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Le SPD préfère des "discussions" avec Merkel à la rupture de coalition

Pas de "grand soir" au SPD: les nouveaux dirigeants du parti social-démocrate allemand, réuni en congrès vendredi, veulent ouvrir des "discussions" avec Angela Merkel sur le climat et le salaire minimum, et non claquer la porte de la coalition.

L'élection de Saskia Esken et Norbert Walter-Borjans contre un poids lourd du gouvernement Merkel, Olaf Scholz, grand favori du scrutin, a eu samedi dernier l'effet d'un coup de tonnerre.

Mais en moins d'une semaine, le soufflet est en partie retombé et les deux nouveaux dirigeants, investis lors d'un congrès qui démarre vendredi à Berlin, ne bénéficient d'aucun état de grâce.

Ces deux représentants de l'aile gauche du SPD, pour la première fois élus directement par les 426.000 militants, ont en effet revu leurs ambitions à la baisse depuis leur élection.

- 'Courage' -

Ils promettaient une "renégociation" du contrat de coalition conclu dans la douleur début 2018 par le SPD avec les conservateurs de la CDU-CSU. Ce qu'excluent catégoriquement ces derniers.

Mais depuis leur victoire, les deux dirigeants n'évoquent plus que de simples "discussions" sur des thèmes précis, sans soumettre au vote lors du congrès un maintien ou non dans la coalition.

La question fondamentale est celle du contenu, et "non de savoir si oui ou non" le SPD doit rester au gouvernement, a résumé jeudi M. Walter-Borjans.

Des membres de l'aile gauche du parti pourraient toutefois tenter d'obtenir lors du congrès un vote clair sur cette question.

"Le SPD devrait enfin avoir le courage de mettre fin à la coalition et de voter sur ce sujet lors du congrès du parti", déplore ainsi Franziska Drohsel, ancienne dirigeante des remuants Jeunes socialistes, qui soutenaient le duo vainqueur.

L'actuel président des "Jusos", les Jeunes du SPD, le médiatique Kevin Kühnert pourrait toutefois prendre du galon lors du congrès en étant élu vice-président du parti.

Des figures de la sociale-démocratie allemande, telles que l'ex-chancelier Gerhard Schröder ou Martin Schulz, ancien président du parlement européen, poussent eux pour que le SPD reste aux commandes du pays, malgré des sondages en berne à deux ans des élections.

En amont du congrès, le conseil exécutif du SPD, créé sous ce nom en 1890, est tombé d'accord jeudi pour demander à la droite des discussions autour de trois grands thèmes.

- Totem -

Le premier concerne la lutte contre le réchauffement climatique, devenu un enjeu central en Allemagne, pays marqué ces derniers mois par la percée des Verts, devenus le deuxième parti du pays.

Les deux dirigeants avaient mené une campagne très ambitieuse sur ce thème, obtenant le soutien de la branche allemande de Fridays for future, le mouvement initié par la Suédoise Greta Thunberg, très suivi en Allemagne.

Mais, a déploré dans la semaine le mouvement de jeunes, les dirigeants du SPD "se sont éloignés quatre jours seulement après leur élection de leurs promesses", en particulier de demander un prix minimum de 40 euros la tonne de CO2. "Merci pour rien!", a fustigé, amer, Friday for future sur Twitter.

Des discussions sur des "investissements massifs dans les infrastructures publiques" vont également être demandées à l'équipe Merkel, qui reste attachée au totem allemand de "l'endettement zéro".

Enfin, Mme Esken et M. Walter-Borjans plaident pour une hausse à 12 euros du salaire minimum horaire, contre à peu près 9 euros actuellement.

Obtenir de telles avancées implique, pour les partisans de la "Groko" (la "grosse coalition"), de rester allié aux conservateurs, afin de peser à l'intérieur de l'équipe dirigeante. La droite menace en outre de ne pas valider de récentes avancées, comme une pension de base pour les retraités pauvres, si le SPD claquait la porte.

Mme Merkel, qui entend gouverner jusqu'à la fin de la législature en 2021, aurait toujours la possibilité de prendre la tête d'un gouvernement minoritaire si le SPD s'en allait. Près de deux Allemands sur trois (64%) sont favorables à la poursuite de la coalition jusqu'en 2021, selon un sondage Infratest-Dimap publié jeudi.

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