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Délits sexuels graves sur mineurs: la Chambre vote une loi pour les rendre imprescriptibles

La Chambre a approuvé ce jeudi en séance plénière une proposition de loi qui vise à rendre imprescriptibles les délits sexuels graves commis sur des mineurs. Le texte a recueilli l'unanimité moins l'abstention des écologistes et du député indépendant Jean-Marie Dedecker.

La proposition vient du du président du sp.a, John Crombez, et de la députée N-VA Valerie Van Peel. Elle a été cosignée par des députés CD&V, Open Vld, Défi et MR. Elle supprime tout délai au terme duquel les auteurs d'un délit sexuel grave commis contre des mineurs ne peuvent plus être poursuivis.

Actuellement, seuls le génocide, les crimes de guerre et contre l'humanité sont imprescriptibles. Les délits sexuels graves sont prescrits après 15 ans à compter du jour où la victime atteint l'âge de 18 ans.

Risque d'erreurs?

Dans le monde judiciaire, Avocats.be et l'Association syndicale des magistrats se sont inquiétés d'une "nouvelle loi émotionnelle". Ils redoutent que l'écoulement du temps accroisse le risque d'erreurs judiciaires et qu'à l'inverse un non-lieu, faute de preuves, n'apaise pas davantage les victimes que la prescription.

Les crimes sexuels sur mineurs, un sujet sensible

La question du délai de prescription des dossiers de pédophilie, maintes fois débattue dans l'enceinte parlementaire, est revenue à l'avant-plan avec la création en 2010 d'une commission parlementaire spéciale relative au traitement d'abus sexuels et de faits de pédophilie dans une relation d'autorité, en particulier au sein de l'Eglise.

La possibilité de pouvoir encore recourir aux tribunaux revêt une importance symbolique

"Toutes sortes de raisons" font en sorte qu'il est souvent impossible pour les victimes de porter plainte immédiatement après les faits, observent les auteurs de la proposition. La plupart de ces victimes déplorent l'existence d'un délai de prescription. "Nous avons conscience qu'il ne sera plus possible de trouver des preuves des années après les faits et qu'une action juridique aboutira à un non-lieu faute de preuves. Quoi qu'il en soit, nous estimons que la possibilité de pouvoir encore recourir aux tribunaux revêt une importance symbolique, non seulement pour la société, mais surtout pour le processus d'acceptation des victimes", justifient les rédacteurs du texte législatif.

Ceux-ci soulignent néanmoins qu'il est "absolument nécessaire" de continuer à sensibiliser les victimes pour qu'elles se déclarent le plus rapidement possible.

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