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Cette jeune entreprise chinoise a mis au point une voiture électrique qui rivalise avec Tesla: "Ça ne doit pas forcément être cher"

Byton était présent pour la troisième fois consécutive au Consumer Electronic Show de Las Vegas, le plus grand salon dédié aux nouvelles technologies. Il y a présenté la version définitive de la M-Byte, sa première voiture 100% électrique et remplie de technologies qui en font "un bureau sur roues". J'ai pu m'entretenir avec son vice-président, le Français Benoit Jacob, responsable du design. La voiture est sur le point d'être commercialisée en Chine, et le sera un peu plus tard en Belgique.

Vous ne connaissez certainement pas Byton, et c'est normal. Il s'agit d'une entreprise chinoise très ambitieuse, qui se veut "une alternative à Tesla" et qui part à la conquête du monde en 2020. D'abord une commercialisation Chine dans le courant de l'année, avant une arrivée sur le marchée européen (et belge) quelques mois plus tard.

Cela fait deux ans que Byton présente son prototype au CES, le Consumer Electronic Show de Las Vegas où je me suis rendu cette année. Chance: en 2020, c'est la version définitive que j'ai pu admirer, avant de discuter avec l'un des vice-présidents de l'entreprise, pour faire le point sur cette voiture entièrement nouvelle.


 

D'où vient cette entreprise ?

Née en 2017, Byton a été fondée avec de l'argent chinois. Celui du mastodonte numérique Tencent, l'équivalent de Google et Facebook en Chine, pour faire simple. Désireuse de s'attaquer au marché international et à la recherche d'experts, Byton a un groupe de dirigeants occidentaux issus des grands noms de l'automobile (BMW, Tesla, etc).

Parti d'une feuille blanche comme Tesla, Byton propose une voiture 100% électrique bourrée de technologie numérique. "C'est plus qu'une EV (electric vehicle), c'est un appareil intelligent sur roues", insistaient les patrons sur scène, lors de la conférence de presse.

De l'ambition, Byton en déborde. Des centaines de millions de dollars ont été levés ou vont l'être prochainement, des partenariats sont conclus avec des grandes entreprises asiatiques spécialisées dans l'énergie. Au siège de Nanjing, en Chine, 1.600 employés s'affairent dans une usine de 800.000 mètres carrés où l'entreprise sera capable d'assembler 300.000 voitures par an. Les premières en sont sorties il y a quelques semaines.

60.000 personnes ont marqué leur intérêt en précommandant la voiture, dont 25.000 en Europe. La Byton est bientôt commercialisée en Chine. Elle ne sera disponible en Belgique à la commande qu'en automne 2020. Les livraisons en Europe auront lieu en 2021.


550 km d'autonomie, environ 50.000€

Avant de parler de toutes ses fonctionnalités qui en font un petit bureau sur roue, passons aux données concrètes.

La Byton est un petit SUV électrique qui sera commercialisé en Europe à un prix d'environ 45.000€, hors taxe (donc en Belgique, il faut ajouter la TVA, à moins que d'ici là, des politiques fiscales encourageant les voitures électriques ne changent la donne).

C'est le prix de la version de base avec des batteries renfermant une puissance de 72 kWh (autonomie de 430 km). La version embarquant 92 kWh sera disponible en 4x4 (505 km) mais c'est en transmission aux roues arrière uniquement qu'elle affichera la meilleure autonomie: 550 km.

On est dans les mêmes genres de chiffres que le Tesla Model 3 de base: 40.000$ hors options pour 400 km d'autonomie. Mais la Model 3 est berline de base, tandis que la Byton est un peu plus spacieuse. "On a choisi de faire un SUV car c'est le format le plus populaire actuellement, et il convient bien à un voiture électrique", dont les batteries, sous le plancher, réhaussent naturellement la hauteur de caisse. C'est Benoit Jacobs, vice-président et responsable du design de Byton, qui m'a présenté la voiture en marge du CES.


 
 

Un bureau sur roue

Je dois l'avouer, la Byton M-Byte m'a séduite. Son look est soigné et original, notamment grâce aux phares sculptés. Le côté technique semble au point, mais c'est surtout l'intérieur qui est extraordinaire. "Un bureau sur roue", disaient les patrons lors de la présentation. Magnifique écran de 48 pouces (un record) à l'avant, nombreuses commandes à l'avant et à l'arrière (il y a même un écran tactile… sur le volant), riche ordinateur de bord… ça en jette.

On a vu des démos sur le stand de Byton, et tout commence par la reconnaissance faciale quand vous rentrez dans la voiture, ce qui a comme effet d'afficher votre interface personnalisée (agenda, fond d'écran, météo, etc) sur l'immense écran tactile d'une diagonale de 48 pouces.

Grâce à la triple antenne 5G dissimulée dans le toit qui connecte la voiture et diffuse du Wi-Fi à l'intérieur, cet écran peut passer, une fois la voiture garée, en "mode bureau". Visioconférence via les caméras intégrées, bureautique (mails, messages, calendrier), divertissement (jeu vidéo, applications diverses)… Pour le fun il est même possible de faire des selfies avec la caméra pointée vers l'habitacle.

Tout ce que j'ai vu de cette interface utilisateur est prometteur, mais il faut attendre des tests avant de juger de l'efficacité et de la pertinence d'une telle installation.



"Ça ne doit pas forcément être cher"

"C'est sur l'interface utilisateur, le logiciel et les écrans qu'on a dépensé beaucoup d'argent", admet notre interlocuteur. Et c'est ce qui fait grimper le prix de la facture.

Pourtant, malgré le luxe et les prestations, la voiture reste dans des budgets abordables (une berline allemande bien équipée atteint rapidement les 50.000 euros). "Une voiture électrique, ça ne doit pas forcément être cher", explique Benoit Jacob.

Le secret, "c'est qu'on est resté pragmatique, concret, on n'a pas essayé de faire une voiture incroyable à tous les niveaux, on n'a pas mis des innovations dingues partout". Les parties électriques (batteries, trains roulants, moteurs) coûtent de moins en moins cher, c'est donc juste l'écran de 48 pouces, les autres écrans et le logiciel qui représentent un investissement important.

Assemblée par Byton en Chine à partir de pièces provenant de plusieurs partenaires ("comme le font la plupart des constructeurs"), la M-Byte sera distribuée sur le même modèle que Tesla: commande et personnalisation en ligne, entretien avec des réseaux partenaires déjà implantés dans le pays.

D'autres projets sont déjà en route, même si on n'en saura pas plus actuellement. "On veut y aller concrètement, quand les voitures seront sur les routes, on parlera des autres projets", relativise Benoit Jacob.

Restent quelques interrogations sur la manière de distribuer et d'entretenir ces voitures: dans chaque pays d'Europe, il faudra nouer des partenariats. Tesla a une avance considérable dans le domaine, notamment avec des dépannages à domicile, quelques concessions et lieux d'entretien, etc…




 

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