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Hand: un projet autour de l'équipe de France "peut m'intéresser", indique Canayer

Double champion d'Europe, plus gros palmarès en club en France, l'entraîneur de Montpellier Patrice Canayer fait part à l'AFP de son intérêt pour "manager un projet autour de l'équipe de France" si on lui en faisait la proposition.

Le technicien, qui a façonné depuis un quart de siècle le MHB auquel il est lié jusqu'en 2024, revient par ailleurs sur l'échec de l'équipe de France, éliminée de l'Euro dès le premier tour, et incite "le handball français à faire preuve d'humilité".

Q: Êtes-vous surpris par l'échec de la France?

R: "Une élimination dans une poule de quatre à l'Euro, avec le Portugal, la Bosnie et la Norvège, est-ce un échec? La probabilité d'une élimination était réelle, tout comme celle du Danemark. On a mésestimé la valeur des autres équipes, on touche là à l'un des problèmes majeurs. Le handball français, dans son ensemble, doit revenir à un peu d'humilité, notamment sur l'estimation de ses joueurs. Pourtant, malgré notre élimination, on continue à dire que l'on avait les meilleurs joueurs au monde. Un discours insupportable."

Q: Comment expliquez-vous l'élimination au premier tour de l'Euro?

R: "La réussite finit par endormir la vigilance et les consciences. Le handball français à tous les niveaux s'est vu plus beau qu'il ne l'est. L'équipe de France comme Montpellier après son titre européen (2018). On doit cesser de penser que l'on est les meilleurs, que l'on a les meilleurs joueurs et la meilleure économie. On s'est imaginé que l'on était sur le toit du monde et que l'on n'allait jamais en redescendre. On doit tous revenir les pieds sur terre, on doit tous se retrousser les manches pour se remettre au boulot."

Q: Est-ce l'échec du sélectionneur Didier Dinart?

R: "Dinart n'est qu'un élément. Quand on a été éliminé au premier tour de la Ligue des champions, on pouvait dire que c'était l'échec de Canayer et que Montpellier était un club de tocards. C'est tellement facile de désigner un coupable, mais c'est un échec collectif. Dinart a sa part de responsabilité, mais ce n'est pas son échec. On ne peut pas se résoudre toutefois à la thèse d'un accident de parcours, cela mérite une réflexion. Je regarde l'équipe de France comme j'ai regardé l'après-titre européen de Montpellier. J'en ai tiré un certain nombre de décisions, pas toujours simples à prendre. Il faut tirer les leçons et rebondir."

Q: Que faut-il faire?

R: "J'ai dit à Didier Dinart et à la Fédération que j'étais à leur service pour collaborer. Mon objectif est que l'on soit dans l'entraide et le travail pour placer l'équipe de France dans les meilleures conditions pour se qualifier aux JO."

Q: En cas de changement en équipe de France, est-ce un poste et un challenge qui pourraient vous intéresser?

R: "Toute réponse à cette question est un piège. Je n'ai pas la prétention de penser que la réussite de l'équipe de France tient dans les mains d'un seul homme. Elle repose sur une stratégie à mettre en place. Le handball a besoin d'une vraie stratégie où la Fédération et la Ligue travaillent d'une manière différente. Est-ce que cela m'intéresserait de porter une telle stratégie? Oui. Être entraîneur d'une équipe nationale sans stratégie, à quoi bon? Je peux me payer ce luxe. J'ai 58 ans, j'ai pas mal gagné, de l'expérience et je ne suis pas à la recherche de poste hiérarchique. Ni d'une identité ou d'une reconnaissance. Je peux finir ma carrière à Montpellier, où j'ai une expérience de 25 ans. Ce qui m'intéresse, c'est qu'un projet soit en phase avec mes convictions. Il existe une vraie stratégie à mettre en place à travers un rapprochement entre la Fédération, les clubs et l'équipe nationale. J'ai cette conviction depuis longtemps. Manager ce projet peut m'intéresser."

Q: Canayer est-il compatible avec la Fédération?

R: "Je suis un enfant de la Fédération, j'en ai été un cadre technique. Je ne suis pas en guerre contre elle, même si j'ai été par moments le poil à gratter. Comment exister au niveau international et comment doit-on se positionner à l'égard des autres sports de salle? On doit avoir une nouvelle manière de concevoir le haut niveau. Quand on dit ça, on peut faire peur."

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