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Une région suisse en zone rouge et des couacs avec la France: "surprenant" pour ce spécialiste, qui réclame une coordination européenne

Les Affaires étrangères belges ont apporté des modifications ce samedi à la liste des zones oranges et rouges pour les voyages. Des couacs sont survenus concernant le Pas-de-Calais en France (voir notre article via le lien ci-dessous). La Belgique a aussi placé la région lémanique en zone rouge, ce qui a provoqué une réaction très virulente de la Suisse. Des représentants suisses dénoncent une "décision incompréhensible et choquante". Rappelons encore qu'il y a quelques semaines, un énorme couac était survenu lorsque les Affaires étrangères belges avaient annoncé qu'il était possible d'aller en France, alors même que nos voisins n'avaient pas autorisé l'accès à son territoire.

Le spécialiste des maladies infectieuses de l'UCL et chef de clinique Jean-Luc Gala était l'invité de notre RTL INFO 19H ce dimanche. Notre journaliste Simon François l'a interrogé sur cette question des zones définies comme oranges ou rouges en Europe.

Simon François: Quel est votre sentiment quand vous voyez tous ces cafouillages autour des recommandations de voyages?

Jean-Luc Gala: Tout d'abord, je pense que pour la détermination des zones, cela montre qu'une coordination européenne serait vraiment nécessaire. Celle-ci fait cruellement défaut. Elle fait défaut depuis le début. Elle fait défaut parce qu'en matière de santé comme en matière de défense d'ailleurs, même si les deux choses sont complètement différentes, c'est la souveraineté des Etats qui compte. Cette situation et cet apparent cafouillage montrent que ce serait vraiment très intéressant d'avoir une coordination européenne tant sur l'ouverture et la fermeture des frontières, que sur la codification en codes couleurs des zones à risque. Parce que ça, c'est une capacité qu'a l'Europe avec son centre des maladies infectieuses d'avoir cette cartographie épidémiologique. De recevoir, et il les reçoit d'ailleurs, les informations de chaque pays et d'uniformiser les codes en fonction de la gravité de la situation. Ce qui n'est pas le cas. Et donc chaque pays y va un petit peu de sa recommandation, mais on voit que ça pose problème pour tout le monde.

Simon François: On a parlé de la Suisse. Elle a apparemment une situation épidémiologique moins grave que la Belgique, et pourtant elle est en zone rouge. Ça veut dire que la Belgique aussi devrait être en zone rouge?

Jean-Luc Gala: Ça veut dire que la Belgique a considéré une zone rouge alors que le pays lui-même ne l'a pas fait. Ce qui pose problème parce que normalement les zones rouges sont définies par les pays concernés. Ils confinent et isolent la région, la ville, les localités concernées. Et cette recommandation est prise par les autres pays et transmise à leur population pour éviter des voyages en zone rouge. Mais il est assez exceptionnel qu'un pays décrète vis-à-vis d'un autre pays ce qu'est une zone rouge. En principe, c'est le pays considéré qui connaît le mieux sa situation épidémiologique et qui est en mesure de définir ce qu'est ou n'est pas une zone rouge. C'est vrai qu'ici c'est un peu surprenant, maintenant on peut toujours trouver des explications à tout. Il est vrai que dans certaines zones de la Suisse considérées par la Belgique comme zones rouges, ce sont des zones touristiques. Et donc probablement qu'il y a cette volonté de prévenir le retour de vacanciers et d'éviter de rajouter un risque au risque actuel. Mais ça, ce sont des supputations, et ce n'est peut-être pas comme ça qu'il faudrait que ça soit normalement.

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