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L'arnaque téléphonique à la Commission Européenne a frappé Sylvie, elle a perdu 2.000 euros à Thuin: "C'était l'héritage de mon frère"

Même si elle ne se souvient plus du déroulement exact des opérations, notre témoin de 43 ans a probablement transmis des codes en provenance de son Digipass, lors d'un coup de fil qui lui promettait pourtant "un dédommagement" pour le harcèlement téléphonique dont elle aurait été victime par le passé. Elle a perdu 2.000€, une partie de l'héritage de son frère, décédé récemment.

Malgré les nombreuses mises en garde, des autorités comme des médias, il y a chaque jour de nouvelles victimes de l'imagination débordante des escrocs en ligne. La dernière en date qui est arrivée à la rédaction de RTL INFO, via notre bouton orange Alertez-nous, est l'histoire de Sylvie.

"J'ai malheureusement été piégée par un coup de téléphone sur mon fixe", nous a-t-elle écrit. La note est salée: "J'ai perdu environ 2.000 euros", nous a-t-elle expliqué.

On lui promet un dédommagement pour harcèlement téléphonique

Les escrocs l'ont compris depuis longtemps : le meilleur moyen de voler de l'argent à quelqu'un, c'est de lui faire croire qu'il peut en gagner. C'est de cette manière qu'ils ont piégé Sylvie, une habitante de Thuin (Hainaut) âgée de 43 ans.

Mi-décembre 2019, son téléphone fixe sonne. "Mon interlocutrice s'appelle Madame Camille Duval, et dit qu'elle est d'un bureau de la Commission européenne", nous raconte Sylvie. "Elle me dit que j'ai été victime de harcèlement publicitaire par téléphone, que ça devait stopper et que j'avais droit à un dédommagement de 1.280€, qui seraient versés sur mon compte".

Notre témoin ne "connaissait pas" l'arnaque dite 'à la Commission européenne', mais elle est pourtant "très prudente" d'habitude. "Ce n'était pas la première fois que je recevais des appels bizarres. Habituellement, je raccroche, mais ce jour-là, je ne sais pas ce qui m'a pris… Franchement, je me suis fait avoir comme une bleue", avoue-t-elle, après coup.

Elle se demande comment ils ont fait…

La suite, si vous lisez souvent RTL INFO, vous la connaissez. Promettant un dédommagement suite au harcèlement téléphonique dont elle aurait été victime (une tactique assez culottée vues les circonstances), les escrocs essaient bien sûr de dérober de l'argent à Sylvie.

"Pour me verser de l'argent, ils disent, en français et sans accent particulier, qu'ils ont besoin de mon numéro de compte, de mon numéro de carte et de mon numéro de client qui se trouvent sur la carte". Notre témoin de Thuin s'exécute. De l'autre côté du téléphone, car tout s'est passé en un seul coup de fil, les escrocs sont plus que probablement sur le site web du home banking de la BNP, occupés à encoder les données reçues.

La stratégie, très courante ces dernières années car les gens font attention à leur carte de crédit (Visa, Mastercard) mais pas à leur simple carte de banque Maestro, est d'obtenir de la victime des codes en provenance du boitier ('Digipass') dans lequel on glisse sa carte de banque pour valider certaines opérations en ligne.

Malgré les nombreux témoignages et appels à la prudence, Sylvie est sans doute tombée dans le panneau. Sans doute car elle ne sait plus trop ce qu'elle a communiqué aux escrocs, et nous assure qu'elle n'a pas sorti son Digipass. "Ça se peut que j'ai donné un ou deux code(s) sans trop faire attention", admet-elle tout de même. Elle ignore cependant "comment ils ont fait" pour la voler.


Un dépôt de plainte pour la forme, car on sait que l'argent s'est envolé, probablement via le Royaume-Uni

2.100€ envolés

Car de l'argent, Sylvie en a perdu. Et une belle somme. "A un moment, la dame me passe un de ses collègues, Monsieur Daniel Chloé. Il me dit que j'ai deux numéros de compte, deux cartes. Là, je sens l'arnaque, mais il était trop tard".

Notre témoin prend son smartphone. "Je vais sur l'application de ma banque, et je vois qu'il y a des transferts qui ont déjà eu lieu. Je vois un retrait de 3.000€ de mon compte épargne qui se retrouvent sur mon compte courant. Et deux transactions de 1537,50€ et de 563,75€, qui sont en cours, de mon compte courant vers l'extérieur".

Si récemment, Géraldine a pu remercier la banque ING d'être parvenue bloquer les virements sortants dans une arnaque similaire, Sylvie n'a pas eu cette chance. "Mon époux et moi, on s'est rapidement mis en route, direction notre agence bancaire. J'insiste et on me reçoit en catastrophe. Avec une dame, on a appelé 'card stop' pour bloquer mes cartes. Elle a essayé de bloquer l'argent, mais ça n'était pas possible. Elle n'a pas réussi à annuler les virements. Elle n'a rien pu faire".

Sylvie a été déposer une plainte à la police. "Mais ça ne va rien changer, je le sais bien. Je ne récupérerai jamais mes 2.100€".

"La perte de mon frère"

Sylvie avait des projets avec la somme qui se trouvait sur son compte. "Ce qui me fait mal", dit-elle, c'est que l'argent volé appartenait à son frère, décédé il y a un an. C'est comme si "la perte de mon frère" arrivait une seconde fois, nous a-t-elle expliqué. "Cet argent, c'était une partie de son héritage, il devait servir à refaire sa tombe, notamment".

Nos conseils pour éviter une telle mésaventure sont toujours les mêmes: n'utilisez votre Digipass (ou tout autre boitier de la banque) que lorsque vous effectuez vous-mêmes des opérations bancaires: via l'application de la banque, via une application de confiance (Payconiq de Bancontact ou PayPal, par exemple), via le site web de la banque ou via un site marchand que vous connaissez (certains proposent effectivement de faire des paiements avec le Digipass).

N'oubliez pas que jamais des institutions, des grandes entreprises ou des banques ne pourraient vous demander, par téléphone ou par email, de fournir des coordonnées bancaires, quelles qu'elles soient.

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