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L'église Sainte-Marie de Lodelinsart va être détruite: "Un séisme dans notre localité!"

Fermé depuis 2012, l'édifice constitue désormais un risque pour la population. Une rénovation serait trop onéreuse. Des paroissiens accusent la Ville d'avoir joué la carte du "pourrissement".

"Ce qui se produit est un séisme dans notre localité !". Les mots sont d'Eric, un habitant et surtout un paroissien de Lodelinsart (Charleroi) qui venait d'apprendre ce lundi matin que l'église Sainte-Marie allait être "abattue". Il nous en informait via le bouton orange Alertez-nous, avec un sentiment d'amertume où se mêlaient colère et tristesse. C'est l'association La Mémoire des maîtres verriers (Lodelinsart était l'un des centres de l'industrie du verre belge, florissante et réputée dans le monde entier au XIXe et début du XXe siècle) qui a communiqué la nouvelle sur sa page Facebook : "Paf, la nouvelle vient de tomber! L'église Sainte Marie de Lodelinsart sera démolie début décembre". L'annonce est immédiatement suivie d'accusations: "Malgré toutes les bonnes volontés pour la sauver, elle disparaitra ce 5 décembre avec la bénédiction et surtout une réelle volonté des plus hautes autorités."

Le cabinet de l'échevin des Bâtiments de Charleroi nous a confirmé la prochaine destruction de l'église qu'elle comptait annoncer d'abord aux riverains lors d'une réunion prévue ce mercredi soir. L'édifice sera déconstruit pour des raisons de sécurité. Fermé depuis 2012, et laissé à l'abandon, il représente désormais un danger, des parties risquant de s'effondrer. Il s'agit d'une mesure d'urgence selon la Ville. Le chantier démarrera dès le 25 novembre prochain.

Outre la fragilité des fondations (il y aurait des galeries minières dans le sous-sol), le bâtiment a souffert d'infiltrations d'eau notamment causées par un... pigeon. "Le pigeon est allé dans la gouttière. La fabrique d'église a demandé à la Ville de retirer le pigeon mais personne n'a rien fait. Le pigeon a empêché la descente d'eau et du plâtrage a fini par tomber", a expliqué Pierre Romain, le président de La mémoire des maîtres verriers, à notre journaliste Michaël Menten.

Eric et Pierre reprochent à la ville de n'avoir rien fait pour tenter de sauver le bâtiment et d'avoir "utilisé la technique du pourrissement". Pour les deux chrétiens, attachés à leur paroisse, le fait que Charleroi ait été et soit toujours dirigé par des socialistes n'a pas favorisé le sort de l'église. Du côté de la commune, on avance essentiellement des raisons financières. "Elle s'est dégradée au fil des ans. Une remise en état serait vraiment trop onéreuse. Il s'agirait d'un chantier de plusieurs millions, ceci pour un bâtiment qui est surdimensionné par rapport aux besoins", invoque le cabinet de Xavier Desgain (Ecolo), l'échevin des Bâtiments.

Leur église condamnée, Eric et Pierre s'inquiètent désormais pour certaines belles pièces architecturales, notamment d'immenses vitraux. La Ville se veut rassurante : "On ne va pas détruire l'église à la boule", prévient Franco Meggetto, l'attaché de presse de Xavier Desgain. Les cloches seront d'abord retirées et le clocher démonté car il s'agit des parties les plus sensibles en termes de sécurité. Les grands vitraux seront eux aussi préservés. "Enlever les grands vitraux sans les abîmer prendra du temps", précise Franco Meggetto qui ajoute que l'intention de la Ville est de "récupérer un maximum d'éléments de l'église qui mérite une attention particulière." Vu ces opérations délicates, il n'est à l'heure actuelle pas possible d'estimer le temps que durera ce chantier.

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