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Retraites: "nouvelles avancées" à Matignon, mais toujours "un blocage" sur la pénibilité

Une réunion jeudi matin sur la réforme des retraites à Matignon avec les partenaires sociaux a permis d'acter "de nouvelles avancées" selon Edouard Philippe, mais les syndicats en réclament davantage sur la pénibilité et dénoncent "un blocage" du patronat, qui exige de son côté "un chiffrage précis" du coût de ces mesures.

"Un bon bilan": après deux heures d'échanges avec syndicats et patronat, le Premier ministre a vanté "de nouvelles avancées sociales" dans le cadre de la réforme des retraites.

En fin d'après-midi, il a confirmé dans un courrier aux partenaires sociaux l'état des discussions, et les points de blocage sur lesquels "le dialogue doit se poursuivre", comme la pénibilité.

Principal changement: le calcul des droits acquis avant 2025 se fera au moment du départ en retraite, "sur la base des six vrais derniers mois" pour les fonctionnaires ou des 25 meilleures années pour les salariés du privé, ce qui est "plus respectueux de la réalité des carrières", a affirmé M. Philippe.

La "clause à l'italienne" négociée au départ à la RATP sera donc généralisée aux actifs nés entre 1975 et 2004, "ce qui est très positif", a réagi le secrétaire général de l'Unsa, Laurent Escure.

Selon lui, ce "calcul favorable" va "tranquilliser une quinzaine de générations supplémentaires" et permettre une transition "très en douceur" vers le "système universel" voulu par Emmanuel Macron.

Pour quel coût? "Les enveloppes budgétaires sont globalement les mêmes", assure-t-on dans l'entourage de Matignon.

Autre évolution: le gouvernement va "déplafonner sans attendre" le compte épargne-temps des fonctionnaires "pour rendre possibles des mi-temps en fin de carrière", notamment à l'hôpital, a indiqué le Premier ministre.

Il a également confirmé l'extension au secteur public du dispositif de retraite progressive à partir de 60 ans, "avec des paramètres adaptés".

Sur le sujet de la pénibilité, le chef du gouvernement a indiqué vouloir "créer un véritable droit à la reconversion" reposant sur "une formation de six mois", avec maintien du salaire à 100% et financement par le compte personnel de formation (CPF) à hauteur de 12.500 euros.

Les branches professionnelles seront par ailleurs "invitées à ouvrir des discussions" d'ici la fin de l'année "pour lancer un plan massif de prévention de la pénibilité", que la Sécurité sociale abondera à hauteur de 100 millions d'euros.

Au total, selon Matignon, "entre 5 et 10 amendements" traduisant ces engagements doivent être déposés vendredi.

- "un gros blocage" -

En revanche, "la question de la réparation", c'est-à-dire au droit à un départ avant 62 ans, "ne fait pas consensus", a reconnu M. Philippe, ajoutant que "le dialogue doit se poursuivre".

Ce "point crucial" doit faire l'objet de "négociations dans les branches" pour définir "les métiers exposés", avec "un filet de sécurité" commun pour celles qui "ne discuteraient pas", a affirmé le leader de la CFDT, Laurent Berger.

Mais "on sent un gros blocage des organisations patronales", a-t-il déploré.

"On a un sujet de contentieux avec les employeurs", a confirmé M. Escure, appelant l'exécutif "à prendre ses responsabilités" pour "fixer des règles autour de cette question".

"On a demandé au gouvernement de revoir sa copie", a indiqué Pascale Coton, secrétaire nationale de la CFTC.

Dans le camp des opposants à la réforme, le numéro un de Force ouvrière, Yves Veyrier, a observé que le compte pénibilité actuel, qui permet des départs à 60 ans dans le privé, "ne compensera en rien" la fin des départs anticipés pour certains fonctionnaires à 57, voire 52 ans.

"Ça n'avance pas beaucoup parce tout le monde se renvoie la balle pour savoir qui va payer", a souligné son homologue de la CFE-CGC, François Hommeril.

Côté patronal, le Medef a manifesté son "inquiétude" face à "une impasse totale" sur l'aspect financier, son président délégué, Patrick Martin, exigeant "un chiffrage précis".

"Savoir combien cela peut coûter sera essentiel pour savoir ce qu'on peut s'offrir", a résumé le président de la CPME, François Asselin.

Dans la majorité, le député LREM Jacques Maire, corapporteur du projet de loi, s'est réjoui de voir "pas mal de sujets atterrir", tandis que cinq marcheurs de l'aile gauche ont regretté des avancées "insuffisantes" sur la pénibilité.

Des amendements seront déposés sur ce thème "pour dire qu'il faut absolument que le sujet débouche, sinon on légifèrera en deuxième lecture", a promis M. Maire.

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