Accueil Actu

Les jeux vidéos en ligne, refuge par temps de confinement

La Liga a beau avoir été suspendue, un derby sévillan a bien eu lieu le jour J, devant un public digne des plus grands stades: le 15 mars, deux footballeurs pros du Bétis et du FC se sont affrontés sur le jeu vidéo Fifa 2020, sous les yeux de 60.000 internautes.

L'événement, imaginé comme un pied de nez au coronavirus, pour le plaisir des fans des deux grands clubs du Sud de l'Espagne, illustre l'extraordinaire engouement pour les jeux vidéos en ligne au moment où les interractions réelles sont limitées, voire interdites dans le contexte de la pandémie.

La quasi-totalité des pays du monde ont fait état de cas de Covid-19, et les jeux vidéos sont partout dans le monde une façon de passer le temps et un moyen -légal- de s'évader du confinement.

"Cela me permet de me sentir moins déprimé par le fait que je sois coincée si longtemps dans un espace réduit", confie Yang An, qui a dû observer une quarantaine de deux semaines à son retour à Shanghaï.

Elle raconte avoir passé jusqu'à huit heures par jour sur sa console Nintendo Switch.

- "Pour vous divertir" -

Le 15 mars, c'est l'attaquant Borja Iglesias qui, manette en main, a donné la victoire (6-5) au Betis contre le Séville FC, qui était contrôlé par Sergio Reguilon, défenseur qui porte dans le monde réel la tunique blanche.

Le coup d'envoi avait été donné à l'heure même où était prévu ce sommet du championnat espagnol sur la pelouse du stade Ramon Sanchez Pizjuan. Et 60.000 personnes ont suivi la partie retransmise sur la plateforme de diffusion en direct Twitch.

Comme pour achever de confondre réel et virtuel, c'est aussi, dans le jeu, Iglesias, qui a marqué le but de la victoire du Betis.

"Nous faisons cela pour vous divertir tous, pour que vous en profitiez à la maison, dans la mesure où c'est toujours possible avec cette épidémie", a indiqué Twitch.

Le match a suscité un intérêt tel que, ce week-end, un mini-tournoi caritatif au profit de la lutte contre la pandémie, a opposé des joueurs de 19 des 20 clubs de Liga.

- Pokemon Go chez soi -

Face à l'engouement pour les jeux vidéos, les fournisseurs d'accès se démènent pour faire que leurs réseaux tiennent la route.

Le groupe américain de télécoms Verizon a récemment fait état d'une augmentation en une semaine de 75% du trafic lié aux jeux sur ses réseaux.

Les sites et plateformes de jeux vidéo sont également mobilisés pour faire face à l'afflux de gamers.

L'éditeur Rockstar Games, connu notamment pour le jeu Red Dead Redemption, a promis que son offre se poursuivrait en dépit du fait d'avoir imposé le télétravail à tous ses employés.

Les communautés de gamers "pourraient d'une certaine façon recréer un peu de l'espace commun qui est déserté" à cause du nouveau coronavirus, estime Christian McCrea, professeur spécialisé sur les jeux vidéos à l'Institut royal de technologie de Melbourne.

Il a cité le cas de Pokemon Go, devenu en 2016 un phénomène mondial quand des millions de personnes s'étaient lancées dans le monde entier, en plein air, dans une chasse aux créatures virtuelles. Son éditeur vient d'annoncer des modifications pour rendre le jeu plus compatible avec le fait de ne pas pouvoir sortir de chez soi.

M. McCrea anticipe un bouleversement de le pratique des jeux vidéos dans les mois à venir, du fait du prolongement des mesures de confinement.

- Les gamers déjà confinés -

"Globalement, l'impact se fera surtout sentir sur les jeunes enfants qui se retrouvent à la maison pendant des mois avec les parents qui ne travaillent plus", a-t-il dit à l'AFP. "Les jeux vont être au coeur de leur temps libre."

Or les jeux vidéo sont de longues date montrés du doigt pour leurs effets sur la santé, la vue notamment, les problèmes psychologiques qu'ils peuvent générer, les risques d'isolement social.

L'addiction aux jeux vidéo a par ailleurs été reconnue en 2018 comme une maladie mentale par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La Chine a de son côté lancé une campagne de sensibilisation en raison du temps passé par les jeunes devant les jeux.

Paradoxalement, ce sont cependant les joueurs aguerris qui semblent les mieux armés pour traverser le moins mal le confinement.

Ainsi "Loeya", dont le compte sur Twitch est suivie par plus d'un million d'abonnés, a expliqué dans une vidéo la semaine dernière que les restrictions de déplacement et les fermetures d'écoles en Suède, où elle vit, n'auraient aucun impact sur son emploi du temps consacré aux jeux.

"Techniquement, je suis entrée en quarantaine il y a trois ans", rigolait la jeune femme de 22 ans.

À lire aussi

Sélectionné pour vous