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Marre de la TV? Levez la tête à la fenêtre pour voir nuages et étoiles

Collectionner les nuages le jour, repérer Vénus ou Orion la nuit : la physicienne Blandine Pluchet conseille aux confinés d'abandonner un moment la TV pour "prendre le temps de se pencher à la fenêtre", dans un entretien avec l'AFP.

"C'est de la contemplation, c'est plus lent que ce qu'on a l'habitude de regarder. C'est un bon moment pour lever la tête vers le ciel, et découvrir ce monde là que nous n'avons pas le temps de regarder quand on est toujours affairé", dit la scientifique de 41 ans qui a écrit plusieurs ouvrages de vulgarisation sur l'observation des ciels diurne et nocturne, l'astrophysique ou la physique quantique.

Confinée dans les Deux-Sèvres, elle conseille d'observer les nuages, "ces phénomènes atmosphériques éphémères" qui évoluent à différentes altitudes.

Tout en haut les cirrus "composés de cristaux de glace, en forme de filaments, très fins, très délicats". Plus bas, par beau temps, "le cumulus, formé par la condensation de l'humidité d'une masse d'air chaud qui monte et se refroidit, avec une base plate et une surface en forme de chou-fleur".

Et puis les stratus, "des nuages plutôt déprimants, qui couvrent le ciel en entier, pèsent sur le moral et amènent la pluie".

- "Comme une mer houleuse" -

"Ce qui peut être amusant, dit-elle, notamment pour les enfants, c'est de les collectionner, de regarder régulièrement au fil des jours et de les prendre en photo pour prendre conscience de leur diversité".

"On peut guetter des formes de nuages rares, comme le nuage Mamma dont des protubérances parsèment la face inférieure, faisant penser à des mamelles". Ou encore "l'Asperitas, sorte d'ondulation chaotique comme une mer houleuse" ou le Virga, avec "de petits filaments qui tombent d'un nuage, en fait la pluie qui s'évapore avant de toucher le sol".

Car, avec leurs noms latins, les nuages sont classifiés depuis le XIXe siècle, avec 11 espèces ajoutées en 2017, certaines liées à l'activité humaine.

Pour ceux qui ont des fenêtres à l'ouest, "j'invite à observer les différentes étapes du crépuscule, les couleurs changeantes jusqu'à ce moment qu'on appelle l'heure bleue, juste avant la nuit noire, quand apparaissent les premières étoiles".

"En ce moment, on peut observer à l'oeil nu, à l'ouest, la planète Vénus. On ne peut pas la rater. C'est l'astre qui brille le plus actuellement après la lune. Parce qu'elle est une des plus proches de nous et parce qu'elle est couverte de nuages qui reflètent la lumière du soleil. Puis pendant quelques jours, le croissant de lune se trouve à ses côtés le soir".

"Pour se repérer, il est facile de télécharger une carte du ciel sur internet", recommande-t-elle.

"En ce moment, les constellations intéressantes sont au sud-ouest, vers Vénus, celle d'Orion, une des plus belles du ciel d'hiver... avec un alignement de trois étoiles qui séparent deux trapèzes. Au sud, la constellation du Lion, immense trapèze écrasé; à l'Est, celle du Bouvier, en forme de cerf-volant avec l'étoile Arcturus que les Polynésiens utilisaient pour naviguer".

Elle suggère de "choisir un repère fixe, comme une cheminée, un mur ou un arbre, regarder les étoiles et revenir une heure plus tard pour se rendre compte que les étoiles, fixes les unes par rapport aux autres, se sont déplacées. En fait, c'est la terre qui a tourné".

Avec la pollution lumineuse de l'éclairage public et des boutiques, ces observations à l’œil nu sont difficiles dans les grandes villes.

"Le confinement pourrait être l'occasion d'arrêter un peu tous ces éclairages qui ne sont pas forcément nécessaires. On pourrait ainsi se réapproprier notre ciel nocturne, qui est une fenêtre sur l'univers", dit la scientifique.

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