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Dépôt en Argentine d'une plainte dénonçant les crimes contre les Rohingyas

Une plainte dénonçant les crimes commis contre la minorité musulmane des Rohingyas en Birmanie, visant notamment la cheffe de facto du gouvernement Aung San Suu Kyi, a été déposée mercredi en Argentine en invoquant le principe de justice universelle.

"Cette plainte vise à sanctionner pénalement les auteurs, les complices et ceux qui ont couvert le génocide. Nous le faisons à travers (la justice) argentine car ils (les Rohingyas) n'ont pas la possibilité de la déposer ailleurs", a déclaré à l'AFP l'avocat des plaignants Tomas Ojea.

L'avocat était accompagné par Tun Khyn, un Rohingya survivant et déplacé, qui dirige l'organisation Burmese Rohingya Organisation UK (BROUK), basée à Londres.

"Nous allons essayer de faire citer les accusés et, si cela est nécessaire, de faire émettre des mandats d'arrêt internationaux. Voilà l'objectif de cette plainte, rendre justice, ni plus, ni moins", a ajouté Me Ojea.

La plainte pour torture, disparition et abus sexuels notamment, a été déposée devant un tribunal de Buenos Aires, où la juge Maria Servini doit déjà instruire des plaintes concernant des crimes commis pendant la Guerre civile espagnole (1936-39) et la dictature de Francisco Franco (1939-75).

En 2010, des victimes du franquisme avaient porté plainte en Argentine. La juge Maria Servini y avait alors invoqué le principe de justice universelle pour lancer un mandat d'arrêt contre 19 Espagnols franquistes, dont d'anciens ministres de Franco encore en vie. Madrid n'avait pas donné suite.

"Le génocide n'est pas inclus (dans la plainte) car ce n'est pas un délit prévu par le Code pénal. Cependant, il y a des lois qui le reconnaissent, qui réglementent le statut de Rome, Tun Khyn a donc demandé à ce que le crime de génocide soit inclus. Nous espérons que ce sera le cas", a ajouté l'avocat.

A partir de fin août 2017, quelque 740.000 musulmans rohingyas, persécutés par les forces armées birmanes et des milices bouddhistes, ont fui la Birmanie, majoritairement bouddhiste. Cette répression a été qualifiée par l'ONU de "nettoyage ethnique", une accusation rejetée par les autorités birmanes.

Dans un rapport présenté en septembre devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, la Mission d'établissement des faits de l'ONU a affirmé que les 600.000 Rohingyas qui sont restés en Birmanie vivaient sous la menace d'un "génocide".

Malgré la transition démocratique initiée en 2011, l'armée reste très puissante sur l'échiquier politique birman, occupant un quart du parlement et trois ministères clés, dont celui de la Défense.

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