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Dépénalisation de l'avortement: certains praticiens sont absolument pour, d'autres sont plus mitigés

La Commission de la Justice de la Chambre a approuvé mercredi les articles de la proposition de loi qui dépénalise complètement l'avortement. Le CD&V a demandé une deuxième lecture. Le vote sur l'ensemble attendra donc au moins deux semaines. Sur le terrain, ce vote divise. Certains praticiens sont pour, d'autres contre.

Le docteur Bomboir pratique des avortements depuis une vingtaine d’années. La loi lui impose de ne pas faire d’interruption volontaire de grossesse après 12 semaines de grossesse. Selon elle, ce délai est parfois trop court et pousse les patientes à se faire avorter à l’étranger, dans les pays où la loi est différente. Environ  500 femmes opteraient pour cette solution chaque année. Une situation aberrante et surtout hypocrite selon ce médecin. "On va leur dire: 'Ok, vous ne pourrez pas avorter en Belgique', décrit le docteur Isabelle Bomboir, médecin généraliste dans un centre de planning familial. Mais, elles ne vont pas dire 'Super, alors je le garde'. Non, elles vont dire 'Moi je veux avorter à tout prix, où puis-je aller?' Et elles vont trouver des solutions. C'est très simple d'aller chercher un avortement dans un autre pays".

"De toute façon, une femme qui ne souhaite pas poursuivre une grossesse serait prête à beaucoup de choses pour y arriver, voire à mettre sa propre santé en danger, détaille Delphine Vandershueren, psychologue au centre de planning familial de Courcelles. On a quand même la chance ici de pouvoir le faire dans de bonnes conditions, à la fois médicales et aussi psychologiques grâce à un accompagnement de qualité".


Des gynécologues sont contre: pour eux, 12 semaines, "c'est trop"

Le docteur De Muylder, gynécologue obstétricien est, lui, contre la proposition de loi sur l’avortement. Au-delà de 12 semaines, il considère que la grossesse est à un stade trop avancé pour le fœtus comme pour la femme enceinte. "Autant on conçoit bien qu'une première partie, c'est-à-dire le premier trimestre, est une période d'ambivalence, de difficultés à solutionner, qui peuvent se résoudre par une IVG, autant au deuxième trimestre, on a affaire à des grossesses qui se développent, à un embryon qui devient fœtus", estime-t-il.


Contraintes d'attendre 6 jours: "C'est aberrant"

Autre problème selon le docteur Bomboir, le délai de réflexion imposé par la loi actuelle. La patiente qui décide de se faire avorter, devra consulter son médecin et ensuite attendre minimum 6 jours avant l’IVG. "C'est complètement aberrant pour ces femmes qui nous disent 'Quoi? Six jours? Non!', donc réduire à 48 heures permet de réduire un peu, mais l'idéal ce serait qu'on puisse proposer à ces femmes d'avorter au moment où elles sentent que c'est le moment d'avorter".

Un avis qui n’est pas partagé par le docteur De Muylder. "Pour faire face aux problèmes que vous rencontrez, le délai de 48 heures me paraît particulièrement court", dit-il.

Chaque année en Belgique environ 20.000 femmes se font avorter.

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