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De plus en plus de personnes bénéficient des banques alimentaires: "Demain, vous fermez toutes les associations, vous avez la guerre dehors"

De plus en plus de personnes bénéficient de l'aide des banques alimentaires en Belgique. En 2019, on comptait 168.476 bénéficiaires, soit une augmentation de 6% en un an et de 50% en 10 ans.

RTL INFO s'est rendu dans l'une des 618 associations caritatives qui distribuent la nourriture aux plus démunis. Saint-Vincent de Paul, à Schaerbeek, est la plus grande de ces associations. Mimi y est bénévole. Elle distribue la nourriture aux personnes inscrites. Chaque jour, elle voit passer en moyenne 50 personnes. "Ils viennent, puis ils prennent ce dont ils ont besoin. Après, ils s'en vont et disent merci", raconte-t-elle.

Au total, plus de 5.000 colis sont distribués chaque année. "Il y a énormément de gens qui travaillent et qui ne s'en sortent plus. Il y a un élargissement d'une population qui est de plus en plus dans le besoin, des gens qui ne s'en sortent pas, donc ils ne venaient peut-être pas demander avant, et ils viennent maintenant".

"C'est vraiment grave d'avoir faim"

Franchir la porte et demander de l'aide, cela reste un pas compliqué à franchir: "Ce n'est pas avec gaieté de cœur qu'ils viennent ici. C'est une grosse erreur dans l'esprit de beaucoup… La plupart de ceux qui viennent ici n'aiment pas se montrer. Vous savez, on n'aime pas que tout le quartier sache que vous venez", explique Etienne Delforge, responsable de l'antenne. Frédéric Degryse, le directeur général de l'association, ajoute: "On voit vraiment qu'à la fin du mois les gens n'y arrivent pas. C'est vraiment grave d'avoir faim".

"Ils m'ont aidée un jour, donc c'est à notre tour d'aider les gens"

Les grandes armoires de l'association sont remplies de fruits, de légumes, de conserves. Il y a aussi un frigo pour la viande, les surgelés et le pain. L'asbl se fournit un peu partout, notamment grâce aux dons des personnes à la sortie des grandes surfaces. "Je donne parce que ce sont des gens qui en ont besoin. Et donc, quand on peut le faire, ça fait plaisir", dit une dame. "Je pense que c'est une bonne action, et que tout le monde devrait en faire autant", dit une autre. "Je pense que c'est important, ils m'ont aidée un jour, donc c'est à notre tour d'aider les gens", confie une femme.

Un phénomène réel de pauvreté

Rien qu'à Bruxelles et dans les 2 Brabants, 26.000 personnes bénéficient de l'aide des banques alimentaires. En 2019, les 9 banques alimentaires ont fourni 17.936 tonnes de nourriture, soit 17% de plus qu'en 2018. Cela équivaut à 36 millions de repas. Ces repas sont distribués par les associations comme Saint-Vincent de Paul à Schaerbeek. Pierre Labouverie, l'administrateur général des banques alimentaires Bruxelles-Brabant, constate que ces chiffres sont en augmentation constante. "C'est dû aussi au fait que les associations travaillent mieux. Mais il y a malgré tout un phénomène réel de pauvreté".

"Demain, vous fermez toutes les associations, vous avez la guerre dehors"

Pour Etienne Delforge, le responsable de l'antenne Saint-Vincent de Paul de Schaerbeek, il serait impossible de faire sans les associations: "Je dirais que malheureusement des associations comme la nôtre sont indispensables. Demain, vous fermez toutes les associations, vous avez la guerre dehors. Les gens viennent chez nous, ici, alors qu'il y a une série de personnes qui ne venaient pas. Pourquoi ? Parce que certains n'ont plus leurs revenus. Alors imaginez-vous, quand vous devez mettre quelque chose dans votre assiette, ce n'est pas évident. Donc, ils sont tout heureux d'être ici, et l'Etat est très content qu'on soit là. Nous faisons le boulot que l'Etat devrait faire", regrette-t-il.

Moins d'aide européenne... et un effet énorme à prévoir

Aujourd'hui, une grande inquiétude anime le secteur, en raison de la réforme de l'aide européenne annoncée dès l'année prochaine. "Environ 40% de ce qu'on récolte vient du fonds européen pour l'aide aux démunis. Maintenant, la commission a, pour les années 2021 à 2027, un nouveau programme. Dans ce programme, on prévoit environ 60% de budget existant. Cela veut dire qu'au lieu de 40%, on recevra 20% de l'Europe. Et donc il va y avoir un effet énorme sur le taux de vivres qu'on peut distribuer", détaille Jef Mottar, administrateur délégué de la Fédération des banques alimentaires de Belgique.

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