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Jean Lambert, un des derniers témoins de la Bataille des Ardennes, raconte: "On a été envahi par une trentaine de soldats"

Jean Lambert avait 14 ans quand sa maison a été réquisitionnée par l'envahisseur. Il vit toujours à Horritine. Christophe Clément et Alain Hougardy l'ont rencontré.

La bataille des Ardennes fut la dernière offensive allemande de la Seconde Guerre mondiale, marquée par des combats effroyables et la consécration d'un héros américain, Patton, au coeur des hommages du 75e anniversaire rendus jusqu'à lundi en Belgique et au Luxembourg.

La commune de Bastogne, point névralgique de cette offensive surprise lancée le 16 décembre 1944 par les troupes de la Wehrmacht, concentre l'essentiel des commémorations.

La Bataille des Ardennes avait débuté trois jours plus tôt lorsque des soldats allemands se sont emparés de la maison des parents de Jean Lambert, 14 ans à l'époque. "Dans cette pièce relativement exiguë, c'est là que nous dormions avant que les Allemands nous expulsent", a raconté Jean.

Durant 2 semaines, il dort sur le sol et cohabite bien malgré lui avec l'occupant. "Le 31, on a été envahi par une trentaine de soldats qui venaient fêter le Réveillon. Ils avaient de la viande, car ils volaient le bétail des agriculteurs et ils mangeaient véritablement des monceaux de nourriture... Viande et pommes de terre", a ajouté le témoin.

Le 2 janvier 1945, les Américains tentent de reprendre les villages voisins, de violents combats éclatent autour de la maison. Jean et sa famille trouvent refuge dans la cave. "Nous étions dix avec mon oncle. On s'est planqué ici. Ca a commencé vers 8 h du matin les furieux combats. On n'a pas bougé de cette terre froide. Si on sortait, on était tué", a raconté Jean.


 
Un officier SS a obligé les habitants du hameau a tout abandonner. Avant de partir pour un village voisin, la mère de Jean trouve des blessés allemands dans son couloir. "Il y avait des bras et des jambes et on entendait hurler des soldats", a confié l'homme. 

 
75 ans plus tard, la demeure conserve les stigmates de cette époque comme ces traces de balles. "Il y en avait des centaines, mais on en a gardé deux comme souvenir", a précisé l'habitant de Bastogne.

 
"On était en plein combat, Bastogne est située à 7 km d'ici. Tous les soirs, comme on ne savait pas si on serait vivant le lendemain, le curé donnait l'absolution générale. C'est des moments qu'on n'oublie pas", a détaillé l'Ardennais.

 

Après le repli des troupes allemandes, les Lambert retrouvent leur maison en piteux état. Des armes et des cadavres jonchent la propriété. Ces souvenirs, Jean les a couchés sur le papier pour que ses enfants et petits-enfants puissent connaître cet épisode familial de la Bataille des Ardennes. 

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