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Les tests de Mathieu: la Renault ZOE a doublé son autonomie, mais cette petite voiture électrique tient-elle une semaine ?

Les voitures électriques font partie du paysage technologique en plein progrès, raison pour laquelle j'ai décidé de me pencher sur leur cas. Loin du concept cher et luxueux de Tesla (et a priori de Byton dont je vous ai parlé à Las Vegas), il existe la Renault ZOE, "la citadine électrique la plus vendue en Europe", d'après le constructeur français.

Fin 2019 est apparu la troisième génération de la première voiture 100% électrique française, sept ans après son lancement. Si l'intérieur a été remis au goût du jour avec une planche de bord redessinée, plus de confort et un système d'infotainment grand, tactile et rapide (compatible CarPlay et Android Auto qui plus est), c'est sous le plancher qu'on trouve l'amélioration la plus sensible.

En effet, tout en conservant le même encombrement, l'espace dédié aux batteries est mieux rentabilisé car ces dernières années, les progrès ont été importants avec le lithium. Résultat: d'une grosse dizaine en 2012, à une grosse vingtaine en 2015, on est passé en 2019 à une puissance disponible des batteries chargées à 100% de 52  kWh. Dans sa finition basique et hors remise de la concession, elle coûte 32.600€ (avec achat et non location de batterie). Pour info, le Model 3 de Tesla (environ 50.000€) est équipé par défaut de batteries de 57 kWh.

Sachez également que le pole électrique de Renault est situé en France, près de Paris, et que c'est là que sont conçues et assemblées chaque année des milliers de Zoé (environ 50.000 en 2018).


 

Une semaine d'autonomie, vraiment ?

Sur le papier, les 52 kWh permettent de parcourir 395 kilomètres, selon le système de calcul WLTP (pour Worldwide Harmonized Light Vehicles Test Procedure), qui prévoit 57% des tests en trajets urbains, 25% en péri-urbains et 18% sur autoroute.

Mes mesures sont moins optimistes. J'ai testé la nouvelle ZOE durant une petite semaine de conduite, et j'ai roulé principalement sur le Ring de Bruxelles à allure très modérée (dépassant rarement les 100 km/h), avec le mode Eco activé autant que possible (pas sur l'autoroute car la vitesse est alors limitée à 90 km/h). Le mode Eco rend nettement moins sensible la pédale d'accélération et oblige à une conduite douce et souple.

Le mode de récupération d'énergie, qu'on sélectionne via le levier de vitesse (B), était également activé en permanence: dès que je relâchais la pédale d'accélération, la voiture "freinait" pour remplir la batterie autant que possible (voir sur les photos ci-dessous, les mentions 'power' et 'charge' qui indiquent si batterie donne son énergie lors des accélérations ou en reçoit lors des décélérations). C'est donc une nouvelle manière de conduire qui nécessite d'être attentif et d'anticiper les ralentissements pour éviter d'utiliser la pédale de frein. C'est amusant mais je me demande à quel point c'est efficace en terme de récupération d'énergie et donc de recharge de la batterie, au-delà la petite feuille verte qui grandit selon votre style de conduite (voir photo également). 

Renault donne quelques conseils intéressants sur cette page.

Quoi qu'il en soit, au final, j'ai parcouru 218 kilomètres en trois jours et le tableau de bord me disait qu'il restait 79 km d'autonomie. Soit environ 300 km, ce qui est appréciable, même si on est loin des 750 km que la plupart des moteurs thermiques peuvent offrir. Notez qu'il faisait assez froid (environ 5 degrés) lors de ma semaine de test, mais que la voiture était rentrée dans un garage la nuit et en journée.

300 km, cependant, ça ne permet vraiment pas de tenir une semaine normale pour un travailleur lambda comme moi, qui doit effectuer 80 km par jour pour aller travailler.


Comment ça se recharge ?

En discutant avec un expert de chez Renault, j'ai compris que rouler en électrique, ce n'est pas qu'une nouvelle manière de conduire, c'est aussi une manière de "faire le plein". En 20 ans de conduite traditionnelle, j'ai acquis l'habitude de remplir mon réservoir d'essence en 2 minutes, de rouler 750 km, puis de refaire le plein quand ma jauge me l'indique.

Ce genre de méthode ne convient pas du tout à la voiture électrique. En effet, si vous vous retrouvez avec 50 km d'autonomie, vous avez trois options, et elles ne sont pas forcément pratiques.

Soit vous rentrez chez vous rapidement et vous branchez votre ZOE à une prise, si vous avez une villa ou un garage (car avec une maison de rangée, c'est nettement plus compliqué). Mais sachez qu'un câble de recharge domestique n'est pas fourni, Renault conseille d'installer un "chargeur" spécial à la maison, pour que ça aille un peu plus vite et que ce soit plus sécurisé (les vieilles installations électriques pourraient ne pas trop apprécier la gourmandise de la Zoé de 2019). Durée de la recharge totale (à une puissance de 3,7 kW ou 2,3 kW, selon que vous ayez placé ou non une petite borne dans votre garage): entre 19 heures et 37 heures

Soit vous avez de la chance et votre employeur met des bornes de recharge (plus ou moins) rapides à disposition des employés. A RTL House, il n'y en a qu'une actuellement, et la place est toujours occupée.

Dernière option: la "pompe". Le système de navigation de la ZOE permet de trouver facilement les bornes de recharge les plus proches. Certaines applications sur smartphone peuvent également indiquer lesquelles sont libres ou occupées.

Pour ces deux dernières options, la rapidité de la charge dépend de la capacité de la borne "publique" sur laquelle vous tombez. Cela varie de 7,4 kW à 50 kW (donc de 18h heures à 1 heure et demi) pour recharger entièrement la batterie. Vous n'êtes pas obligé de tout remplir à 100%, bien entendu, et les 80 premiers pourcents se chargent plus rapidement que les 20 derniers.


 
 

Rouler autrement

Bref, le mieux, comme me l'a expliqué Renault, c'est de recharger dès que possible. En faisant vos courses dans un centre commercial ou une grande surface récente, il est fort probable que vous tombiez sur des bornes accessibles parfois gratuitement. Si vous faites une pause de midi, cherchez un restaurant situé près d'une borne. Si par chance votre employeur en dispose d'une, essayez de vous y garer dès que possible.

En résumé, il ne faut jamais attendre que la jauge soit dans le rouge pour recharger sa voiture. Mais il faut le faire dès vous en avez l'opportunité. Il convient cependant de faire un peu attention à l'état de ses batteries et à la proximité des points de recharge. Le plus simple étant, évidemment (mais ça coûte à l'installation et à la consommation) de faire charger sa ZOE chez soi, dans un garage bien à l'abri du froid, une nuit sur deux. Ce qui n'est pas possible pour tout le monde.

Conclusion

La voiture électrique pourrait prendre son envol en 2020. La Renault ZOE est la preuve qu'une "simple" voiture peut vous offrir entre 300 et 400 km d'autonomie sans coûter les yeux de la tête. Une autonomie confortable au quotidien, à condition de garder quelques réflexes en tête (voir plus haut).

Elle reste cependant nettement plus chère qu'un équivalent essence, à finition identique. Il faut compter environ 24.400€ (hors remise) pour la dernière ZOE équipée de batteries cumulant 52 kWh de puissance disponible. Mais ça veut dire que vous avez opté pour le leasing des batteries (entre 79 et 129€ par mois). Si vous n'aimez pas cette formule d'abonnement qui vous promet un remplacement de batteries dès qu'elles deviennent moins performantes, la facture grimpe à 32.600€ (un peu plus de 37.000€ pour la finition haut-de-gamme de mon test) pour la ZOE en "achat intégral". La coût des batteries est donc de 8.200€ chez Renault…

Tout est une question de temps, cependant. La concurrence s'annonce de plus en plus féroce et tous les constructeurs traditionnels européens ont eu le temps de mettre au point le centre de recherche et développement et leurs lignes de productions. La Peugeot e-208 est disponible, la première VW de la gamme électrique ID arrive en 2020, la Nissan Leaf est un best-seller mondial.

Cette concurrence pourrait faire baisser les coûts de fabrication des batteries, pousser les scientifiques à trouver d'autres chimies (on est encore très dépendant du lithium).

On arriverait alors à un parc électrique intéressant financièrement, ce qui ferait pousser comme des champignons les bornes de charge rapide, encore trop rares actuellement. On en reparle dans 5 ans, donc…


 
 

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