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Fin de l'occupation de l'ambassade du Venezuela à Brasilia par des pro-Guaido

Les partisans du chef de l'opposition vénézuélienne Juan Guaido ont quitté mercredi l'ambassade du Venezuela à Brasilia qu'ils avaient occupée une douzaine d'heures, mettant fin à une situation confuse au moment où se tenait la réunion des pays des Brics dans la capitale brésilienne.

L'évacuation a été confirmée en fin d'après-midi par une porte-parole de Teresa Belandria, ambassadrice désignée par M. Guaido à Brasilia, qui avait appelé les sept consulats du Venezuela au Brésil à faire défection pour s'opposer au régime socialiste de Nicolas Maduro.

Mais ce coup de force symbolique mené par 11 hommes et trois femmes, selon la chargée de presse de l'ambassade, a pris des allures de pétard mouillé.

Teresa Belandria avait d'abord assuré dans un communiqué que des membres du personnel au sein de l'ambassade avaient livré "volontairement la mission diplomatique à la représentation accréditée légitimement au Brésil".

Le président brésilien Jair Bolsonaro avait cependant affirmé quelques heures plus tard sur Twitter avoir "pris des mesures pour rétablir l'ordre" à l'ambassade, dont les occupants sont sortis par une porte de derrière, selon une vidéo partagée par un élu du Parti des Travailleurs (PT, gauche).

Le gouvernement d'extrême droite soutient pourtant activement Juan Guaido, qui s'est unilatéralement proclamé président du Venezuela -- un pays qui s'est enfoncé dans une dramatique crise sociale et économique -- et dont la légitimité a été reconnue par une cinquantaine de capitales.

- "L'ambassade est à nous" -

Un tweet d'un des fils du président, le député Eduardo Bolsonaro, avait alimenté des rumeurs selon lesquelles le gouvernement brésilien aurait facilité l'intrusion des opposants.

"Si le Brésil reconnait Guaido en tant que président du Venezuela, pourquoi l'ambassadrice Teresa Belandria, qu'il a nommée, ne se trouvait pas déjà physiquement à l'ambassade? Il semble qu'à présent, ce qui est en train d'être fait est correct et juste", avait-il affirmé.

Mais la présidence a rectifié le tir dans un communiqué assurant que Jair Bolsonaro n'avait en aucun cas "encouragé l'invasion de l'ambassade du Venezuela par des partisans de M. Guaido".

Plusieurs dizaines de policiers brésiliens se sont postés devant l'ambassade, où une centaine de militants de gauche ont protesté contre l'occupation, criant "Guaido putschiste" ou "Guaido narcotrafiquant", ont constaté les journalistes de l'AFP.

L'annonce de la sortie des partisans de l'opposant vénézuélien a été célébrée par ces militants de gauche, qui scandaient "l'ambassade est à nous".

Freddy Menegotti, le chargé d'affaires de l'ambassade resté loyal au président Maduro, s'est félicité d'être parvenu à "repousser une attaque des ennemis de la révolution (...) grâce à la solidarité" des militants de gauche.

"C'est une situation absurde que nous sommes en train de vivre ici au Brésil. Nous sommes en présence d'une agression violente contre un autre pays (…) Notre Constitution interdit toute ingérence dans des conflits d'autres pays", avait affirmé à l'AFP la députée du PT Maria do Rosario, présente devant l'ambassade avec d'autres personnalités de gauche.

Si le gouvernement Maduro a dénoncé avec virulence "l'invasion commise par des groupes violents" et la "passivité de la police brésilienne", Juan Guaido ne s'est pas prononcé sur le sujet.

- Tension autour des Brics -

Ces événements ont eu lieu à quelques kilomètres du Palais d'Itamaraty, siège mercredi et jeudi du sommet des Brics avec les présidents chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine, qui ont déjà eu des rencontres bilatérales dans la journée.

Le Venezuela est un sujet de divergence au sein des Brics, où le Brésil est le seul pays à reconnaître la légitimité de Juan Guaido, la Chine comme la Russie soutenant Nicolas Maduro.

Libéré de prison vendredi dernier après un an et demi d'incarcération pour corruption, Lula, chef historique du PT, avait exprimé le lendemain sa "solidarité" envers les gouvernements de gauche d'Amérique du Sud.

"Nous devons être solidaires du peuple vénézuélien", a-t-il notamment affirmé lors d'un discours au syndicat des métallurgistes de Sao Bernardo do Campo, près de Sao Paulo.

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