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Le marché automobile français terrassé par le coronavirus

Le marché automobile français a chuté de 72,2% en mars et devrait baisser de 20% sur l'année, victime de l'épidémie de coronavirus et des mesures de confinement de la population qui ont stoppé les ventes.

Depuis le 17 mars, la France est sous confinement, et tous les commerces non essentiels, dont les concessions automobiles, sont fermés, dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de Covid-19. L'ensemble des usines automobiles ont été mises à l'arrêt.

En toute logique, les livraisons de véhicules se sont effondrées: moins de 63.000 voitures particulières neuves immatriculées en mars, contre près de 226.000 sur le même mois de l'an dernier qui comptait pourtant un jour ouvré de plus, selon des chiffres publiés mercredi par le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).

"C'est historique. On n'a jamais eu une baisse comme celle-là", a commenté François Roudier, porte-parole du CCFA, joint au téléphone par l'AFP. L'organisation prévoit sur l'ensemble de l'année une chute de 20%.

"Même en cas de reprise forte" après le confinement, "on ne pourra pas rattraper complètement (la) baisse considérable" du mois de mars et celle d'avril qui se profile déjà pour les mêmes raisons.

- "Marasme, sidération, malheur" -

"Le marasme, la sidération et le malheur. Pour la suite... il faut imaginer des stratégies de sortie de crise hors des schémas traditionnels de pensée, car tous nos repères habituels sont balayés", a commenté sur le réseau social Twitter Xavier Horent, délégué général du Conseil national des professions de l'automobile (CNPA), qui représente 142.000 entreprises de proximité au sein de la filière.

"La vraie question, c'est désormais +quelle sortie de crise pour l'industrie automobile?+", estime Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'Automobile. "Comment les constructeurs et les pouvoirs publics pourront relancer les ventes?", a-t-il interrogé.

Car, une fois le confinement terminé, le redémarrage sera très dur. "D'une part, les particuliers ne vont pas se précipiter en concession pour acheter une nouvelle voiture. D'autre part, les entreprises seront fragilisées et leur priorité ne sera surtout pas de changer de voitures. Donc tous les canaux seront à l'arrêt", estime cet expert.

"Il faut absolument, sans aucun compromis sur la santé de nos collaborateurs, qu'on se prépare au redémarrage de nos usines (...) probablement dans la deuxième moitié du mois d'avril", a par ailleurs estimé le patron de l'équipementier Valeo, Jacques Aschenbroich, sur BFM Business.

- Redémarrage des usines ? -

L'idée d'un redémarrage industriel, déjà formulée par PSA et Renault, se heurte pour l'instant à l'opposition des syndicats, mais des discussions sont en cours.

L'effondrement du marché automobile est mondial. L'agence de notation Moody's prévoit une chute de 14% cette année, alors que l'épidémie de Covid-19 touche toutes les grandes économies, dans le sillage de la Chine, paralysant à la fois les ventes et la production.

L'Europe occidentale devrait être la région la plus affectée avec une baisse du marché de 21%, devant les Etats-Unis (-15%), la Chine (-10%) et le Japon (-8%).

Dans ce contexte, les groupes français ont été touchés en mars comme tous leurs concurrents dans l'Hexagone. PSA (Peugeot, Citroën, DS, Opel) a vu ses immatriculations de voitures particulières neuves dégringoler (-73,4%), comme le groupe Renault (-71,6%), avec Dacia et Alpine, d'après les chiffres du CCFA.

Avec un marché à tel point amputé, les différences entre constructeurs ne sont cependant pas représentatives, "on ne peut pas les commenter", a expliqué M. Roudier.

En France, le groupe Volkswagen (avec Audi, Skoda, Seat, Porsche), premier importateur, a chuté de 78,9% en mars. Les spécialistes allemands du haut de gamme BMW (avec Mini) et Daimler (Mercedes) ont reculé respectivement de 61,8% et 73,8%.

Le groupe Hyundai (Kia) a connu un sort à peine moins catastrophique (-55,1%), tout comme Toyota (-57,9%). Les autres grands acteurs du marché, Ford (-80,1%), Fiat Chrysler (-82,5%), Nissan (-75,2%) ont complété le sombre tableau.

Les organisateurs du Mondial de l'auto, grand salon de l'automobile qui devait se tenir début octobre à Paris, avaient annoncé lundi son annulation "au regard de la gravité de la crise sanitaire sans précédent face à laquelle le secteur automobile (...) joue aujourd'hui sa survie".

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