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Brésil: déforestation record de l'Amazonie au premier semestre

La déforestation de l'Amazonie, la plus grande forêt tropicale au monde, a atteint un record après une hausse semestrielle de 25%, a annoncé vendredi un institut brésilien en ce début de saison sèche qui va marquer la reprise des incendies.

La déforestation de la partie brésilienne de l'Amazonie, soit 60% de la forêt, a touché 3.069 km2, le chiffre le plus élevé depuis la compilation de ces données, a annoncé l'Institut National des recherches spatiales (INPE). Cela représente une hausse de 25% par par rapport à la période de janvier à juin 2019.

Quant au seul mois de juin, qui marque le début d'une saison sèche s'étendant jusqu'en octobre, il a lui aussi été marqué par un record avec 1.034 km2 déboisés (+ 11%), selon les données de l'INPE recueillies par satellite.

La déforestation est principalement provoquée par les coupes illégales pour l'industrie du bois, l'extraction minière et les activités agricoles: cultures, et pour une très grande part, élevage bovin.

Les données de l'INPE font état, pour chaque mois depuis janvier, d'une hausse de la déforestation par rapport au même mois de l'an dernier, en dépit d'une présence militaire en Amazonie et des pressions internationales en défense de la forêt.

"L'année dernière les courbes de (la déforestation) se sont envolées, et cela ne devait pas se répéter", a déclaré à l'AFP Mariana Napolitano, de WWF-Brésil, le Fonds mondial pour la nature.

Mais "non seulement cela se répète, mais c'est pire, en dépit de la présence militaire dans la région".

Le président Jair Bolsonaro avait décrété en mai l'envoi de troupes en Amazonie et devrait, la semaine prochaine, interdire les brûlis agricoles pendant les quatre mois qui couvrent la saison sèche, a indiqué jeudi son cabinet.

- "Voir des résultats" -

Le Brésil est la cible de critiques et de pressions constantes de la part de nombreux pays et des défenseurs de l'environnement pour la déforestation et les incendies à grande échelle qui ravagent chaque année la forêt, deux fléaux qui se conjuguent.

Le mois de juin a été le pire en 13 ans également pour les incendies de forêt, avec 2.248 foyers recensés, une hausse de 19,5% par rapport à juin 2019.

Les incendies qui avaient fait partir en fumée l'an dernier de vastes régions d'Amazonie avaient déclenché une forte émotion à l'étranger et de virulentes passes d'armes entre le président Jair Bolsonaro, un climato-sceptique, et plusieurs capitales occidentales.

La préservation de l'Amazonie est essentielle pour le maintien de l'équilibre écologique de la planète et du mode de vie des populations indigènes qui y vivent.

Le président Bolsonaro, qui n'a jamais affiché de préoccupation pour l'environnement, a indiqué à plusieurs reprises qu'il comptait ouvrir les territoires indigènes et des réserves naturelles protégées aux activités minières ou agricoles -- celles qui favorisent le plus le déboisement.

Le vice-président du Brésil, Hamilton Mourao, a révélé jeudi que les représentants de fonds d'investissement internationaux avaient conditionné leur participation à des projets de protection de l'environnement à des "résultats" dans le combat contre la déforestation.

"À aucun moment ils se sont engagés à apporter des fonds, ils veulent voir des résultats, une réduction de la déforestation", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visioconférence avec les investisseurs.

Fin juin, des fonds d'investissement d'Europe, d'Asie et d'Amérique du Sud pesant plus de 4 milliards de dollars avaient menacé dans une lettre ouverte à Jair Bolsonaro de retirer leurs investissements au Brésil si le gouvernement ne parvenait pas à contenir la destruction de la forêt amazonienne.

"Ce n'est pas vrai qu'on détruit la forêt pour produire des aliments", a affirmé le vice-président, qui coordonne le Conseil national de l'Amazonie.

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