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Coronavirus: quels sont les risques de reprise de l’épidémie cet été en Belgique?

Marius Gilbert, épidémiologiste à l’université libre de Bruxelles et membre du Groupe d’experts chargé de la stratégie de déconfinement (GEES), était l’invité de la matinale de Bel RTL. Interrogé par le journaliste Fabrice Grosfilley, il est revenu sur les dangers posés par les récents regroupements festifs de personnes et sur les risques de reprise de l’épidémie.

"Ce genre de rassemblements ne me surprend pas. Tout le monde a envie de reprendre une vie festive comme avant. En plus, on voit bien que la transmission est beaucoup plus basse. On est moins sous pression. Donc cela ne me surprend pas surtout pour des jeunes qui ont envie de faire la fête. Mais que ça puisse être de nature à relancer la transmission dans ces populations-là et par extension dans des populations plus âgées, oui c’est problématique. Ça reste un danger, parce que ce sont des événements dans lesquels il peut y avoir des événements de super contagion ou une personne peut en infecter un grand nombre. C’est pour ça que l’ensemble des mesures en général vise à éviter les circonstances dans lesquelles une personne peut en infecter beaucoup", a indiqué l’épidémiologiste.

Certains virologues, comme Marc Van Ranst, estiment que si ces événements se répètent, il faudrait rendre le masque obligatoire partout…

Je crois qu’il fait référence à autre chose. Il y a plusieurs phases dans cette épidémie. Il y a eu le lockdown qui a été cette mesure d’urgence qui a été prise à un moment où on n’avait pas le choix. Il n’y avait pas de masque, il fallait faire quelque chose pour interrompre le plus vite possible la transmission. Et puis, il y a toute cette phase de déconfinement où on reprend des activités normales. Et puis maintenant, si la transmission reprend, on verra cela dans les prochaines semaines, alors il faudra trouver autre chose, parce que personne ne veut aller vers le lockdown. C’est vrai que dans ce cadre-là les masques dans un tas de circonstances assez diversifiées peuvent vraiment offrir quelque chose qui permet d’avoir une vie la plus normale possible.

Cela veut dire qu’on pourrait passer au port du masque hautement recommandé à obligatoire?

Le problème si on rend le port du masque obligatoire, c’est que vous vous exposez à ce qu’on se retrouve à mettre des amendes à quelqu’un qui a oublié un masque, où on commence à pénaliser la question. C’est pour cela que fortement recommandé, on préfère cela. Quand c’est fortement recommandé dans un endroit, il y a le contrôle social qui s’exerce aussi.

C’est fortement recommandé dans les magasins et pourtant on voit de plus en plus que cela ne s’applique plus...

Je pense qu’on va aller vers ça comme mesure: un usage plus systématique des masques dans les magasins et dans toutes les circonstances où vous êtes à l’étroit avec d’autres personnes et où les possibilités de transmission sont difficiles à empêcher. Je pense que c’est un instrument vers lequel on va aller dans les prochaines semaines, parce qu’en fait il est assez souple à mettre en œuvre tout en maintenant, une vie un peu plus normale.

On a beaucoup parlé de deuxième vague, de vaguelette. Quelle est l’hypothèse la plus probable en Belgique?

Dans tous les modèles qui ont été conçus jusqu’à présent et ceux dont on s’est servis au GEES (Groupe d’experts en charge de la stratégie de sortie), si la transmission reprend suite à une reprise des activités, cela ne va pas être une reprise rapide. Cela ne va pas être quelque chose de brutal comme la première vague, cela va être graduellement le nombre de personnes infectées, hospitalisées qui redémarre lentement et qui laisse la possibilité d’intervenir. Mais si on n’intervient pas, si on ne prend pas des mesures de prévention au moment où ça redémarre, cette deuxième vague peut remonter et atteindre des chiffres plus importants.

Quid du secteur de la culture ? On pourra donner de bonnes nouvelles pour l’été, pour la rentrée.

Il y a une volonté d’augmenter le nombre de personnes qui peuvent être simultanément dans les lieux culturels. La demande du secteur, elle est claire, et il voit que toute une série d’activités reprenne et il voit aussi ce qui se passe dans les cafés, les restaurants et il ne comprend pas non plus qu’on interdise et qu’on ait des mesures aussi strictes pour un secteur qui en a bien besoin…

Donc 200 personnes maximum dans les lieux culturels, cela pourrait être assoupli dans le courant de l’été

Cela pourrait être assoupli dans le courant de l’été. Il y a une modulation sur le plein air et l’intérieur, parce que le plein air est moins problématique au niveau de la transmission puisqu’il y a cette ventilation naturelle qui rend les choses plus simples. Là aussi en combinaison avec certaines recommandations de port du masque, on peut aussi avoir des choses qui permettent d’assouplir.

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