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Coronavirus: des malades chinois guéris, puis "recontaminés", vraiment ?

Véronique nous interpelle via notre bouton orange Alertez-nous sur la véracité d'une information concernant la "recontamination" de certains patients en Chine. "Des patients considérés comme guéris on été testés positifs", a-t-elle pu entendre sur une chaîne d'information. "3 à 17%", précise-t-elle. Qu'en est-il réellement ?

Dans la toute grande majorité des cas, on développe des anticorps, et on ne va pas tomber malade dans les semaines ni dans les mois qui suivent

Rappelons qu'à l'heure actuelle, il n'y a pas de preuves que l'on puisse être contaminé deux fois de suite par le coronavirus. Emmanuel Bottiaux, chercheur à l'institut de médecine tropicale d'Anvers, a évoqué cette question dans le RTLINFO 19H: "Ce n'est pas encore tout à fait clair, mais je pense que dans la toute grande majorité des cas, on développe des anticorps, et on ne va pas tomber malade dans les semaines ni dans les mois qui suivent".

Néanmoins, de nombreux médias anglophones (DailyMail, Fox News, New Work Post...) ont évoqué ce sujet en s'appuyant principalement sur un article du South China Morning Post, un quotidien hongkongais. "Selon les médecins de Wuhan, environ 3 à 10% des patients qui se sont remis du Covid-19 ont de nouveau été testés positifs après leur sortie de l'hôpital", peut-on lire.

Différents sons de cloche

3%, c'est à peu près le pourcentage indiqué à CCTV (la télévision nationale chinoise) par Wang Wei, le directeur de l'hopital Tongji de Wuhan, berceau de l'épidémie. En effet, il a déclaré que sur un échantillon de 147 patients censés être guéris, 5 avaient été testés positifs au test d'acide nucléique, la principale méthode de détection du coronavirus en Chine.

M. Wang a également déclaré que les cinq patients de son hôpital qui ont été testés de nouveau positifs ne présentaient aucun symptôme. Aucun de leurs proches n'a été infecté. Il a fait savoir qu'il ne disposait pas d'éléments prouvant que ces patients étaient restés contagieux. 

Depuis, Life Times, un magazine de santé affilié au Quotidien du Peuple, organe de presse officiel du Comité central du Parti communiste chinois, a évoqué un autre chiffre : entre 5 et 10% de patients guéris, puis testés positifs à nouveau, citant les responsables d'installations de quarantaine à Wuhan.

Une étude antérieure, réalisée fin février dans la province du Guangdong, dans le sud de la Chine, avait montré quant à elle que jusqu'à 14% de personnes guéries du Covid-19 avaient de nouveau été testées positives.

Des tests pas suffisamment précis ?

Ces incidents ont surtout soulevé des questions sur le fiabilité des tests d'acide nucléique. "Il est possible que ces patients aient été négatifs avant à cause de faux résultats", a d'ailleurs estimé M. Wang au sujet des 5 personnes testées positives après leur guérison. 

En quoi consistent ces tests ? Avec une sorte de long coton-tige, on prélève des sécrétions au fond du nez ou de la gorge. Puis on y recherche la présence d’acide nucléique du virus au moyen d’une méthode dite d'amplification génique.

Le jeudi 26 mars, en France, Julie, une adolescente de 16 ans, est morte alors qu'elle avait été testée deux fois négatives au coronavirus. "On s’est trompé", a reconnu le professeur Philippe Juvin, chef du service des urgences à l’Hôpital européen Georges Pompidou, vendredi 27 mars sur France 2. 

La question de l'endroit du prélèvement semble cruciale pour la viabilité de ces tests.  Un prélèvement dans les bronches ou la trachée serait plus pertinent qu'un prélèvement nasal. "On sait depuis un mois que lorsqu'on fait le test à partir d'un prélèvement nasal, dans 40% des cas c'est positif et dans 60% c'est négatif", explique la virologue Anne Goffard sur France Inter. "Alors que si on fait un prélèvement profond, dans la trachée, dans les bronches chez les patients qui font des formes graves, chez ces patients-là, dans 80% des cas, c'est positif."

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