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Culture: trois coups en vue, mais dans quelles conditions ?

Musées, monuments, salles de spectacle dès la semaine prochaine, avant les cinémas le 22 juin: les lieux culturels vont à leur tour débuter un déconfinement qui s'annonce comme un casse-tête pour le spectacle vivant.

Les musées et les monuments seront rouverts "à travers le territoire" à partir du 2 juin et le port du masque y sera obligatoire, a annoncé jeudi le Premier ministre.

"Dans les zones vertes, les salles de spectacle et les théâtres vont ouvrir à compter du 2 juin", a ajouté le Premier ministre, précisant que le port du masque sera là aussi obligatoire. "Je ne méconnais absolument pas la difficulté pratique de rouvrir ses équipements, dès lors que la programmation s'est trouvée perturbée, les répétitions n'ont pas pu intervenir", a admis le Premier Ministre.

"Mais le spectacle vivant ne fonctionne pas comme ça", a réagi auprès de l'AFP Malika Séguineau, du Prodiss, première organisation patronale du spectacle musical dans le privé.

"Il ne suffit pas d'appuyer sur un bouton. On nous a dit que c'était une situation de guerre mi-mars et toutes les programmations ont été annulées. Il n'y a plus de ventes de billets depuis mi-mars. Les grands artistes français ont reporté à 2021, de même que les artistes internationaux", a-t-elle souligné.

Même constat au théâtre: "Beaucoup de pièces ont été annulées, il ne suffit pas de rallumer les projecteurs", a renchéri Jean-Michel Ribes, directeur du Théâtre du Rond-Point sur BFM-TV.

Pour le Premier ministre, "si certains (exploitants de salles) peuvent (rouvrir) alors qu'ils le fassent, les règles de distanciation physique devront y être respectées par une organisation spécifique des places assises, une gestion des flux conforme au protocole sanitaire de ces espaces et le port du masque".

- "Pas viable" -

"La distanciation sociale, c'est l'anti-thèse de ce que nous voulons faire, rassembler les gens. Et ouvrir les salles de spectacles avec une jauge dégradée (amputée de sa capacité), ce n'est pas viable économiquement", déplore encore Malika Séguineau.

Le Prodiss avait fait part de ses souhaits dans un communiqué publié avant l'intervention du Premier ministre: "la réouverture des salles de spectacle sans distanciation, le maintien du chômage partiel à taux plein jusqu'en août 2021 (date basée sur le calendrier accordé aux intermittents, ndlr) et au regard des pertes des entreprises du secteur, qui ne pourront être absorbées avant 2027, une aide structurelle massive de 250 millions d'euros au titre du plan de sauvegarde".

"Plus de 50 % des entreprises du secteur sont en voie d'extinction et la perte de chiffres d'affaires pour les entreprises du secteur (salles, festivals, producteurs de spectacles) est estimée à 1,8 milliard d'euros", s'alarme encore le Prodiss.

"Les exploitants (de salles) devront proposer et garantir des règles d'usage adapté", a par ailleurs souligné Edouard Philippe.

Pour Malika Séguineau, c'est faire peser la responsabilité juridique des réouvertures sur les exploitants, "or ce ne sont pas des experts sanitaires". "C'est un peu du +débrouillez-vous+", juge la responsable du Prodiss, qui attend les décrets prévus ce week-end pour avoir "des réponses à toutes (ses) questions".

- "On trépigne" -

"Il y a enfin une lumière au bout du tunnel, enfin on se dit on va pouvoir rouvrir, refaire notre métier, même s'il y a encore des ambiguïtés... Car le 2 juin en zone verte, tous les théâtres peuvent ouvrir dans des conditions normales, où les spectateurs seront côte à côte ? Je ne pense pas", a commenté sur RTL Jean-Marc Dumontet, directeur de théâtres parisiens.

"Donc il y a des contraintes qu'on ne connaît pas", poursuit-il, même s'il veut retenir "un signal extrêmement fort, une impulsion".

Il s'est même dit "ému en entendant le Premier ministre qui nous donnait des perspectives, on en a besoin, on trépigne".

Pour les cinémas, la réouverture le 22 juin sera donc effective partout en France: "Les exploitants de cinéma eux-mêmes voulaient que la réouverture soit nationale de façon à pouvoir organiser la programmation des salles", a-t-il développé. Même si, là aussi, les conditions de cette réouverture et du respect de la distanciation restent à clarifier.

Les discothèques, en revanche, "dont l'essence même est de rassembler les gens dans un esprit festif, resteront fermées au public jusqu'au 21 juin au moins", a-t-il spécifié.

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