long terme", assure-t-il.

Au niveau local, les Amis du rail ont également contacté les bourgmestres de Vielsam et de Gouvy, deux communes desservies aujourd'hui par la ligne 42. "L'idée est de s'unir pour tenter un blocus à cette éventuelle fermeture. La commune de Vielsam a d'ailleurs voté il y a quelques jours une motion visant au maintien de la ligne 42. Un texte que nous soutenons", confie le porte-parole des Amis du Rail.


"Il est tout à fait inexact de dire qu'Infrabel 'menace' "

De son côté, Infrabel se défend de vouloir exercer une quelconque pression et estime que l'utilisation du mot "menace" est inexact.
"Infrabel n’a ni décidé, ni projeté, ni souhaité et encore moins menacé de fermer des lignes. Infrabel produit actuellement un certain nombre de documentations pour le futur gouvernement avec diverses options possibles, comme le font toutes les entreprises publiques", assure Frédéric Sacré, porte-parole de l'entreprise.

"Dans cette documentation, il y a des options très ambitieuses – que nous soutenons – et d’autres qui le sont nettement moins – et que nous ne soutenons pas", précise-t-il.

Selon lui, les éléments repris dans la presse ont été isolés de leur contexte "donnant ainsi la fausse impression d’une volonté d’Infrabel de réduire la taille de son réseau" alors que sa volonté est au contraire "ambitieuse".

La balle est donc dans le camp du futur gouvernement qui devra décider de sa politique en la matière.


"Un train passe toutes les 2h, c'est la catastrophe"

Michaël et les nombreux navetteurs qu'il a rencontrés espèrent en tout cas que leur voix sera entendue pour que le rail soit une option de transport efficace. "Il faudrait même étendre le réseau actuel et augmenter la fréquentation des trains. Pour le moment, sur la ligne 42, c'est la catastrophe. Un train passe toutes les 2h. Il faudrait que ce soit toutes les heures. C'est la seule façon de changer les habitudes", estime-t-il.

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