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Les jeunes activistes comme Greta Thunberg méritent le Nobel, estime la lauréate 2011

Les jeunes activistes qui réclament des actions pour le climat et le contrôle des armes seraient de bons candidats pour le Prix Nobel de la Paix cette année, juge l'ancienne lauréate libérienne Leymah Gbowee.

La travailleuse sociale qui avait conduit les femmes à défier les chefs de guerre locaux pendant la deuxième guerre civile qui s'est terminée en 2003 au Liberia, s'est félicitée de l'engagement croissant de la jeunesse.

"Les jeunes se bougent pour améliorer le monde", a déclaré à l'AFP Mme Gbowee cette semaine à Genève, où elle assistait à une conférence sur la gouvernance des armes et la prévention des conflits.

A une semaine de l'annonce par le comité Nobel norvégien des lauréats, elle a confié qu'elle "aimerait, aimerait, aimerait" voir le prix décerné conjointement à la jeune activiste suédoise pour le climat Greta Thunberg et aux partisans du contrôle des armes de "la Marche pour nos vies" aux Etats-Unis.

Mme Gbowee, qui a remporté en 2011 le Prix Nobel de la Paix conjointement avec l'ancienne présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf et l'activiste yéménite Tawakkol Karman, se dit émerveillée par la façon dont la jeune Suédoise "a fait sensation" -- poussant des millions de jeunes autour du monde à exiger des actions des politiques contre le désastre climatique.

"Elle s'est emparée d'une question mondiale énorme et en a fait un sujet personnel", a-t-elle poursuivi, soulignant que des activistes pour d'autres causes devraient s'en inspirer.

"Jusqu'à ce qu'on personnalise les conversations autour des armes nucléaires et de l'armement, elles resteront des conversations (uniquement) entre gens en costumes."

Mais si vous expliquez l'impact personnel d'une question, "les citoyens vont se dresser et le changement alors interviendra", dit-elle.

- "Grève du sexe" -

La militante libérienne, âgée de 47 ans, est elle-même devenue célèbre après avoir en 2002 organisé une grève du sexe dans son pays afin de contraindre les hommes à cesser les combats.

Elle a expliqué à l'AFP que cela ne représentait qu'une "toute petite partie" des efforts des femmes pour ramener la paix.

Mais "une fois que nous l'avons annoncée, les médias s'en sont emparée et c'est devenu la meilleure stratégie de communication".

Mme Gbowee espère que les femmes pourront bientôt se faire entendre sans y mêler le sexe.

"Je crois que nous devrions arriver à un stade (...) où nous n'aurons pas besoin de parler de nos vagins pour attirer l'attention."

La lauréate s'est dite reconnaissante au Prix Nobel pour lui avoir fourni une plateforme afin de continuer à "faire le bien pour l'humanité".

Le prix, a-t-elle souligné, "est accompagné d'un énorme fardeau" qui exige qu'on prenne la parole pour des changements positifs "pas seulement dans mon propre pays, mais aussi pour toute l'Afrique et le monde".

Mme Gbowee a écarté d'un revers de la main les prétentions du président américain Donald Trump à mériter le Nobel de la Paix.

"J'ai l'impression qu'il y a beaucoup de nuages au-dessus du président Trump. Ses politiques semblent plus clivantes que fédératrices."

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