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Gares fantômes à Paris: face à la grève, les usagers se sont organisés

Loin du tumulte habituel des matinées parisiennes, les halls des principales gares de la capitale sonnaient creux jeudi: face à la grève annoncée depuis des semaines, les usagers ont pris leurs précautions pour éviter une journée de galère dans les transports publics.

A la Gare Saint-Lazare, un des centres névralgiques des travailleurs franciliens, les "gilets rouges", ces agents d'informations de la SNCF, semblent aussi nombreux que les voyageurs. Et les rares trains de banlieue qui entrent en gare sont loin d'être remplis.

Mais si de nombreux Parisiens ont pris leur voiture, leur vélo ou opté pour du télétravail, certains n'ont cependant pas le choix.

C'est le cas de José et Philippe, deux maçons qui attendent un train pour Sartrouville, au nord-ouest de Paris.

"C'est chiant !", s'exclament-ils en chœur.

"Nous, on a pas de voitures et on ne peut pas poser de jour de congé... Les chantiers n'attendent pas", regrette Philippe, 24 ans.

Un peu plus loin, devant les panneaux qui affichent les rares trains qui circulent, Didé regarde avec perplexité si elle pourra se rendre à Bécon, une banlieue proche de la capitale. "Je comprends la grève, mais je pense qu'il faudrait un service minimum. J'espère que mon patron va être compréhensif...", soupire cette hôtesse d'accueil.

Résigné, Mendes, qui travaille dans le bâtiment, raccroche son téléphone. Faute de train, son patron lui a donné une journée de congé et il s'apprête donc à rebrousser chemin pour rentrer chez lui.

A Montparnasse, autre grande gare parisienne, un agent SNCF confie que seule une petite centaine de voyageurs a emprunté la ligne de Versailles, dix fois moins que d'habitude.

Et pour les TGV, seuls 14 trains sont prévus sur toute la journée.

- Moins de trains, plus de vélos -

Du côté de la gare du Nord qui dessert plusieurs destinations européennes, le constat est similaire: patience et résilience dominent chez les rares voyageurs qui se sont risqués à tenter leur chance.

"Je suis arrivé à 6h pour un train pour Amsterdam à 8h25. J'avais peur d'être là un peu trop tôt mais je ne regrette pas parce qu'il faut bien vérifier toutes les informations qu'on reçoit et celles qui sont affichées", déclare à l'AFP Kléber, un programmateur informatique de 27 ans, qui profite de son attente pour jouer du piano en libre-service dans la gare.

"Je suis témoin au mariage de mon amie d'enfance à Cologne, demain après-midi, donc je n'ai évidemment pas pensé à annuler mon voyage mais ça génère beaucoup d'appréhension", s'inquiète tout de même Nicole, une trentenaire.

Autre lieu de passage très fréquenté, la gare d'Antony, qui relie à la fois Paris et l'aéroport d'Orly, était elle aussi bien plus calme qu'à l'accoutumée.

Jérémie, un gendarme de 39 ans de retour de la Réunion, se demande comment il va réussir à rentrer chez lui, mais assure comprendre les grévistes. "S'il faut en passer par là pour être écoutés, on fait avec", dit-il en souriant.

Dans les aéroports la situation n'était pas différente, à l'image du calme régnant à Roissy où bon nombre de passagers avaient choisi d'arriver bien en avance.

C'est ce qu'a fait Raùl, un Chilien de 44 ans qui a passé la nuit à l'aéroport pour prendre son vol...jeudi soir ou encore Javier; un Mexicain de 50 ans, emmené en voiture à l'aube par un ami, pour attendre avec sa famille son vol prévu à 21 heures.

Contrastant avec les métros et les trains quasiment vides, le trafic cycliste était plutôt dense dans les rues parisiennes.

La piste cyclable de la berge qui longe la Seine prenait parfois des allures d'Amsterdam avec plus de vélos que de voitures et un ballet de lumières clignotantes rouges.

Sur la place de la République, la conversation s'engage au feu rouge.

"C'est n'importe quoi, le vélo dans Paris ce matin !", s'exclame un cycliste qui a ressorti son vieux vélo pour l'occasion.

"Il y a du monde et les gens sont énervés à cause de la grève", répond un utilisateur régulier de Vélib'.

Dans les rues, de nombreux piétons chaudement vêtus avaient sorti les plans ou les smartphones, applications de navigation ouvertes.

La question de la durée du mouvement se pose désormais. "Aujourd'hui et demain, les gens se sont arrangés, mais je redoute beaucoup lundi... la galère va commencer", craint un agent de la SNCF à Montparnasse.

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