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Aux Buttes-Chaumont, les Parisiens goûtent "la liberté retrouvée" dans leur "jardin"

Grimper dans un arbre, lézarder au soleil, lire à l'ombre d'un chêne: au parc des Buttes-Chaumont, poumon vert de la capitale, les Parisiens ont savouré samedi les petits plaisirs d'une "liberté retrouvée", après avoir été privés de parcs et jardins pendant deux mois et demi.

Au bord de l'eau, Chantal Berthet et Michel Febvre jettent quelques miettes de pain à un canard. Depuis de longues semaines, ce couple de septuagénaires lorgnait sur le parc depuis sa fenêtre. "On n'avait qu'une envie, c'est de pouvoir rentrer", lâchent-ils.

Les deux retraités sont amoureux de ce parc à l'anglaise. Avec son temple perché, ses vallons sur 25 hectares et sa biodiversité surprenante - séquoias, violettes et orge sauvage y croisent mésanges, corneilles et quelques hérons cendrés -, "on a vraiment l'impression d'être dans la nature en plein Paris", résume Chantal.

De joie, elle en laisse tomber son masque sous le menton. "C'est bien la première fois depuis trois mois, normalement je le garde toujours sur le nez", sourit-elle, en appréciant ce "petit moment de liberté".

"Autoriser les gens à retourner dans le métro, mais pas dans les parcs, c'était inadapté", souffle celle qui se sait "à risque" face au nouveau coronavirus.

Un argument largement repris par la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui militait pour la réouverture des parcs de la capitale. Après trois semaines de bras de fer, le gouvernement a finalement donné son feu vert, trois jours avant le début officiel de la deuxième phase du déconfinement.

Sous le soleil printanier, les Buttes-Chaumont ont naturellement retrouvé le chassé-croisé des joggeurs en manque de verdure, des enfants surexcités et des amateurs de pique-nique. "On n'a jamais vu autant de monde aussi tôt", rit une trentenaire qui se prélasse dans l'herbe.

S'entraîner à l'équilibre, courir dans les herbes hautes, s'acheter une glace ou dessiner, chacun retrouve les plaisirs simples d'une vie que deux mois de confinement avaient presque effacés.

- "Chacun son gobelet" -

"Rouvrir les parcs et les terrasses (qui seront autorisées mardi à Paris, ndlr), c'est vraiment le symbole de la liberté retrouvée", savoure Cécile Roperh, 54 ans, en promenant son chien Biscotte.

Si les masques, dont le port est simplement "recommandé", sont plutôt rares, l'épidémie et le risque d'une deuxième vague restent dans tous les esprits.

A l'entrée du parc, un triporteur distribue du gel hydro-alcoolique. Les groupes s'espacent assez largement entre eux. En patrouille pour faire de la prévention, les agents municipaux ont bien peu à redire.

Charlotte (elle ne souhaite pas donner son nom) est assise à bonne distance d'un couple d'amis rencontré par hasard. Son fils Paul, pas encore un an, s'émerveille devant quelques brins d'herbe, qu'il porte à sa bouche.

"Les enfants, c'est difficile de les empêcher de pas lécher le sol", rigole la maman. "Mais je fais vraiment attention à la distanciation physique", explique cette formatrice en français langue étrangère, qui ne ressent pas le besoin de mettre un masque en plein air.

Elle a parfaitement compris que les parcs restent fermés le 11 mai au moment du déconfinement. "Juste avant le confinement, on était tous agglutinés aux Buttes-Chaumont", rappelle-t-elle. Les images du parc avaient été pointées du doigt par le gouvernement lors du week-end du premier tour des municipales.

"Je crois que tout le monde peut agir de manière responsable", tempère Camille Villegas. Allongé sur sa serviette, ce designer de 30 ans attend des amis pour un pique-nique. Depuis le déconfinement, pour les apéritifs, c'est "moins de 10 personnes, gel hydro-alcoolique et chacun son gobelet", explique-t-il.

Après deux mois confiné dans son petit appartement, il est juste "soulagé de retrouver (s)on jardin".

Sur les hauteurs du parc, Thomas Geneuil et trois de ses amis célèbrent la réouverture avec bière, prosecco et enceinte portable. "C'est incroyable d'enfin pouvoir revenir ici", lâche-t-il. Pour eux, qui habitent dans le quartier, il y avait urgence. "Ces trois dernières semaines, il y avait beaucoup de monde sur les terrains de pétanque autour, c'était vraiment difficile de respecter les distances."

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