Accueil Actu

Hong Kong : affrontements entre police et manifestants pour le seizième week-end de mobilisation

La police et des manifestants pro-démocratie se sont brièvement affrontés à Hong Kong samedi, près de la frontière chinoise, alors qu'appels à manifestations et à la grève se multiplient sur internet avant deux anniversaires-clés, dont celui de la création de la République de Chine.

La police a eu recours au gaz lacrymogène et aux canons à eau contre des groupuscules radicaux qui ont érigé des barricades et jeté des pierres et des cocktails Molotov, dans la ville de Tuen Mun, située dans le nord-ouest de Hong Kong.

De nombreux manifestants ont été interpellés, mais les affrontements ont été moins intenses que les précédents week-ends.

Une vidéo montrant des policiers utilisant du gaz poivre samedi dans la ville de Yuen Long contre un homme de 73 ans, un militant connu sous le surnom d'"Oncle Chan" et qui appelait les forces de l'ordre à la retenue, est devenue virale.

Hong Kong est devenu un "Etat policier" où les forces de l'ordre, pilotées par Pékin, n'ont pour mission que d'étouffer la contestation populaire légitime, ont dénoncé samedi, dans une interview à l'AFP à Washington, Joshua Wong, Denise Ho et Brian Leung, trois figures du mouvement pro-démocratie.

"D'une cité mondiale moderne, Hong Kong s'est transformé en un Etat policier en proie à la violence policière", a déclaré Joshua Wong.

Le territoire semi-autonome traverse depuis juin sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, avec des actions et des manifestations quasi-quotidiennes pour demander des réformes démocratiques ou dénoncer une riposte policière jugée brutale.

La journée avait débuté par un rassemblement pacifique à Tuen Mun, située non loin de la Chine continentale, avant de dégénérer, selon un scénario désormais classique.

Une poignée de militants radicaux ont arraché un drapeau chinois qui flottait devant un bureau du gouvernement local, avant de le brûler. La police s'est aussitôt rendue dans un parc de la ville où des manifestants étaient rassemblés afin de procéder à une série d'interpellations.

Des centaines de contestataires ont dressé des barricades et démantelé des barrières de sécurité. Ils ont également jeté des objets sur les voies ferrées avoisinantes.

Les affrontements ont tourné court dès que la police a tiré du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc, provoquant la fuite des manifestants.

Samedi en début de soirée, des militants continuaient cependant à jouer avec au chat et à la souris dans les rues.

- "Chaque manifestation compte" -

Calvin Tan, un militant pro-démocratie de 22 ans, expliquait samedi que les manifestants étaient préparés à "se battre sur le long terme". "Chaque petite manifestation compte, même si cela ne semble pas beaucoup aider, c'est comme chaque petit pas dans un marathon", a-t-il déclaré à l'AFP.

Des projets de manifestations ou de grèves pour les semaines à venir pullulent en ligne à l'approche du 28 septembre, la date anniversaire du début du "Mouvement des parapluies" de 2014, et du 1er octobre, quand sera marqué le 70e anniversaire de la fondation de la République de la Chine.

Amnesty International a accusé vendredi la police hongkongaise d'un recours excessif à la force contre les manifestants pro-démocratie, dénonçant des "tactiques insensées et illégales" et allant jusqu'à parler de cas de "tortures".

"Il existe des informations innombrables sur de tels actes de brutalité", a déclaré à Washington Brian Leung. "Nos services de police ont été corrompus pour devenir un outil personnel permettant à (la chef de l'exécutif hongkongais) Carrie Lam de rester au pouvoir et d'abuser de la puissance publique pour torturer la population", a-t-il ajouté.

Amnesty demande la création d'une commission d'enquête indépendante sur le comportement de la police, ce qui est aussi une demande-clé des manifestants. L'exécutif hongkongais s'y est cependant toujours refusé.

La police hongkongaise a balayé les conclusions d'Amnesty, rejetant les accusations d'usage excessif de la force.

A l'occasion d'une rencontre avec des journalistes étrangers vendredi, un haut responsable policier a fait part de ses craintes concernant l'évolution de la situation. "Nos agents sont inquiets (...), la violence a atteint un tel niveau qu'ils craignent d'avoir à tuer quelqu'un ou d'être eux-mêmes tués", a-t-il souligné, sous le couvert de l'anonymat.

À lire aussi

Sélectionné pour vous