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A Belgrade, la désolation des aires de jeux vidées de leurs enfants

Dans des aires de jeux vidées de leurs enfants à Belgrade, toboggans, balançoires et tourniquets sont condamnés par du ruban jaune, signe de l'étouffoir imposé par le nouveau coronavirus sur la vie des gens.

On dirait presque des scènes de crime de série télévisée. Entre deux tours grises, du ruban jaune est enroulé comme à la hâte autour de deux maisonnettes. Dans un parc désert, c'est du ruban bleu qui a été accroché mollement à des jeux en bois. Le ciel maussade est à l'unisson de la désolation qui se dégage des lieux.

Comme beaucoup de pays, la Serbie a pris des mesures restrictives pour lutter contre le nouveau coronavirus, qui a tué plus de 40.000 personnes dans le monde.

Après avoir dans un premier temps minimisé les dangers sanitaires, les autorités ont décrété l'état d'urgence le 15 mars. Conseillé par des spécialistes chinois, Belgrade a adopté au fil des jours toute une série de mesures coercitives, dont la fermeture des aires de jeux le 21 mars.

Les enfants privés d'école qui devaient déjà étudier entre quatre murs ont dû se mettre à jouer dans les mêmes conditions.

"C'est frustrant pour eux car ils peinent à comprendre pourquoi ils ne peuvent plus aller au parc", se lamente Dragana Nikolic, 32 ans, employée et mère de deux enfants âgés de 10 et sept ans, jointe au téléphone par l'AFP.

Jelena Markovic, 41 ans, économiste, fait contre mauvaise fortune bon coeur. "Autant la décision est dure pour nous parents, j'estime qu'elle est justifiée", dit-elle, expliquant compter sur les jeux vidéo pour distraire ses deux enfants de 12 et huit ans.

Le photographe de l'AFP Vladimir Živojinovic explique avoir été inspiré par les bandes en plastique. "J'ai trouvé leur aspect très intéressant, un petit cheval jaune enrubanné comme pour un cadeau. J'ai parcouru les aires de jeux pour rechercher les équipements attachés de manière intéressante".

"En marchant dans la ville vide, j'ai senti un tel silence, inhabituel pour une cité comme Belgrade", poursuit-il. "Au bout d'un moment, cela devient vraiment terrifiant car on sait (...) que les gens ne sont pas partis en vacances mais qu'ils sont enfermés chez eux et ont peur d'être contaminés".

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