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Retraites: l'exécutif joue la sérénité en cherchant la sortie de crise

S'affichant "calme et déterminé", l'exécutif s'est efforcé jeudi de ne pas mettre de l'huile sur le feu face aux grévistes tout en assurant que le flou sur la réforme des retraites serait enfin levé la semaine prochaine.

Alors qu'une bonne partie du pays tournait au ralenti, le gouvernement a voulu montrer tout au long de la journée qu'il était au travail en se réunissant pour un conseil des ministres à l'Elysée autour du président Emmanuel Macron.

Edouard Philippe, après un bref déplacement dans l'après-midi au Centre ministériel de veille opérationnelle et d'alerte (CMVOA) du Ministère de la Transition écologique, s'est ensuite rendu à l'Elysée pour une réunion de deux heures.

Le conseil des ministres a donné l'occasion de délivrer une série de messages, également relayés par des membres du gouvernement et des élus de la majorité sur les radios et les télévisions, avec "l'apaisement" comme premier mot d'ordre.

"Nous respectons la mobilisation des Français", a assuré la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye. "Nous entendons aussi le fait qu'il y a des choses qui leur semblent aujourd'hui floues" dans la réforme, a-t-elle reconnu.

Ce flou est, selon elle, "bien normal" puisque "les négociations ne sont pas achevées". Pour cela, "la porte du gouvernement est évidemment toujours ouverte" aux syndicats, appelés à revoir le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye au début de la semaine prochaine.

Le "Monsieur retraites" du gouvernement fera alors une synthèse de ces discussions, sans doute lundi, avant que le Premier ministre Edouard Philippe ne s'exprime vers le milieu de la semaine prochaine sur l'architecture générale de la réforme.

De nouvelles réunions de "calage" sont prévues avant" les ultimes arbitrages" dimanche, selon l'entourage d'Edouard Philippe.

En insistant sur ce séquençage, l'exécutif cherche à affirmer la primauté du processus de consultation sur la mobilisation sociale, surtout si grèves et manifestations sont appelées à durer.

806.000 personnes ont manifesté en France, selon le ministère de l'Intérieur, plus de 1,5 million selon la CGT.

"Ca durera, ça ne fait que commencer, le Premier ministre le dit depuis des mois. On ne met pas en cause les régimes spéciaux sans qu'il y ait une mobilisation très forte dans le pays", assure un proche d'Edouard Philippe.

- "Rapport de force" -

Quant au chef de l'Etat, revenu la veille au soir du sommet de l'Otan à Londres, il suivait la situation à l'Elysée, après avoir indiqué la veille qu'il s'exprimerait "devant les Français" au moment "opportun".

Sur le plan politique, le gouvernement continuait à faire face à un feu croisé de la gauche, présente dans les cortèges, et de l'extrême droite, Les Républicains restant relativement discrets.

Le patron de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a ainsi estimé que Marine Le Pen faisait "un progrès en direction de l'humanisme" en soutenant la mobilisation contre la réforme. Dans la soirée, il s'est déclaré "très optimiste" pour gagner "ce grand bras de fer qui vient de commencer" avec le gouvernement.

Plusieurs cadres du RN ont participé aux manifestations, mais pas Mme Le Pen. "La mobilisation est une réussite. Le gouvernement doit l'entendre", a insisté son vice-président Jordan Bardella.

En marge de la manifestation parisienne, le chef de file écologiste Yannick Jadot a regretté que le gouvernement "ne semble réagir qu'au rapport de force". LR a une nouvelle fois appelé le gouvernement a clarifier son projet.

Gilles Le Gendre, le patron des députés LREM, a dénoncé "l'instrumentalisation politique" et les "récupérations", en visant particulièrement Jean-Luc Mélenchon, qui a manifesté à Marseille.

Pour tenter de répondre aux inquiétudes, le gouvernement a précisé que le système universel de retraite qu'il prépare prendrait "en compte les situations spécifiques". C'est à dire "de la dangerosité des fonctions", notamment pour les policiers, les militaires et le personnel pénitentiaire, ainsi que "des carrières longues, de la pénibilité et des incapacités permanentes de travail", a indiqué Sibeth Ndiaye.

Elle a également souligné que le gouvernement avait pris "l'engagement extrêmement fort" d'une "revalorisation totale des carrières des enseignants".

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