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"Vivez le chômage et vous comprendrez": Claire raconte sa dépression après la perte de son emploi

En Europe, les Belges sont les champions de la dépression. Nos chiffres sont malheureusement les plus élevés du continent. Parmi les causes de cette maladie mentale, il y a le chômage. Le sujet est encore assez tabou, mais doit être débattu : 70% des suicides sont liés à la dépression.

Les Belges sont les habitants les plus déprimés d'Europe. D'après les chiffres de l'enquête nationale sur la santé des Belges (2013), 15% de la population présente des symptômes d'un trouble dépressif, soit plus d'1 million 500.000 Belges. Aucun pays du monde ne possède plus de lits dans les services de psychiatrie que la Belgique. 

En outre, la Wallonie possède le taux de suicide le plus important d'Europe, juste derrière la Lituanie. Ce dimanche, dans l'émission "C'est pas tous les jours dimanche", Christophe Deborsu et ses invités souhaitent briser le tabou de la dépression. 

Parmi eux, Valérie Simon : elle se sent très déprimée en ce moment, entre les informations anxiogènes et le temps grisâtre en Belgique. "Je n'ai pas de travail, et je cherche depuis deux ans", témoigne Valérie. "J'ai beau postuler 10 fois par jour, ça ne mène à rien. Soit j'ai trop de diplôme, soit je n'en ai pas assez, soit je n'ai pas assez d'expérience."

Le fait d'être chômeur influe, selon plusieurs études, sur le moral et fait partie des facteur de dépression. Lorsqu'elle a consulté son médecin, Valérie lui a parlé d'un problème de sommeil, de nombreuses insomnies, mais n'a pas osé aborder le sujet de la dépression. "Tout de suite, ils veulent nous proposer des 'bonbons magiques', et je ne suis pas pour les anti-dépresseurs", précise Valérie. 

"Vivez le chômage et vous comprendrez"

Valérie n'est pas la seule pour qui le chômage pèse réellement sur le moral. Claire Beguin, elle aussi, a souhaité témoigner sur le plateau pour briser le tabou de cette maladie. À 58 ans, elle est actuellement à la recherche d'un emploi, après une longue expérience dans le domaine de l'administratif. "Vivez le chômage et vous comprendrez", résume Claire. "Vous avez envie de travailler, et on vous dit non. Je me sens inutile. Je n'ai pas de vie sociale, et je ne dors pas."

En plus de ne pas trouver le sommeil, Claire raconte également souffrir d'une forme de gêne, presqu'une honte face au regard des gens, très pesant pour elle. Elle n'a d'ailleurs jamais avoué à son entourage lointain, comme ses voisins par exemple, qu'elle n'avait plus de travail. Pour le cacher, elle va même faire ses courses le soir, lorsque les journées de travail sont censées se terminer. 

Mais le véritable calvaire de Claire, c'est le courage qu'il lui faut rassembler pour aller pointer sa carte de chômage tous les mois. "Le fait d'aller remettre cette carte, c'est horrible. Même rentrer dans le bureau, je n'aime pas, j'essaye de le faire le plus vite possible."

Pourquoi nos chiffres sont-ils si élevés ?

Sur le plateau, deux experts sont venus apporter leur analyse quant à ces chiffres. Parmi eux, docteur Gérald Deschietere, professeur de psychiatrie à l'UCLouvain et responsable des urgences psychiatriques aux Cliniques universitaires Saint-Luc. Selon lui, ces chiffres peuvent s'expliquer par l'honnêteté de la population belge, peut-être plus encline à avouer sa dépression. 

D'autres facteurs peuvent également expliquer ces chiffres. "Il y a aussi le tissu social et industriel de la Wallonie qui peut poser question. Et puis le chômage aussi, est difficile à vivre : on perd l'estime de soi, on pense ne pas avoir d'utilité dans sa vie, on cherche un sens à sa vie et on a besoin de relations, de rencontrer des personnes."

Enfin, le cadre de vie influe également : selon le docteur, les individus ont davantage de probabilité de déprimer s'ils habitent à la campagne qu'à la ville.

70% des suicides dus à la dépression

Malheureusement, la dépression est la cause de 70% des suicides. Notre témoin, Valérie Simon, alerte également de ce problème. Elle avoue avoir déjà eu des pensées suicidaires dont elle ne veut plus être la proie. 

Pour Nicolas Miest, psychologue et spécialiste en suicidologie, le fait de mettre fin à ses jours est "pluri-factoriel", il est donc difficile d'identifier une seule cause de suicide. La solution, selon lui, est d'améliorer les politiques en matière de prévention du suicide et de travailler de manière cohérente à tous les niveaux de pouvoir. 

Pour s'en sortir, il faut avant tout demander de l'aide, en parler à ses proches, à des spécialistes. Il faut également, selon le docteur Deschietere, davantage de solidarité entre les personnes, et ne pas stigmatiser les maladies mentales et psychologiques. 

  • Enfin, un numéro : celui du centre de prévention du suicide : 0800 32 123 (numéro gratuit)

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