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Marc Dutroux s'est exprimé devant les avocats des victimes et il "est toujours là avec sa tactique des réseaux"

Ce jeudi, le Tribunal de l'application des peines (TAP) de Bruxelles, qui siégeait exceptionnellement à la prison de Nivelles, a reçu la demande de désignation d'un collège de médecins experts pour examiner l'état mental et le risque de récidive de Marc Dutroux. Les avocats des victimes ont pu exprimer leur désaccord avec cette procédure dont ils sont exclus, avant de devoir quitter les lieux. Le TAP décidera à huis clos et rendra sa décision le 28 octobre.

Marc Dutroux a comparu jeudi matin devant le tribunal de l'application des peines (TAP) de Bruxelles, qui a siégé à huis clos à la prison de Nivelles. L'audience était consacrée à l'examen de la demande des avocats du détenu, qui souhaitent qu'une nouvelle expertise psychiatrique de leur client soit réalisée. La requête s'inscrit dans la constitution d'un dossier pour appuyer prochainement une demande de libération conditionnelle de Marc Dutroux.

À sa sortie, l'avocat de Laetitia Delhez et Jean-Denis Lejeune, Me Georges-Henri Beauthier, s'est exprimé au micro de Dominique Demoulin et Eric Poncelet. Il a déploré l'attitude de Marc Dutroux. "On est en face de quelqu'un qui semble ne rien réaliser du tout, qui fait semblant de ne rien réaliser du tout. C'est son droit mais c'est dur", explique-t-il. Il décrit chez le tueur pédophile "un comportement qui lui appartient. Comme si c'était quelqu'un d'autre dont on parlait. (…) C'est terrible de se rendre compte que 20 ans après, on est toujours là avec sa tactique des réseaux, avec sa tactique "c'est pas moi c'est les autres". Quand va-t-il avouer ce qu'il a fait? Et comment."

Les arguments entendus mais cela ne change rien à la procédure

L'avocat trouve également que la procédure en cours au TAP est à revoir, mais il est heureux d'avoir pu donner son avis avant le début de celle-ci. "J'ai pu, avec ma consoeur, dire ce que je pensais de cette manière d'agir, en tronçonnant le débat, en ne nous donnant pas la parole entièrement, en ne nous montrant pas le dossier, en ne nous permettant pas d'exercer nos droits de défense. Je crois que, et c'est rare, mais j'ai ressenti une écoute particulière parce que c'est l'évidence que ça doit changer. On nous a entendu le temps nécessaire, on ne nous a pas permis de voir le dossier, on ne nous a pas permis d'avoir notre mot à dire mais au moins on a pu exprimer notre désaccord de partir au moment où les débats allaient commencer, de ne pas avoir reçu un mot d'explication que ces experts, sur ce à quoi ils allaient servir, et dans la dignité et dans la sérénité on a pu plaider qu'il n'y avait pas de vérité qui avait été dite par M. Dutroux. Quand je dis ça, au moins qu'il nous donne une version plausible. Il a menti pendant 20 ans, qu'il donne aux victimes l'occasion d'essayer de tourner la page. L'indemnisation on n'en parle même pas, c'est comme si il était au-dessus de tout ça. Donc tout ça on a pu le dire, mais le problème reste entier."

Décision le 28 octobre prochain

Marc Dutroux, 63 ans en novembre, a été condamné en 2004 à la prison à perpétuité pour le rapt, la séquestration et le viol de 6 fillettes et jeunes filles en 1995-96, ainsi que pour la mort de 4 d'entre elles -deux assassinées et deux mortes de faim-. Sa requête d'être évalué par des experts entre dans le cadre d'une demande de libération conditionnelle. Cette audience ce jeudi, son avocat, Me Dayez, la présente comme "une étape obligée dans le parcours" vers cette libération conditionnelle qu'il espère décrocher à l'horizon 2021.

L'audience a duré moins d'une heure et demi et une décision sera rendue le 28 octobre prochaine. Il faut signaler que si l'expertise est accordée par le TAP (dont les 5 juges doivent statuer à l'unanimité), rien ne dit que l'avis des médecins sera positif et incitera à poursuivre le processus, qui serait alors de défendre devant le TAP des perspectives d'activité avec un point de chute hors de prison.

Pour Me Beauthier, "bien sûr M. Dutroux ne va pas sortir. (…) Il faudra attendre quelques mois, et puis on reviendra, on ressortira nos arguments, on fera les recours nécessaires." Pourtant, les décisions du TAP pour les condamnés à 30 ans de prison et plus ne sont susceptibles d'aucun recours.

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