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Attentat antisémite de Halle, en Allemagne: le tireur se filme, poste la vidéo de son crime sur internet et affirme que la Shoah "n'a jamais existé"

L'auteur présumé de l'attentat de Halle en Allemagne près d'une synagogue a lui-même filmé la fusillade et diffusé la vidéo sur la plateforme internet Twitch, a indiqué mercredi le site SITE, spécialisé dans la surveillance des organisations terroristes. Les autorités soupçonnent cet individu d'appartenir à la mouvance d'extrême droite allemande.

Mercredi midi, dans la ville allemande de Halle. Un jeune homme au crâne rasé et au visage juvénile se filme dans sa voiture. Il s'apprête à commettre un attentat ultraviolent ciblant une synagogue. Mais rien ne va marcher comme prévu et tout sera improvisé. La mise en scène rappelle fortement le procédé suivi par l'auteur australien de l'attentat contre deux mosquées à Christchurch en Nouvelle-Zélande en mars, qui avait fait 51 morts.


"Salut, mon nom est "Anon""

Dans un anglais hésitant, au volant de sa voiture, le tueur, qui a posté sa vidéo de 35 minutes sur la plateforme Twitch, se présente: "Hello, mon nom est 'Anon'". Probablement une abréviation pour signifier qu'il entend rester "anonyme". Puis il se livre à une diatribe antisémite, affirmant "que l'Holocauste n'a jamais existé ou que la "racine de tous les problèmes, c'est le juif".

Il s'en prend au féminisme et à "l'immigration de masse". Avant de passer à l'acte, l'auteur de l'attentat a publié un manifeste dans lequel il décrit ses intentions. La directrice de SITE, Rita Katz, a indiqué sur Twitter que ce document "semble avoir été créé il y a une semaine, le 1er octobre". Selon elle, il montre "des photos des armes et des munitions utilisées", dont des "armes de fabrication artisanale", et fait part de l'objectif de "tuer autant d'anti-Blancs que possible, de préférence des Juifs".

Die Welt rapporte sur son site internet que le texte, long d'une dizaine de pages et rédigé en anglais, mentionne spécifiquement le projet d'attaquer la synagogue de Halle lors de la fête juive de Yom Kippour, et de survivre. 

Le ministre de l'Intérieur Horst Seehofer a parlé d'une "attaque antisémite" pour laquelle un sympathisant "d'extrême droite" est suspecté. Ganté, en tenue kaki, il est armé d'un fusil qui semble artisanal et circule en voiture, l'autoradio allumée.


Il tente d'entrer dans la synagogue, mais la porte est fermée

Il se gare ensuite dans une rue, non loin d'une synagogue. En ce jour de Yom Kippour, plusieurs dizaines de personnes sont en train d'y prier. Il tente d'en ouvrir la porte, fermée à double-tour. "Fuck!" lance-t-il. Puis "merde" en allemand. "Peut-être qu'ils vont sortir".

Il pose son fusil contre le mur de la synagogue et tente de trouver un moyen d'entrer, peut-être en escaladant le mur d'enceinte du cimetière qui jouxte le lieu de culte.

Un cycliste passe dans la rue et le regarde, interloqué.

La porte du cimetière semble plus facile à ouvrir. Il dépose un explosif artisanal devant la porte du cimetière mais aucune détonation ne se produit.

Une femme d'une cinquantaine d'années passe dans la rue et lui demande ce qui se passe, avant de poursuivre son chemin. Il l'abat de trois balles dans le dos.

Le tueur retourne à la porte du cimetière, qui résiste toujours. Il jure puis retourne vers le corps de la première victime, étendu sur la chaussée. "Porc!". Il tire une nouvelle rafale, il est essoufflé, jure entre ses dents.

Un passant s'approche du corps de la première victime. Le tueur veut l'abattre mais il ne parvient pas à recharger son arme. L'homme peut repartir en voiture.

Le tueur tire alors à plusieurs reprises dans la porte de la synagogue, puis essaie de la défoncer. "Merde!", il n'y arrive pas. Il tire sur une autre voiture qui passe, puis tente de remonter dans son véhicule, avec difficulté: le corps de sa victime bloque en partie la portière.


Il se traite de "looser" puis tire une rafale dans un restaurant

Il repart finalement, ses essuie-glaces fonctionnent alors qu'il ne pleut pas. "T'es un loser!", se lance-t-il à lui-même. "Désolé les gars, j'ai fait de la merde, j'ai essayé de tuer" des gens, lance-t-il à son auditoire.

Quelques centaines de mètres plus loin, il s'arrête près d'un restaurant turc, épargne une vieille dame qui passe mais tire une rafale dans le restaurant. Un employé se réfugie au fond avec deux clients. Ils se cachent derrière un distributeur de boissons.

Il tente de recharger son arme mais ne semble pas y parvenir. On entend les douilles tomber à terre. "S'il vous plaît, non!" crie un homme, son portable à la main. Un homme sanglote. "Loser!" lui crie le tueur, qui lui tire une balle à bout portant.

Il sort dans la rue, et tire sur un passant, qui parvient à s'enfuir. Il revient finalement dans le restaurant et tire à nouveau, à deux reprises, sur la victime.

Il veut repartir en voiture mais à une cinquantaine de mètres, un voiture de police lui barre la route. Il sort du véhicule et tire à plusieurs reprises sur les policiers qui ripostent et le touchent. Le tueur s'effondre quelques secondes, avant de parvenir à remonter en voiture et de s'enfuir.

On l'entend gémir, la radio fonctionne toujours. On aperçoit son visage, son cou est ensanglanté.

Dans la soirée, la police a annoncé son arrestation.




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