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Le centre de crise défend la méthode belge de comptage des décès: les Pays-Bas, l'Italie et même l'Allemagne égratignés

La Belgique a l'un des taux de mortalité du coronavirus les plus élevés du monde, "similaire à certains pays du sud comme l'Italie ou l'Espagne par exemple", a rappelé Yves van Laethem, porte-parole francophone du centre de crise, ce matin lors de la conférence sur l'état de l'épidémie de coronavirus en Belgique. Si on regarde seulement les chiffres sans autre explication, on peut donc être amené à conclure que notre pays a été plus durement touché et qu'il a moins bien géré cette crise que de nombreux autres nations européennes. Mais, les différences sont d'abord à imputer à la manière de compter les décès, a répété aujourd'hui le centre de crise, comme il l'avait déjà affirmé il y a quelques semaines lorsque la population s'était interrogée sur les chiffres belges.

"La manière de définir un décès lié à Covid-19 n'est pas le même selon les pays. Dans certains pays, on ne dénombre que les cas qui décèdent à l'hôpital. Dans d'autres, on admet aussi les cas en maisons de repos mais sans prendre en compte les cas de décès suspects qui n'ont pas été testés", a rappelé Yves van Laethem.

"La Belgique a décidé de rassembler tous ces cas (NDLR: hôpital, maisons de repos, cas non testé mais suspect) dans ses déclarations de décès. C'est ce que recommande l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) à un point tel que la Belgique a été félicitée pour son suivi que les autres pays sont invités à effectuer", s'est enorgueilli le porte-parole.

Cela montre que notre manière de déclarer les choses est probablement, scientifiquement la plus adéquate et la plus honnête

Il est donc difficile de comparer les mortalités, conclut le centre de crise. Néanmoins, "il est intéressant de se pencher sur une étude du journal économique The Economist qui se penche sur la surmortalité dans différents pays à travers le monde. Cette surmortalité est mise en parallèle avec la mortalité officiellement liée au coronavirus" poursuiit Yves van Laethem alors que le graphique apparait à l'écran.

(SURMORTALITÉ: le nombre de morts supplémentaires par au nombre de morts moyen au cours des 5 dernières années).

"Que voit-on sur le graphique ci-dessous ? Pour de nombreux pays, la surmortalité globale est nettement plus importante que la mortalité du coronavirus", fait observer l'infectiologue.

Deux exemples:

- L'Italie a une surmortalité qui est le double de la mortalité déclarée du coronavirus.

- Les Pays-Bas ont aussi une mortalité globale deux fois plus importante que celle officiellement liée au coronavirus.

Par contre, les chiffres belges de surmortalité et de mortalité Covid-19 sont ceux qui sont les plus proches.

"Cela montre que notre manière de déclarer les choses est probablement, scientifiquement la plus adéquate et la plus honnête", affirme le porte-parole du centre de crise.

Concernant la propagation de la surmortalité en Europe, on peut voir qu'entre la 10e et la 17e semaine de cette année, la surmortalité d'Italie et d'Espagne remonte petit à petit vers le nord, jusqu'en Suède. Il y a eu clairement un effet tache d'huile à partir du sud e de l'Europe qui remonte vers le nord de l'Europe occidentale. La surmortalité est très importante lors de la 14e semaine. Ce pic de surmortalité a été limité grâce au confinement. Elle commence à baisser à la 16e semaine entre autre en Italie et en France puis en Espagne.

"Les chiffres pour l'Allemagne sont difficiles à évaluer car elle ne déclare la mortalité que dans une partie des ses Lander (NDLR: l'Allemagne est un état fédéral constitué de plusieurs Etats appelé Landers). On peut donc difficilement savoir quelle est la situation dans ce pays", estime le représentant du centre de crise.

Évolution de la surmortalité en Belgique


Une surmortalité significative est apparue en 12e semaine avec 269 décès supplémentaires et 11,8% d’excès de mortalité sur base des cinq dernières années. Elle a ensuite considérablement augmenté chaque semaine entre le 16 mars et le 12 avril avant de commencer à diminuer. Le pic de surmortalité est survenu quatre semaines après l’application des premières mesures de confinement. La surmortalité concerne particulièrement les personnes de plus de 65 ans, mais elle a également touché les autres tranches d'âge.

La surveillance de la mortalité basée uniquement sur le nombre de décès des cas confirmés COVID-19 ne pouvait que sous-estimer l’ampleur réelle de la mortalité liée au COVID-19 dans la population. Depuis la fin du mois d’avril, l’écart entre le nombre de décès "cas confirmés" et les décès "cas confirmés et possibles" diminue grâce au déploiement du dépistage en maisons de repos.

Comparaison de la mortalité du coronavirus et de la grippe saisonnière

La grippe saisonnière provoque aussi chaque hiver une surmortalité. Celle-ci varie d'une année à l'autre en fonction de la virulence de la maladie. Elle peut grimper jusqu'à 3000-4000 décès par an en Belgique. Le coronavirus a, lui, entraîné à ce jour environ le double de ces chiffres.

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