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Retards de paiement de salaire pour François, jeune instit' de 24 ans: "Pas facile de se lancer dans la vie active"

François (nom d’emprunt car il préfère garder l’anonymat) a démarré sa carrière d’instituteur il y a six mois et il doit déjà faire face à des retards de paiement de son salaire. L’administration reconnaît que plusieurs dizaines d’enseignants sont dans ce cas, une extrême minorité parmi les dizaines de milliers d'enseignants et qui concerne particulièrement des profs non nommés.

Jeune instituteur dans une école catholique de Wallonie, François confie, via le bouton orange Alertez-nous, son désarroi : "Cela fait deux mois que je ne touche plus de salaire complet". Le jeune homme de 24 ans a pourtant téléphoné plusieurs fois à l’administration pour tenter de régulariser sa situation. Il dénonce aussi le manque d’accessibilité du service : "On me dit de venir les lundis ou jeudis matins, sauf qu’à ce moment-là je travaille". François affirme qu’on lui a soufflé qu’il devrait se faire remplacer pour s’y rendre en personne, sinon la correction pourrait encore prendre plus de temps : "C’est à se tirer les cheveux", commente-t-il. Heureusement, le jeune homme a quelques économies pour payer ses factures et tenir le coup. "Mais je trouve cela honteux", lance-t-il.

La problématique des retards dans le traitement des salaires des enseignants s’invite régulièrement dans l’actualité. En novembre dernier, nous avions notamment parlé de ce sujet sous l’angle des fonctionnaires chargés de mettre en œuvre ces paiements.

 Ce n’est pas facile de se lancer dans la vie active et on nous met des bâtons dans les roues

En ce qui concerne François, il a démarré sa carrière dans l’enseignement au mois de septembre 2019. Il est instituteur d’une classe de quatrième primaire. En septembre et octobre, il a été payé correctement. Mais depuis novembre, les choses se sont compliquées. Depuis qu’il nous a contactés, le Wallon affirme avoir reçu 1.500 euros en plusieurs fois : "J’ai reçu des versements de plusieurs centaines d’euros mais pas de lettre d’explication et chaque fois, je touche des sommes différentes". De quoi alimenter encore son incompréhension… "Ce n’est pas facile de se lancer dans la vie active et on nous met des bâtons dans les roues".

En attendant, il indique que la direction de son école a renvoyé des emails à l’administration. Alors, le jeune travailleur patiente, avec un peu de résignation : "On me dit que cela se passe comme ça, depuis des années et qu’on commence à être payé correctement à partir du mois de mai". Et puis, "je me dis que quand je toucherai, je toucherai le jackpot. Heureusement que j’ai mes parents et une activité complémentaire. Je les rappellerai quand j’en aurai vraiment besoin… "

Pourquoi François n’est-il pas payé de manière régulière ?

Nous avons interrogé l’administration générale de l’Enseignement et celle-ci invoque "une erreur liée à la complexité de la carrière des jeunes enseignants". Elle estime que "la réaction du service a été rapide, via un paiement manuel début janvier, même s’il était incomplet".

Si François n’est manifestement pas le seul enseignant à subir encore des retards de paiements, l’administration ne peut nous fournir de chiffres précis. Elle estime que ces erreurs concernent moins de 0,1 % de l’ensemble des dossiers traités. A cet égard, elle soutient que 120.314 paiements ont été correctement effectués lors de la liquidation de septembre.

Les retards de paiement peuvent avoir plusieurs causes :

- Il peut s’agir d’un problème de gestion administrative (comme dans le cas qui nous préoccupe)

- Il peut y avoir un problème de délai dans le traitement de la liquidation

- Un dossier peut être incomplet du fait de l’établissement, du Pouvoir organisateur (PO) ou du membre du personnel lui-même

- Un dossier peut nécessiter une analyse juridique ou administrative préalable à la mise en liquidation

Les enseignants temporaires plus touchés

L’administration rappelle également que les enseignants temporaires sont davantage touchés que le personnel nommé. Parmi eux, les jeunes intérimaires. Ceux-ci naviguent parfois d’une mission à une autre et entrent donc en fonction trop tard, les documents et les paiements ne peuvent être traités en fin de mois.

D’après l’administration, la situation de François est "réglée depuis la fin janvier". Mais le jeune instituteur affirme pourtant qu’il reste un arriéré à payer : une somme aux alentours de 400 euros. Insatisfait du traitement de son dossier, il va donc devoir reprendre contact avec le service de liquidation du traitement du personnel de l’Administration de l’Enseignement.

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