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Romain s'inquiète de voir la source de Villers-le-Gambon à sec: risque-t-on à l’avenir de manquer d’eau en Wallonie?

Que se passe-t-il à la source de Villers-le-Gambon? Comme à son habitude, Romain s’est rendu à ce point d’eau situé à Philippeville pour s’approvisionner et il a trouvé la source à sec. Le manque de précipitations est en cause.

Romain nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour nous faire part de son inquiétude : "J’ai pu remarquer que la source de Villers-le-Gambon est complètement à sec. Est-ce normal ? Je ne sais pas… J’y vais souvent, l’eau y est super bonne, j’espère qu’elle n’est pas complètement asséchée", a-t-il indiqué. Est-ce interpellant ? Et plus généralement, la sécheresse menace-t-elle les sources wallonnes? Nous allons tenter de répondre à ces questions dans les lignes qui suivent.


Qu’est-ce qu’une source ?

Une source est constituée par un ou plusieurs points d’émergence naturel ou foré permettant le captage d’une eau provenant d’une nappe ou d’un gisement souterrain. La filtration assurée naturellement rend cette eau potable, comme pour la source de Villers-le-Gambon, village de la commune de Philippeville dans la province de Namur.

Contacté, le bourgmestre de Philippeville confirme la situation constatée par Romain mais aussi d'autres citoyens: "De temps en temps, cette source ne coule pas". Mais, poursuit André De Martin: "Elle n’est pas totalement asséchée".

Cette source est exploitée par la société Villers Monopole qui ne l’utilise plus. Le trop-plein est mis à la disposition du public. Comme Romain, de nombreuses personnes viennent avec des bidons pour s’approvisionner gratuitement en eau de qualité.

Un responsable de cette entreprise explique que si cette source est pour l’instant à sec, c’est en raison de la sécheresse. "Sur les trois dernières années, les précipitations n’ont pas été suffisantes, notamment aux mois de juin et juillet. Les nappes ne sont plus aussi bien rechargées. Mais dès qu’il pleuvra en suffisance, cela devrait aller mieux, après deux ou trois semaines", explique-t-il. Les précipitations abondantes de ces derniers jours permettront donc peut-être un début de réapprovisionnement.

Cette diminution des volumes d’eau disponible est également pointée par l’Inasep, l’Intercommunale namuroise de Services Publics, qui gère une soixantaine d’ouvrages dans le sud namurois. "Les périodes successives caniculaires ont engendré une raréfaction de la ressource. Par exemple, on manque cruellement d’eau dans la région de la Famenne", précise son directeur général, Philippe Libertiaux.


Des hivers faibles en précipitations

D’après des données du Service public de Wallonie, le capital en eau douce est de l’ordre de 13 milliards de m3 par an dans le sud du pays. Au 1er janvier 2019, on dénombrait 12.046 prises d'eau en activité déclarées et géoréférencées réparties sur l'ensemble du territoire wallon.

Dans l’évaluation des réserves en eau, la fréquence des précipitations joue un rôle primordial. Or, comme l’explique Stéphanie Ernoux, la responsable communication de crise du Service public de Wallonie : "Depuis 2016 et 2017, nous avons de mauvaises recharges hivernales des nappes qui se font ressentir sur le terrain."

Et "malgré des hivers normaux du point de vue des précipitations par la suite, les niveaux d’avant 2016 n’ont en général pas été récupérés", précise Roland Masset, responsable à la direction des Eaux souterraines au SPW Agriculture, Ressources naturelles et Environnement. 

Après un été globalement sec, les niveaux des nappes sont actuellement bas, voire au plus bas. Toujours selon le Service public de Wallonie, certaines régions connaissent une situation plus défavorable que d’autres. C’est le cas de l’aquifère des craies de la Haine (Hainaut) qui est à son niveau le plus bas depuis 10 ans. La situation est également mauvaise pour les sables bruxelliens ou encore les nappes du calcaire de Perulwez-Ath-Soignies (Hainaut).


La Wallonie va-t-elle manquer d'eau?

Faut-il y voir un lien avec la problématique du réchauffement climatique ? L’expert des Eaux souterraines wallonnes reste prudent : "La période n’est pas assez longue pour tirer des conclusions sur l’avenir mais on suit la situation de près."

La baisse du niveau des nappes souterraines (engendrée notamment par la faiblesse des précipitations) a donc un impact certain sur le débit des sources. Alors, risque-t-on de manquer d’eau?

Durant les étés 2017 à 2019, certaines communes wallonnes ont connu des difficultés d’approvisionnement en eau de distribution. Elles ont alors pris des mesures restrictives pour la consommation de l’eau. Sur les 262 communes wallonnes, il y en a eu jusqu'à 12 ou 13 en situation de restrictions, au plus fort des crises durant les étés 2018 et 2019.

Mais, ajoute le Service public de Wallonie, les réserves en eau de surface sont actuellement satisfaisantes et des solutions permettent d’assurer la distribution normale des ménages et des entreprises.

Roland Masset, de la direction des Eaux souterraines, confirme : "Il n’y a rien de catastrophique". Cette baisse du niveau des eaux souterraines "ne met pas à mal la production d’eau potable et on peut espérer qu’il y ait une bonne recharge cet hiver."

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