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Des ONG dans le quartier européen contre la criminalisation de l'aide aux migrants

(Belga) Des ONG se sont fait entendre jeudi en début d'après-midi face au bâtiment du Parlement européen à Bruxelles, peu de temps après l'audition de la jeune Allemande Carola Rackete, qui a secoué la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE) de ce même parlement.

Plusieurs députés européens se sont d'ailleurs joints à la manifestation sur la place du Luxembourg, aux côtés entre autres de Carola Rackete, où une banderole annonce: "Time for EU leaders to protect our right to help" ("il est temps pour les dirigeants de l'UE de protéger notre droit à l'assistance"), faisant référence au fait que Carola Rackete est poursuivie en Italie pour avoir récupéré en mer et ramené au port de Lampedusa des migrants en dépit du refus de l'Italie de lui donner accès à son sol. Les associations rassemblées jeudi souhaitaient spécifiquement demander la fin de la criminalisation des actes de solidarité envers les personnes tentant d'atteindre le continent européen, notamment par la mer Méditerranée comme celles sauvées par le navire commandé par Carola Rackete (le Sea-Watch 3). Il faut plus précisément "réviser la directive européenne 2002 concernant la facilitation de l'immigration irrégulière, afin d'établir une distinction claire entre le trafic d'êtres humains et l'assistance humanitaire", explique le CNCD-11.11.11, coupole d'ONG de solidarité internationale. Ce texte assez bref stipule que "chaque État membre adopte des sanctions appropriées" dans deux cas. C'est le premier cas qui pose problème aux associations: des sanctions sont prévues "à l'encontre de quiconque aide sciemment une personne non ressortissante d'un État membre à pénétrer sur le territoire d'un État membre ou à transiter par le territoire d'un tel État, en violation de la législation de cet État relative à l'entrée ou au transit des étrangers". Il est spécifié ensuite que "tout État membre peut décider de ne pas imposer de sanctions à l'égard du comportement" décrit dans ce point, mais cela reste facultatif. "Cette partie pose problème car elle ne met aucune nuance. Nous souhaiterions que la directive soit réformée et que l'UE s'aligne sur le protocole des Nations Unies en la matière qui est plus clair", indique jeudi Carine Thibaut, directrice de campagne CNCD-11.11.11. En clair, les organisations humanitaires aimeraient qu'on inscrive dans le texte une distinction nette entre les personnes qui assistent les migrants dans un but humanitaire et les passeurs, qui le font dans l'objectif principal de s'enrichir ou d'obtenir un avantage matériel. Ces derniers devraient être sanctionnés, non les premiers, insistent-elles. Carola Rackete, arrêtée par la police italienne dès son entrée dans le port de Lampedusa le 29 juin dernier, en sait quelque chose. La journaliste belge Anouk Van Gestel, du "procès des hébergeuses", était elle aussi présente jeudi. Selon un décompte de PICUM (Platform for International Cooperation on Undocumented Migrants), plus de 150 personnes ont été récemment poursuivies en Europe "pour avoir procuré une assistance humanitaire à des personnes migrantes, dont des réfugiés", communique le CNCD-11.11.11. (Belga)

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