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Déclaré coupable d'agression sexuelle et de viol, Harvey Weinstein transféré à l'hôpital après le procès

Le célèbre producteur d'Hollywood Harvey Weinstein, jugé coupable lundi d'agression sexuelle et de viol sur deux femmes, a été transporté à l'hôpital Bellevue à New York. L'homme de 67 ans, qui se déplaçait à l'aide d'un déambulateur au cours du procès, s'est plaint de douleurs à la poitrine et d'hypertension, selon les propos d'un porte-parole dans les médias américains.

Harvey Weinstein était en route vers la prison de Rikers Island en attente de connaitre la nature de sa condamnation - le 11 mars prochain. Mais il a été à la place transféré à l'hôpital Bellevue qui dispose d'une aile dédiée aux traitements des détenus. Donna Rotunno, l'avocate de M. Weinstein, a demandé au juge de ne pas envoyer son client vers la prison, en raison de plusieurs opérations du dos qui ont échouées et des traitements médicamenteux dont il a besoin pour éviter qu'il devienne aveugle.

C'est au sein d'une de ces cellules de Rikers Island qu'Harvey Weinstein devait attendre sa peine qui sera déterminée ultérieurement par le juge James Burke, qui a présidé aux débats. Harvey Weinstein a été escorté hors du tribunal menotté.

L'ex-magnat de Hollywood Harvey Weinstein a été reconnu coupable lundi d'agression sexuelle et de viol mais a évité une condamnation pour les accusations les plus graves, un verdict applaudi par le mouvement #MeToo et plusieurs de ses accusatrices. Reconnu coupable d'agression sexuelle et de viol, Harvey Weinstein, 67 ans, est passible de 29 ans de prison au maximum, mais ne risque pas la perpétuité, car le jury l'a disculpé de la circonstance aggravante de comportement "prédateur", qui aurait pu lui valoir la prison à vie.

Coupable pour les chefs d'accusation les moins graves

Il s'agit de la première reconnaissance de culpabilité dans une affaire post-#MeToo, celle de l'acteur Bill Cosby résultant de poursuites entamées en 2015, avant que le mouvement anti-agressions sexuelles ne commence en octobre 2017.

Le jury a eu besoin de cinq jours pour parvenir à une décision à l'unanimité sur certains chefs, condition nécessaire pour prononcer un verdict.

Les jurés devaient se déterminer sur le témoignage de trois femmes, parmi les plus de 80 qui ont accusé Harvey Weinstein de harcèlement ou d'agression sexuelle.

Au final, le jury ne l'a jugé coupable que des deux chefs les moins graves, l'agression sexuelle de l'ancienne assistante de production Mimi Haleyi, en 2006, et le viol de l'aspirante actrice Jessica Mann, en 2013.

Il a, en revanche, relaxé le producteur d'un chef de viol plus grave lié à Jessica Mann, mais surtout de la circonstance aggravante de comportement "prédateur".

L'agression de Mimi Haleyi et le viol de Jessica Mann étaient poursuivis en tant que tels, tandis que le viol d'une troisième femme, la comédienne Annabella Sciorra, bien que prescrit, pouvait, lui, déclencher cette circonstance aggravante.

Mais le jury a également déclaré Harvey Weinstein non coupable de ce viol remontant à l'hiver 1993, après avoir demandé à réentendre le témoignage de l'actrice durant ses délibérations.

La défense d'Harvey Weinstein a l'intention de faire appel du verdict de culpabilité

La principale avocate d'Harvey Weinstein, Donna Rotunno, a déclaré qu'elle interjetterait appel du verdict de culpabilité rendu par un jury de Manhattan lundi. "Nous allons faire appel", a réagi Me Rottuno à la sortie du tribunal. "La bataille n'est pas terminée". Harvey Weinstein a été placé en détention en attendant de connaître sa peine, le 11 mars. "Bien entendu, il est déçu mais il est fort. Il est solide mentalement et il continuera de se battre", a-t-elle affirmé lorsque des journalistes lui ont demandé comment le producteur déchu s'en sortait après avoir été incarcéré.

Jessica Mann était la poupée de chiffon d'Harvey Weinstein

Tout au long du procès, la défense avait cherché à discréditer le récit des trois femmes.

Les avocats d'Harvey Weinstein ont produit une série de courriers électroniques montrant que Mimi Haleyi et Jessica Mann avaient maintenu le contact, de leur propre initiative, avec l'accusé après les faits présumés.

Dans le cas de Jessica Mann, la victime présumée a même concédé avoir eu des relations sexuelles sans opposition avec Harvey Weinstein jusqu'en 2016. "Ce n'était pas une relation", avait martelé la procureure Joan Illuzzi-Orbon. "Jessica Mann était la poupée de chiffon d'Harvey Weinstein".

Mimi Haleyi a elle raconté avoir eu un rapport sexuel initié par l'accusé deux semaines environ après le viol présumé, sans manifester de résistance.

Jessica Mann a dit avoir maintenu des relations avec l'ancien magnat du cinéma par "peur", tandis que Mimi Haleyi a expliqué qu'il s'agissait pour elle de maintenir une "relation professionnelle".

Des victimes présentées sous deux angles différents par la procureure et les avocats de Weinstein

La défense avait cherché à dépeindre deux femmes opportunistes, prêtes à se soumettre aux caprices du producteur, voire à ses pulsions sexuelles, pour tenter de mettre un pied à Hollywood.

Les avocats d'Harvey Weinstein avaient aussi laissé entendre que les deux plaignantes avaient témoigné par intérêt, pour augmenter leurs chances d'obtenir du producteur des dommages et intérêts une fois celui-ci condamné.

"Elles ont sacrifié leur dignité, leur intimité, leur quiétude dans l'espoir de faire entendre leur voix" au procès, leur avait opposé la procureure.

La procureure Joan Illuzzi-Orbon et son adjointe Meghan Hast avaient souligné qu'en fait d'opportunités, elles n'avaient quasiment rien obtenu du magnat d'Hollywood.

L'accusation a aussi rappelé qu'aucune des deux femmes n'avait attaqué en justice Harvey Weinstein pour obtenir réparation financière et qu'elles n'avaient aucun intérêt à venir témoigner au procès.

Ce verdict de culpabilité pourrait constituer un tournant pour le mouvement #MeToo, mais aussi pour la jurisprudence de ce type d'affaires, qui donnent très rarement lieu à des condamnations.

M. Weinstein doit encore répondre d'une autre inculpation pour deux agressions sexuelles à Los Angeles, annoncée début janvier.

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