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La parole raciste d'un policier envers un voyageur d'origine congolaise dans un train vers Liège saisie dans une vidéo: l'agent a été identifié

Un vif échange entre un voyageur belge d'origine congolaise et un policier auquel avait fait appel un accompagnateur de train lors d'un contrôle de billet problématique a été filmé par un passager situé juste derrière et publié sur les réseaux sociaux. On y entend le commentaire raciste du policier.

Les faits remonteraient à mardi soir. Joshua, une Liégeois de 23 ans revenant de Londres, a pris un train mardi soir à Bruxelles pour rentrer à Liège alors qu'il avait prévu initialement de rentrer le lendemain à 5h du matin, rapportent nos confrères de SudPresse. Est-ce cela qui a provoqué le débat sur la validité de son billet ? Toujours est-il qu'un échange a lieu entre un policier et le voyageur au cours duquel l'agent déclare à plusieurs reprises au passager qu'il peut rentrer à Kinshasa si ça ne lui plait pas. "Vous n'avez pas le droit de me parler comme ça" s'insurge le voyageur avant de répéter à plusieurs reprises "Répétez ce que vous venez de me dire". "Si le système belge ne vous plait pas, retournez à Kinshasa", répond alors le policier qui lui demande sa carte d'identité. Le voyageur énervé refuse: "Je ne vous passerai pas ma carte d'identité (...) Vous êtes des fous ou quoi? Je suis votre chien?", se fâche-t-il. Et moi, je suis la police fédérale rétorque son vis-à-vis, ajoutant: "Votre ticket n'est pas valable". "J'en ai rien à battre, j'ai payé mon ticket" maintient le voyageur.

Le policier a été identifié

Finalement, le voyageur a été débarqué à Waremme où plusieurs policiers l'attendaient. La SNCB indique qu'une enquête interne est ouverte.

La police fédérale a, elle, ouvert une enquête interne. "Le collègue en question a d'ores et déjà été identifié. Il n'est pas suspendu mais ne peut plus être en contact avec le public pendant la durée de l'enquête", a précisé à Belga une porte-parole. La police rappelle également que "les propos racistes ne sont pas tolérés en son sein".

Le jeune homme a publié une réaction

La vidéo a été partagée de nombreuses fois sur les réseaux sociaux, de nombreuses personnes s'indignant des propos racistes du policier. Hier, Joshua a publié une réaction sur son compte Instagram. "C'est juste quelque chose qui m'a sorti de ma personne parce que ce n'est pas normal. Si vous êtes dans la même situation, n'hésitez pas à mettre la bouche, à parler, parce que ce n'est pas logique", dit-il.

La réaction de la SNCB et ses précisions sur les faits

La société des chemins de fer a réagi sur son compte Twitter: "Suite à une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux : pour la #SNCB, tout propos raciste est inacceptable. Notre accompagnateur n’a tenu aucun propos de cet ordre. Il s'agit d'une altercation entre le voyageur et un agent de la police des chemins de fer, qui mène une enquête".

D'après l'enquête menée en interne par la SNCB, le billet qui permettait à Joshua de faire Londres-Bruxelles-Liège n'était pas un titre de transport SNCB et donc celui-ci n'était pas valable pour le train à bord duquel il était monté. La société des chemins de fer confirme donc que l'accompagnateur n'a fait qu'appliquer la procédure générale, valable pour tous. Le contrôleur de service a ainsi indiqué au voyageur que son titre de transport n'était pas en règle et l'a invité à se régulariser en payant son ticket au tarif à bord (prix du trajet + 7 euros). Ce que Joshua a refusé de faire, arguant avoir déjà acheté son billet, et s'est dès lors vu infliger une amende de 75 euros, pour laquelle sa carte d'identité lui a été demandée.

"Le voyageur a refusé de la lui donner et il a ensuite lui-même proposé à notre accompagnateur d'aller chercher les agents de police qui se trouvaient déjà dans la même voiture", explique la porte-parole de la SNCB. C'est là que la situation a dégénéré.

Ces dernières heures, les réactions se sont multipliées sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes interpellant la société des chemins de fer. Celle-ci précise que son accompagnateur s'est mis en retrait lors de la confrontation avec le policier et n'a pas tenu de propos racistes. Elle rappelle toutefois au passage que tout "propos raciste est évidemment inacceptable".


Joshua a rendez-vous avec Unia

Joshua Twanbilanga a rendez-vous ce vendredi matin avec Unia, le centre interfédéral de l'égalité des chances, afin de finaliser son dossier de plainte, a-t-il indiqué jeudi à Belga. "Je suis en procédure de le faire (porter plainte à la police, NDLR). J'ai rendez-vous demain matin avec Unia pour finaliser le dossier et qu'il soit fait de manière plus impactante", a-t-il fait savoir jeudi.

Le centre interfédéral de l'égalité des chances dit avoir reçu le signalement d'un témoin. "Réduire la personne à ses origines, c'est ça le racisme", a réagi le porte-parole d'Unia, Lode Nolf, qui fait remarquer que le rôle d'un policier devrait être d'apaiser les tensions et de protéger les citoyens plutôt que de mettre de l'huile sur le feu.

Unia traite un peu plus de 2.000 dossiers par an, parmi lesquels une cinquantaine concerne des violences policières. "Ce qui est singulier, c'est que deux tiers de ces plaintes traitent de critères raciaux, ce qui représente le double de la moyenne pour la police".

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