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Faut-il imposer le masque partout sur les lieux de travail, comme en France? La réponse de l'experte Frédérique Jacobs

La question du port du masque élargi dans les entreprises se pose après la prise de mesure chez nos voisins français. Le masque y devient obligatoire en entreprise dans tous les espaces clos et partagés, sont aussi compris les "open space" donc les espaces de travail collectifs, ou les plateaux ouverts.

Chez nous, certains experts plaident pour faire de même. Et dans une étude de l'Université d'Anvers relayée dans le journal l'Echo ce matin, 40% des personnes contaminées cet été pensent avoir contracté le virus au travail.

Frédérique Jacobs, la porte-parole interfédérale de la lutte contre le coronavirus, a donné son avis argumenté ce matin sur Bel RTL et elle a insisté sur l’importance d’expliquer les risques encourus.

"En France, ils ont énormément de foyers de contaminations, ils sont à plus de 270 et ils se sont rendus compte qu’un quart de ces foyers était lié au lieu de travail. Effectivement, chez nous c’est probablement le même problème mais les règles restent les mêmes que vous soyez à l’extérieur de l’habitation ou dans les lieux de travail, vous devez respecter une distance d’un mètre 50, ne pas être dans des endroits clos et mal ventilés et effectivement, le masque reste indispensable si vous avez des contacts rapprochés, donc il n’y a pas de raison que ce soit différent dans les entreprises, le lieu de travail qu’à l’extérieur de l’habitation."

Certaines situations sont plus à risque

Elle prend l’exemple de l’hôpital : "On sait par exemple que le risque y est relativement faible si vous vous occupez d’un patient contaminé parce que vous prenez toutes les précautions. Le risque est surtout en dehors des chambres des patients, quand vous discutez entre collègues, quand vous avez des réunions ou vous avez des pauses ou des rapports entre infirmières etc. concernant les patients, c’est là le gros risque et c’est la même chose dans les autres lieux de travail. Le masque est d’ailleurs déjà imposé dans la plupart des hôpitaux", explique l'infectiologue.

Et dans les autres lieux de travail, faut-il aussi l’imposer?

"Je pense qu’il faut d’abord bien expliquer, parce qu’une mesure qui n’est pas comprise n’est pas suivie et en général, les gens ne sont pas d’accord. Il faut bien expliquer que c’est vraiment un risque dès que vous êtes proche de quelqu’un à moins d’un mètre 50, de manière plus ou moins prolongée. Je pense qu’il faut que les entreprises organisent le lieu de travail, qu’il y ait suffisamment d’espace, que ce soit bien ventilé et qu’effectivement on invite fortement les personnes à porter un masque. C’est un peu comme une ceinture de sécurité dans une voiture. C’est vrai que c’était embêtant au départ, il y a eu beaucoup de révolte, on ne voulait pas c’était une entrave à la liberté, quand on s’est rendu compte que ça protégeait des vies, que ça sauvait des vies, c’est devenu une routine. Et le masque doit devenir une routine, c’est votre ceinture de sécurité contre le virus et on sait qu’à un moment donné ça fait partie intégrante de soi et c’est quand on n’a pas le masque qu’on se sent un petit peu démuni. Mais c’est vrai qu’il y a une période d’adaptation à ce masque qui n’est pas toujours facile", souligne Frédérique Jacobs.

Du côté de l’Union des classes moyennes, on estime également que ce n’est pas nécessaire de l’imposer partout.

"Ce n’est pas a priori dans les entreprises qu’on connait le plus haut taux de contamination et de toute manière certaines entreprises ont prévu le port du masque parce que ce guide, qu’il soit générique ou sectoriel, prévoyait déjà que les distanciations sociales n’étaient pas possibles à respecter. Le port du masque était, non pas obligatoire, mais recommandé. Et donc on n’a vraiment pas besoin d’avoir une imposition du CNS sur ce sujet", estime Arnaud Deplae, secrétaire général de l’union des classes moyennes.

Mais certains experts estiment qu’avec la fin des vacances, il n'y aura plus de travailleurs dans les entreprises et donc plus de risques.

"Il y aura moins de télétravail et donc plus de gens dans les open spaces, donc dans des lieux à forte promiscuité professionnelle et là, malheureusement, avec les transmissions qui vont réaugmenter en automne-hiver, le port du masque sera vraiment une mesure de protection individuelle, et des autres, vraiment efficace en entreprise", déclare Yves Coppieters, épidémiologiste et professeur de santé publique à l’ULB.

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