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Coronavirus - Le confinement total de Kinshasa reporté: "Ici, des gens ne prennent pas conscience du danger"

Le coronavirus fait de plus en plus de morts à travers le monde. La République démocratique du Congo n'est pas épargnée. Le gouvernement a pris la décision de placer Kinshasa, la capitale, en "confinement total" à partir de samedi pour une première période de quatre jours avant de faire volte-face.

"À dater de samedi, il y aura une interdiction totale de sortir à Kinshasa, et cela pendant 4 jours de suite", nous a écrit Bertrand via le bouton orange Alertez-nous. Cette information confirmée jeudi soir par le gouverneur de la plus grande ville d'Afrique francophone n'est pourtant plus d'actualité...

Les quelques dix millions d'habitants de la capitale de la République démocratique du Congo, Kinshasa, devaient être placés en "confinement total" à partir de ce samedi 28 mars pour une première période de quatre jours face aux risques de propagation du coronavirus, avait indiqué le gouverneur de Kinshasa Gentiny Ngobila. Ce dernier avait décrété "un confinement total intermittent de trois semaines" qui devait prendre "effet à dater du 28 mars", dans un discours parvenu à l'AFP. 

"Une folle flambée des prix"

Mais le "confinement total", qui devait commencer samedi pour enrayer la propagation du coronavirus, a été "reporté", ont indiqué vendredi l'autorité provinciale de la capitale de la République démocratique du Congo après l'avoir annoncé la veille.

"Depuis l'annonce par le gouverneur de ce confinement, il y a une folle flambée des prix sur le marché des biens de première nécessité" et maintenir le confinement "risquait de causer" de "l'insécurité" parmi la population, a déclaré à l'AFP une porte-parole du gouverneur de Kinshasa, Belise Okonda. 

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"On ne sait pas quand ça va barder"

De nombreux habitants redoutaient des tensions durant ce "confinement total" de Kinshasa, où la majorité des quelques dix millions d'habitants vit au jour le jour, souvent sans eau courante ni électricité. Vendredi, plusieurs Kinois nous ont confié leurs inquiétudes...

"Vendredi matin, tout le monde s'est précipité vers les banques pour retirer de l’argent afin de faire des achats et remplir les stocks", nous explique Joseph. Ce dernier ajoute qu’il ressent une certaine tension dans les rues de la ville. "Des gens n'ont pas encore été payés par leurs employeurs. Ils sont aussi en panique car ils ne savent pas comment ils vont faire pour tenir sans argent", poursuit-il.

"C’est une situation qu’on n’a jamais vécu. Ça nous trouble, car on ne sait pas vraiment ce qui va se passer et on n’a pas toutes les informations. On a l’impression de vivre en pleine guerre contre un ennemi qu’on ne connaît pas. Dans ce pays, les choses ne sont pas organisées et ça nous inquiète. Dans la population, il y a encore des gens qui ne prennent pas conscience du danger qui nous guette. Ils continuent de vivre normalement. On ne sait pas quand ça va barder et si des gens vont mourir comme des mouches", craint Guy.


© RTL INFO

Pour Patrick (prénom d'emprunt), la mesure de confinement total prise par le gouvernement était pourtant une bonne chose pour tenter d'arrêter l'épidémie. Mais, selon lui, faire appliquer cette quarantaine dans toute la capitale sera une opération très difficile. "On a l’impression qu’on sera laissé-pour-compte. Il n’y a pas d’eau courante et pas d’électricité dans tout Kinshasa et je n’ai rien entendu du gouvernement en ce qui concerne l’accompagnement social", dit cet habitant de La Gombe, une commune de Kinshasa.

Ce dernier craint que la ville ne plonge dans le chaos le jour où la mesure de confinement sera d'application. "On ne sait pas très bien comment ça va se passer. Dix millions de personnes vont affluer vers les magasins. Mais seront-ils assez fournis?", s'inquiète le père de famille. 

"La police veillera rigoureusement au respect de toutes ces mesures"

"Kinshasa compte à ce jour 54 cas positifs, dont cinq décès, et plus de 2.000 cas contacts", précise Gentiny Ngobila, le gouverneur de Kinshasa, en citant "les derniers rapports de l'Institut national de recherche bio-médicale". Cela représente trois cas et deux décès supplémentaires par rapport au dernier bilan mercredi soir. 

Les autorités sanitaires de la République démocratique du Congo ont annoncé vendredi un cas de coronavirus dans la province du Nord-Kivu (est), le premier signalé en dehors de Kinshasa.

Des mesures d'isolement de Kinshasa

Mardi soir, le chef de l'Etat Félix Tshisekedi avait annoncé des mesures d'isolement de Kinshasa, pour éviter la propagation du Covid-19 dans l'intérieur du pays (suspension des liaisons aériennes, fluviales et terrestres dans les deux sens, sauf pour le cargo et le fret).

Tous les cas enregistrés se concentrent en effet dans la capitale, troisième plus grande ville d'Afrique après Lagos et Le Caire, d'après les autorités sanitaires.

Le 17 mars, le chef de l'Etat avait annoncé un premier train de mesures pour tout le pays, dont la fermeture des lieux publics (écoles, restaurants, lieux de culte et de deuil), et la suspension des vols en provenance des pays à risque.

Un premier vol vers Bruxelles

Ce vendredi matin, un premier vol spécial de retour volontaire a fait le trajet Kinshasa-Bruxelles pour rapatrier des Belges. Les personnes éligibles étaient des Belges en déplacement temporaire dans le pays - pour des vacances ou le travail - et les Belges résidents en République démocratique du Congo "qui sont particulièrement vulnérables en raison de leur santé ou de leur âge".

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