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La mère de Séréna, le "bébé du coffre", de retour devant la justice

La cour d'assises d'appel de la Haute-Vienne a entamé lundi le procès de la mère de Séréna, le bébé dit "du coffre" (de voiture), un rare cas de déni, dissimulation d'enfant et carences de soins pour lequel l'accusée avait été condamnée à deux ans de prison ferme.

Contrairement au procès de novembre 2018 devant la cour d'assises de la Corrèze, Rosa da Cruz, 51 ans, comparaît cette fois détenue.

Huit ans de prison avaient été requis à l'audience, puis le parquet général avait fait appel de la sentence. La défense, qui avait plaidé l'acquittement, avait fait appel à son tour, contestant notamment la déchéance d'autorité parentale.

D'emblée, la cour d'assises d'appel de Limoges, dans son bref rappel initial des faits et de la procédure, a laissé transparaître lundi ce qui fait de l'affaire Séréna un dossier exceptionnel.

D'abord le caractère "massif" des carences qu'avait subies Séréna lorsqu'elle fut découverte, à 23 mois, dans le coffre du break maternel par l'employé d'un garage de Terrasson-Lavilledieu où la mère avait apporté le véhicule pour réparation. Sa mère la gardait soit dans ce coffre, dans l'habitacle de la voiture, soit dans une pièce au sous-sol de la maison familiale, où personne n'allait jamais.

"Souillures", "larves", "odeur pestilentielle" de "putréfaction", "hygiène déplorable", sont les mots des témoins, pompiers et enquêteurs qui ont les premiers vu l'enfant. Il a "fallu quatre lavages successifs pour lui redonner un aspect correct" et la défaire des odeurs d'excréments, notait le CHU de Brive.

Les expertises ont plus tard décrit un syndrome autistique "vraisemblablement irréversible", constitutif d'une "infirmité permanente" et d'un "déficit fonctionnel à 80%", conséquence de 23 premiers mois de "privations sensorielles", "sans aucun contact extérieur ni stimuli".

Séréna, à bientôt 8 ans, a le développement mental d'une enfant de 2-3 ans et partage son temps entre une famille d'accueil et un institut médico-éducatif spécialisé.

Exceptionnels aussi, l'ambivalence et les ressorts psychiques de cette maltraitance, de ce rapport mère-enfant, entre le déni total de grossesse que le premier procès avait acté et le "déni d'enfant" par la suite, qui avait alimenté le débat à Tulle, entre experts, parties civiles et défense, et le fera à Limoges.

Dans son arrêt, la cour d'assises avait retenu un comportement "gravissime" de Rosa da Cruz envers Séréna, mais pour autant "pas entièrement intentionnel", avec une "incapacité de la mère à assumer cette maternité", un "état de sidération l'empêchant de déclarer l'existence de cet enfant".

L'accusée est apparue relativement peu changée par un an de détention, un peu forcie et marquée peut-être, avec la même expression triste et lasse, presque douce. Mais moins prostrée, alors qu'elle commençait, d'une voix claire, à répondre aux questions de la cour, sur sa personnalité, son parcours.

Rosa da Cruz encourt 20 ans de réclusion. Le procès en appel est programmé jusqu'au 16 octobre.

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