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Virus: Trump veut rouvrir les lieux de culte, l'Amérique latine nouveau creuset de la pandémie

Donald Trump a appelé vendredi à la réouverture immédiate des lieux de culte aux Etats-Unis, un nouveau signe de sa volonté de normalisation malgré l'épidémie de coronavirus qui poursuit ses ravages en Amérique latine, devenue pour l'Organisation mondiale de la santé le nouveau creuset de la pandémie.

Les églises, synagogues et mosquées sont "des lieux essentiels qui prodiguent des services indispensables", a affirmé le président américain, très populaire parmi les chrétiens évangéliques.

Il a exhorté les gouverneurs, qui ont autorité sur la reprise des activités, à les "rouvrir immédiatement".

Les 50 Etats américains ont entamé un déconfinement partiel et progressif, en conservant certaines restrictions sur les rassemblements pour freiner la propagation du virus, qui a fait près de 96.000 morts dans le pays.

Pour honorer la mémoire des victimes de la maladie Covid-19, les drapeaux ont été mis en berne jusqu'à dimanche dans le pays, officiellement le plus touché au monde par le coronavirus.

Mais c'est en Amérique du Sud que l'épidémie poursuit inexorablement sa progression. La région est "un nouvel épicentre", a estimé vendredi l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

"Nous voyons le nombre de cas augmenter dans de nombreux pays sud-américains (...) mais clairement le plus affecté à ce stade est le Brésil", a déclaré le responsable des situations d'urgence de l'OMS, Michael Ryan.

Selon l'organisation onusienne, le Brésil compte près de 300.000 cas et 19.000 morts pour 210 millions d'habitants, ce qui le place au troisième rang mondial pour le nombre de cas, derrière les Etats-Unis et la Russie. Le seuil des 21.000 morts a déjà été franchi, selon un comptage de l'AFP.

Avec des chiffres sans doute très sous-évalués, la pandémie a officiellement touché plus de 5,2 millions de personnes dans le monde. Elle a fait au moins 337.601 morts depuis son apparition en décembre en Chine, d'après un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles vendredi à 02H00 GMT.

- Pékin crie victoire -

L'épidémie se propage toujours dans certaines régions et reflue dans d'autres. Sans y dissiper les craintes d'une seconde vague.

Accusée par Washington d'avoir tardé à réagir et, selon Donald Trump, d'être responsable d'"une tuerie de masse mondiale", la Chine a proclamé sa victoire sur le coronavirus après avoir endigué l'épidémie.

"Nous avons obtenu une réussite stratégique majeure dans notre réponse au Covid-19", a clamé le Premier ministre chinois Li Keqiang à l'ouverture de la session plénière de l'Assemblée nationale populaire (ANP), grand-messe annuelle du pouvoir communiste.

Pour la première fois dans son histoire récente, Pékin a toutefois renoncé à fixer un objectif de croissance pour l'année en cours, faute de pouvoir chiffrer l'impact du coronavirus.

Autre fait inédit: l'économie chinoise, habituée aux records de croissance, s'est contractée de 6,8% au premier trimestre.

Devant 3.000 députés au visage masqué, M. Li a souligné "la tâche immense" qui restait à accomplir.

- "Mesure de réciprocité" -

L'Europe, où la pandémie a tué plus de 172.000 personnes, a entamé un lent retour à la normale, mais en multipliant les précautions, de crainte d'une résurgence.

L'Islande va rouvrir lundi ses discothèques, bars et salles de sport et le gouvernement français a fixé au 28 juin le second tour des élections municipales, sous réserve que les conditions sanitaires le permettent. Les électeurs devront porter un masque.

En Italie, une centaine de travailleurs agricoles étrangers est arrivée jeudi du Maroc pour ramasser fruits et légumes dans la péninsule et relancer l'agriculture paralysée depuis trois mois.

L'île de Chypre, très dépendante du tourisme, va rouvrir ses aéroports aux vols commerciaux en provenance d'une vingtaine de pays à partir du 9 juin.

Mais au Royaume-Uni, les voyageurs arrivant de l'étranger vont devoir se soumettre à une quarantaine de 14 jours. De rares exceptions sont prévues, mais pas pour les personnes venant de France, comme Londres et Paris l'avaient récemment laissé entendre.

Le gouvernement français, qui a déploré cette décision, a menacé Londres d'une "mesure de réciprocité".

Deuxième pays le plus affecté en nombre de cas, la Russie, soupçonnée de minimiser à dessein la mortalité liée au Covid-19, a dit s'attendre à une "hausse significative" de celle-ci en mai.

Le pays ne recense que les décès dont la cause première est le coronavirus, après autopsie, quand d'autres englobent la quasi-totalité des morts de patients testés positifs. Vendredi, il a fait état d'un nouveau record, avec 150 victimes en une seule journée.

La Grèce, elle, a prolongé jusqu'au 7 juin le confinement des camps, surpeuplés, de migrants, même si très peu de demandeurs d'asile ont été testés positifs à ce jour. Les défenseurs des droits humains ont appelé Athènes à "ne pas compromettre" leurs droits.

Selon le décompte établi par l'AFP, l'Afrique a officiellement franchi le cap des 100.000 cas de nouveau coronavirus, un seuil symbolique mais ne reflétant qu'une fraction de la réalité, par manque de capacités de dépistage dans de nombreux pays.

L'Afrique du Sud, pays le touché en Afrique subsaharienne, a passé vendredi soir le cap des 20.000 cas de contamination, pour un bilan de près de 400 morts, selon son ministre de la Santé Zweli Mkhize.

Mais selon les prévisions d'un groupe de scientifiques rendues publiques cette semaine, le coronavirus pourrait y infecter jusqu'à un million de personnes et y faire 40.000 morts d'ici à novembre.

- "Film d'horreur" -

L'Amérique latine craint que l'épidémie ait de terribles conséquences sur l'économie et l'emploi.

Cette année, la pandémie va créer 11,5 millions de chômeurs de plus dans cette partie du monde et l'économie s'y contracter de 5,3%, la pire récession depuis 1930, selon un rapport officiel publié jeudi.

Alors que le président brésilien Jair Bolsonaro insiste pour un retour au travail et un redémarrage de l'économie, les fossoyeurs intensifient les cadences dans les cimetières des grandes villes comme Sao Paulo. Selon des données officielles, le nombre de morts a doublé en seulement 11 jours dans le pays.

Au Pérou, deuxième pays le plus touché d'Amérique latine, le confinement a été prolongé dans tout le pays jusqu'au 30 juin. La plupart des hôpitaux de Lima sont au bord de la rupture.

"C'est comme un film d'horreur, l'intérieur de l'hôpital ressemble à un cimetière, les patients meurent sur les chaises, dans les fauteuils roulants", a raconté à l'AFP Miguel Armas, infirmier à l'hôpital Hipolito Unanue de Lima.

Autre pays lourdement frappé par le virus, l'Equateur a franchi vendredi le seuil des 3.000 morts et compte un total de 35.828 cas confirmés, selon le ministre de la Santé, Juan Carlos Zevallos.

Au Chili, où les décès ont augmenté de 29% en 24 heures, des habitants ont bravé le confinement ces derniers jours pour manifester et réclamer des aides alimentaires, sur fond d'explosion du chômage et de la faim dans les quartiers les plus pauvres.

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